par Luc Le Vaillant publié le 28 février 2023
«Les nouvelles sont mauvaises d’où qu’elles viennent», chantait Stephan Eicher à la lointaine époque où l’actualité ne se débitait pas encore en breaking news et en pugilats servis sur un plateau. Rien ne s’est amélioré, au contraire. Et il est de moins en moins possible de déjeuner en paix.
Les informations morbides recouvrent la quotidienneté de chacun d’une maille de fer comme on en voit parfois aux façades des bâtiments, armure et masque à la fois. Les alertes, notifications et autres «pushs» sont des aiguilles rougies enfoncées sous les ongles de l’indifférence et de la désinvolture. Ce sont aussi des électrochocs qui lobotomisent le sens des proportions et la tentative de déconnexion, la hiérarchie des priorités et la capacité à ne pas jouer les affligés moutonniers. Résultat, devant son granola et ses graines de chia, chacun se sent comme un combattant de MMA et se fait tataner dans sa cage de Faraday par du drame et du pathos, de la désolation et de l’indignation, de la distraction et de la divagation.