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Articles, témoignages, infos sur la psychiatrie, la psychanalyse, la clinique, etc.

jeudi 21 juillet 2011

Clémence Thébaut, chef de projet à la Haute Autorité de santé (HAS)

Santé : "Il faut améliorer l'accès aux pratiques non médicamenteuses"

07.06.11
Et si l'alimentation figurait au menu des prescriptions des médecins ?
Et si l'alimentation figurait au menu des prescriptions des médecins ?AFP/FRANCOIS GUILLOT

Dans un rapport intitulé "Développement de la prescription de thérapeutiques non médicamenteuses validées", remis mardi 7 juin, la Haute Autorité de santé (HAS) fait le point sur les freins au développement de ce type de prescriptions et sur les pistes à apporter. Ce rapport a été réalisé à la demande de la direction de la Sécurité sociale. De nombreuses études montrent les effets de l'alimentation et du sport sur la santé, tandis que le stress joue un rôle négatif. Clémence Thébaut, chef de projet à la HAS, qui a piloté ce rapport, répond à nos questions.
La France est championne d'Europe du médicament, quels freins avez-vous identifié au développement de thérapeutiques non médicamenteuses que sont la psychothérapie, l'alimentation, l'activité physique… ?

Les freins sont de plusieurs ordres. Ils sont d'abord de nature culturelle et sociétale. La valeur symbolique attachée à la représentation du médicament est forte, de même que celle liée à la rédaction de l'ordonnance, qui clôt la plupart du temps une consultation.

Les freins sont aussi économiques. La rémunération actuelle des médecins, avec un paiement à l'acte, n'incite pas les médecins à consacrer du temps à leur patient.

Le manque d'information est aussi mis en avant du côté des médecins, tant sur la nature de ces thérapeutiques que sur les compétences des professionnels spécialisés dans leur suivi (psychothérapeutes, diététiciens, kinésithérapeutes…).

Pour y répondre, la HAS propose la mise en place d'annuaires pluridisciplinaires et des rencontres au niveau local pour développer les connaissances entre les spécialités.

Justement, quelles pistes proposez-vous ?

Elles sont là aussi de différentes natures. Au niveau de l'organisation du système de santé, de nouveaux modes de rémunération des médecins doivent être étudiés, afin qu'ils soient incités à prendre le temps. Convaincre de l'intérêt thérapeutique de ces pratiques est une démarche de long terme. Il faut aussi améliorer l'information des médecins. Elle est pour une bonne part fournie par l'industrie pharmaceutique. Les médecins doivent être mieux formés aux recommandations sur les thérapeutiques non médicamenteuses. Il faut aussi améliorer l'accès de la population à ces pratiques, au niveau géographique…

Il s'agit finalement de modifier le regard de la collectivité sur le traitement. Autre piste, inscrire sur l'ordonnance les prescriptions en matière de pratiques non médicamenteuses au même titre que les médicaments.

Pensez-vous qu'un financement serait possible un jour par l'assurance-maladie, les mutuelles ?

Il faudrait approfondir les études sur l'efficacité de ces thérapeutiques. Par exemple, pour l'insomnie, il faudrait déterminer quels sont les traitements psychologiques les plus efficaces selon le type de patient… comme la HAS le fait à chaque fois lorsqu'elle évalue une stratégie de santé. Un avis pourrait ensuite être rendu sur l'intérêt de ces pratiques et sur le fait qu'elles méritent ou non une prise en charge collective, donc un financement par l'assurance-maladie. L'aspect financier peut en effet être un frein important pour la population.
Pascale Santi

Les Livres de Psychanalyse

Le débat sur la psychanalyse dans la crise en France [Tomes 1 et 2]
Emile Jalley

9782296561823r
Juin 2011 – L’harmattan
Tome 1 : Onfray, Janet, Reich, Sartre, Politzer, etc.Tome 2 : (In)culture, (dé)formation, aliénation.

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Des Français développent une imagerie fonctionnelle du cerveau de nouvelle génération
08/07/2011

© CNRS

Mickael Tanter et coll.* présentent l’article princeps sur une nouvelle technique d’imagerie qui dépasse l’IRM fonctionnelle en sensibilité et en résolution : le « fUltrasound » ou imagerie fonctionnelle par ultrasons du cerveau. Elle permet de visualiser en temps réel l’afflux du sang dans une région activée du cerveau.

Suivre en direct le développement d’une crise d’épilepsie dans un cerveau à partir d’un foyer ne fait plus partie de la science-fiction. C’est possible chez l’animal et devrait bientôt l’être chez les humains. Et les possibilités de suivre le développement du langage ou de voir comment le fœtus pense devraient suivre de peu.

Le « fUltrasound », développé par les chercheurs français, offre la possibilité d’observer les tout petits vaisseaux du cerveau et donc de visualiser finement l’activité cérébrale. Pour augmenter la sensibilité de l’écho-Doppler conventionnelle, les chercheurs ont développé une imagerie ultrarapide, capable de mesurer les mouvements du sang sur l’ensemble du cerveau plusieurs milliers de fois par seconde (contre quelques dizaines de fois jusqu’alors). Ce qui permet de détecter le flux dans de très petits vaisseaux, dont les variations subtiles sont liées à l’activité cérébrale.

Les travaux préliminaires sont très intéressants et impressionnants. Des membres de l’équipe ont filmé en temps réel la réponse du cortex cérébral lorsqu’on stimule les moustaches (vibrisses) d’un rongeur. Un afflux sanguin apparaît très nettement au niveau du cortex somatosensoriel, témoignant de l’activité de la zone.

Les chercheurs ont également filmé une crise d’épilepsie qui se propage à partir d’un foyer et gagne l’ensemble du cerveau d’un rat. « Nous avons maintenant le moyen de localiser un foyer », témoigne Mickael Tanter, ce qui n’était pas le cas antérieurement. « Nous espérons tester la méthode chez les nourrissons dans l’année qui vient. » En effet, pour l’instant ce type d’imagerie ne peut être appliqué à l’adulte en raison de l’épaisseur de l’os. Mais chez le nourrisson, la fontanelle offre une bonne proximité entre la barrette échographique qui délivre les ultrasons et le cerveau. Elle peut aussi être utilisée en peropératoire chez un patient trépané, pour étudier, par exemple, un foyer épileptique.

Cette imagerie fonctionnelle du cerveau par ultrasons va aussi intéresser la recherche en neurosciences.
Dr BÉATRICE VUAILLE

* CNRS/INSERM, équipe « Physique des ondes pour la médecine », dans « Nature Methods », juillet 2011.

dimanche 17 juillet 2011


Dans Louise, elle est folle, la pièce de théâtre qu’elle a créée à la Maison de Poésie, à Paris, en mars 2011, l’écrivain Leslie Kaplan questionne le langage, la norme, et la folie.
le sommaire de l'émission ›

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2 diffusions de Fol été sont disponibles à l'écoute


Visiblement, je vous aime

du 03/07/2011

Des obsessions, des rites, des bizarreries, et un grand mystère : la folie. C’est à cette question que s’est intéressé le réalisateur Jean-Michel Carré en 1995, dans Visiblement je vous aime

l'émission

Peut-on parler de la folie et de la psychiatrie autrement qu’à travers des faits divers tragiques et des reportages sur les Unités pour Malades Difficiles ?

En tout cas, c’est l’ambition de cette série de neuf émissions que propose Hélène Delye et qui explore, sans drame et sans tabou, le thème de la folie en compagnie de ceux qui la côtoient de près ou l’ont approchée. Pourquoi la folie fait-elle peur autant qu’elle fascine et qu’elle nourrit les fantasmes de chacun ? Ne fait-elle pas partie de chacun de nous ?


Parler de la folie, c’est aussi donner une vision du monde et de l’être humain extraite de la norme et de certains codes. Car la folie, et certains fous, peuvent nous faire deviner le caractère aliénant de la norme et le potentiel poétique et stimulant de l’hors-normes. C’est ce basculement mystérieux qui sera au coeur de cette émission.


L’émission d’Hélène Delye s’articulera autour d’un dialogue avec un « grand témoin » (artiste, intellectuel..), qui par son oeuvre, sa démarche ou son parcours personnel a choisi de s’intéresser à la question de la folie avec en contrepoint les témoignages des patients du Centre Antonin Artaud de Reims.
Délirante loi sur les soins sans consentement
12/07/2011

Par les docteurs Daniel Zagury et Gilles Vidon Psychiatres des hôpitaux

Nous l’avons suffisamment répété, la loi sur les soins sans consentement en psychiatrie, qui vient d’être votée par le Parlement, est rigoureusement inapplicable en l’état. La plus grande difficulté concerne le rôle du juge des libertés et de la détention : il doit voir tous les patients dans les dix jours de leur admission pour s’assurer du bien-fondé et de la légalité des hospitalisations sans consentement (70 000 à 80 000 hospitalisations par an). Les assemblées ont laissé ouvertes trois possibilités : l’audience au tribunal, l’audience par visioconférence et l’audience à l’hôpital dans une salle dédiée.

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Signature du premier protocole de coopération entre infirmières et médecins

Le personnel infirmier de l’Institut de cancérologie Paoli-Calmettes à Marseille va pouvoir effectuer des myélogrammes (prélèvement et examen de la moelle osseuse), jusque-là réservées aux oncologues, grâce à un accord de coopération inédit. Le directeur général de l’Agence régionale de santé (ARS) de Provence-Alpes-Côte-d’Azur, Dominique Deroubaix, a en effet arrêté le 13 juillet ce protocole, réalisé en partenariat avec la Haute Autorité de santé et à l’initiative de l’Institut Paoli-Calmettes.

Il permet donc aux infirmières de pratiquer des prélèvements de moelle osseuse au même titre que les oncologues, par dérogation aux conditions légales d’exercices et après formation théorique et compagnonnage. Selon un communiqué de l’ARS, « ce protocole améliore la qualité des soins » : les infirmières développent leurs compétences, et soulagent les médecins qui se consacreront davantage au suivi de leurs patients. Ces derniers ne seront convoqués qu’une seule fois en consultation.

Les infirmiers ayant 3 ans de pratique en onco-hématologie à leur actif peuvent prétendre à la formation. Elle consiste en un enseignement théorique de 8 heures, assuré par un hématologiste, un anesthésiste et un biologiste, et d’une formation pratique, sous la forme d’un compagnonnage. Elle commencera à l’Institut Paoli-Calmettes à la rentrée avec 5 infirmiers.

« Ce protocole est de portée nationale, il peut être repris dans toutes les régions qui le souhaiteraient »
, rappelle l’ARS PACA.
› COLINE GARRÉ

Des fous pas si furieux

Analyse

Un rapport dévoilé jeudi va à l’encontre des clichés sur la dangerosité des malades mentaux.
Par ERIC FAVEREAU

Un patient sur un banc dans la cour de l'hôpital psychiatrique Saint-Jean de Dieu à Lyon, le 17 décembre 2006 (AFP Jean-Philippe Ksiazek)

La Haute Autorité de santé (HAS) est bonne fille. Elle, qui est censée faire des choix en matière de santé, a eu la délicatesse de ne rendre public que jeudi son rapport sur la question de la «dangerosité chez les malades mentaux». Soit deux jours après la promulgation de la nouvelle loi sur l’enfermement sous contrainte. Bizarre, non ? D’autant que ledit rapport, pourtant terminé depuis mars, fait un point, honnête et documenté, sur cette question. Et, au final, prend le contre-pied des clichés établissant une sorte d’équation entre fou et dangereux, clichés qui ont fortement inspiré le texte de loi sur la psychiatrie.

«Exceptionnel».
«C’est honteux ce que l’on a pu entendre ces derniers mois, a rappelé, jeudi, Claude Finkelstein, présidente de la Fédération des associations de malades mentaux. A chaque fait divers, on pouvait lire : "Un schizophrène a tué." Comme s’il y avait un lien automatique. Personne n’oserait écrire : "Un Noir a tué." Mais, là, cela ne choque personne.» Une colère que les chiffres du rapport rendent légitime. La Haute Autorité a recensé toutes les études sur ces questions. «Dans les études internationales disponibles, les individus souffrant de troubles mentaux graves sont 4 à 7 fois plus souvent auteurs de violences que les individus sans trouble mental, mais ils ne sont que rarement auteurs d’actes de violence grave : environ un homicide sur 20 actes de violence, voire un homicide sur 50 [soit de 2 à 5 % des homicides, ndlr].» En France, on estime que 1% de la population souffrirait de troubles schizophréniques et 1% de troubles bipolaires. Ces personnes seraient à l’origine de 3 à 5% des cas de violence.

«C’est le premier constat qu’il faut répéter : le passage à l’acte violent chez un malade reste exceptionnel,
explique le professeur Jean-Louis Senon, psychiatre à Poitiers, et qui a présidé les auditions à la base du travail de la HAS. Ce n’est ni la règle ni l’habitude. Pour les agressions sexuelles, les malades mentaux sont même très peu représentés : moins de 5%.» Comme le notent d’autres études, les malades mentaux sont bien plus victimes qu’acteurs. «Ils subissent de 7 à 17 fois plus d’actes violents que la population générale»,insiste le professeur Senon.

Même si ces actes violents sont marginaux, ils existent. Et les données indiquent que, proportionnellement, les malades mentaux commettent plus de violence qu’un citoyen lambda. Mais est-ce si automatique que cela ? Ces actes violents sont-ils liés aux troubles mentaux ou à d’autres éléments ? Le professeur Senon met en avant une série de facteurs de risque, comme le sexe (ce sont surtout des hommes), l’âge (ils ont plutôt moins de 40 ans), mais aussi la précarisation de leur situation, les difficultés d’insertion sociale et, surtout, la consommation d’alcool ou de drogues. Plus éclairant encore, la rupture dans la continuité des soins est un facteur de risque majeur. «C’est bien souvent dans les semaines qui ont suivi une hospitalisation que le risque est le plus élevé, surtout quand la prise en charge est peu suivie»,note ce psychiatre. Exemple : dans le cap des vingt semaines après la sortie de l’hôpital, il y a quatre fois plus de risques qu’un malade commette un acte violent lorsqu’il est vu seulement une fois par mois en consultation, et non pas une fois par semaine. Comme si, en somme, la violence venait plus d’un déficit de lien thérapeutique que de la maladie elle-même.

«Il faut revenir à la clinique»,
insiste Jean-Louis Senon. C’est-à-dire le soin, l’hospitalité, la prise en charge. «Il faut observer et être très attentif», martèle le rapport de la HAS, qui note que des signes d’alerte existent et qu’il faut savoir les repérer.

Paranoïde.
Le rapport énumère ces signaux : «En cas de troubles schizophréniques, les équipes soignantes doivent être attentives à des signes cliniques d’alerte tels qu’un délire paranoïde avec injonction hallucinatoire, des idées délirantes de persécution avec dénonciation d’une personne considérée comme persécutant le malade, etc. Et bien sûr, une consommation importante d’alcool ou de substances psychoactives.» Les déprimés peuvent être aussi violents. «Les équipes soignantes doivent être vigilantes à des signes tels que l’importance de la douleur morale, des idées de ruine, d’indignité, etc., mais aussi un sentiment d’injustice ou de blessure narcissique.»

Comme le note la HAS, ces signaux peuvent être repérés par l’entourage familial, par les équipes soignantes voire par les patients eux-mêmes. «Etre attentif et à l’écoute des proches permet souvent de désamorcer un possible passage à l’acte violent», conclut sans ambiguïté le rapport. «Si les députés avaient vu le rapport, ils n’auraient jamais voté ce texte de loi qui ne préconise que l’enfermement», déplore Claude Finkelstein.
 Ordre infirmier : 7 syndicats demandent la mort  de l'ordre infirmier
13/07/2011
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La CFDT, la CFTC, la CGT, FO, le SNICS-FSU, SUD et l’UNSA viennent d’adresser un courrier commun au ministre de la Santé, Xavier Bertrand, pour rejeter tous ensemble l’Ordre infirmier.

« Nos organisations continuent de demander l’abrogation des lois et décrets instituant l’Ordre national infirmier »
, écrivent les sept syndicats qui répètent que « pour répondre aux besoins de représentation et de réflexion sur la profession infirmière, il faut renforcer les pouvoirs du Haut Conseil des professions paramédicales ».

Pour les syndicats contestataires, la situation est aujourd’hui « dans une impasse ». Ils accusent : « Le déficit financier de la structure renvoie à la population hospitalière l’image désastreuse d’un gaspillage de fonds qui seront in fine pris en charge par l’État compte tenu de sa responsabilité dans la création de celui-ci » et « plus aucun infirmier ne peut penser sérieusement que l’Ordre national infirmier le représente ».
› K. P.
Libye - MSF participe à la mise en place d’un réseau de soins psychologiques à Misrata
13 juillet 2011

MSF aide à la création d’un réseau d’une trentaine de psychologues locaux dans le cadre de ses projets de soutien médical à Misrata, théâtre de violents combats depuis plus de trois mois.
soutien en Libye d'un réseau d'une trentaine de psy à Misrata assiégé
Consultation menée par un psychologue
MSF à Misrata
© Eddy McCall/MSF

Dans un pays n'ayant pas connu la guerre depuis plus de quatre décennies, qui dispose de peu de psychiatres et où la psychologie est un aspect souvent négligé et sous-évalué de la santé mentale, MSF se concentre sur l’aide à la mise en place d’un réseau de psychologues locaux s’adressant à la fois aux patients recevant un traitement dans des principaux centres de santé de la ville, ainsi qu’aux personnes n’ayant pas accès au système de soins.

« Avant la guerre, il n’existait rien d’autre que des services de psychologie destinés aux enfants de Misrata. Même la psychiatrie n'y était pas réellement proposée », explique Elias Abi-Aad, psychologue à MSF. Les gens ne disposaient d’aucune expérience en psychologie clinique, encore moins pour les traumatismes liés à la guerre et les troubles de santé mentale. »  

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Une étude pointe le silence entourant les violences domestiques


Une femme fait une déposition dans un commissariat, après avoir été victime de violences conjugales.
Une femme fait une déposition dans un commissariat, après avoir été victime de violences conjugales.
GAMMA/REY JEAN-PIERRE

U
ne étude de l'Observatoire national de la délinquance et des réponses pénales, publiée mardi 12 juillet dans la soirée, souligne la fréquence des violences physiques ou sexuelles au sein des ménages. Ces violences touchent en majorité les femmes, mais peu de victimes en parlent à un médecin ou à la police, et encore moins portent plainte, révèle le rapport.

663 000 femmes et 280 000 hommes ont été victimes de violences physiques ou sexuelles au sein de leur ménage sur deux ans, selon cette étude qui cumule les résultats de trois enquêtes "Cadre de vie et sécurité" menée en 2008, 2009 et 2010, auprès de 40 000 personnes de 18 à 75 ans.

Parmi les femmes, près des deux tiers affirment avoir subi des actes violents à plusieurs reprises sur cette période. Elles ont été victimes à 90 % de violences physiques, et à près de 19 % de violences sexuelles. Plus précisément, 80 000 "ont été victimes d'au moins un viol ou une tentative de viol au sein du ménage" sur cette période. Si l'enquête distingue trois types d'auteurs (le conjoint, les membres de la famille et les personnes du ménage hors famille), quasiment la moitié des femmes (44,6 %) désignent leur conjoint comme l'agresseur.

DES VIOLENCES LARGEMENT TUES

Hommes et femmes confondus, seulement 18,7 % des victimes ont vu un médecin à la suite de ces violences. Et le chiffre diminue encore (moins de 11 %) pour les femmes qui ont subi des violences sexuelles. Plus de 80 % des victimes ne se sont pas déplacées à la police ou à la gendarmerie, et seulement "près de la moitié" de celles qui se sont déplacées ont porté plainte.

Chez les femmes dont le conjoint est l'auteur des violences, le taux de signalement à la police est encore plus faible, avec 6,7 % de plaintes. Pis, pour celles qui ont été victimes de viols ou de tentatives de viol, "le taux de signalement est inférieur à 5 %, avec un taux de plainte estimé à 2 %".

Pour expliquer ce silence, les victimes disent le plus fréquemment que "ce n'était pas grave", qu'elles préféraient "trouver une autre solution" ou que "cela n'aurait servi à rien". Cependant, environ un quart des femmes qui ne se sont pas déplacées l'expliquent en partie par "la peur de représailles". Cette peur ainsi que celle "que cela se sache" sont également citées par plus de la moitié des victimes de viols ou de tentatives qui se sont tues.

Des recommandations pour favoriser la présence du père au sein de la famille

07.06.11

L'allongement du congé de paternité permettrait d'œuvrer en faveur de l'égalité professionnelle hommes-femmes.
L'allongement du congé de paternité permettrait d'œuvrer en faveur de l'égalité professionnelle hommes-femmes. AFP/DIDIER PALLAGES

Passer peu à peu d'une paternité "discrète" à une paternité pleinement assumée : telle est l'ambition d'un rapport remis, mardi 7 juin, à la ministre des solidarités et de la cohésion sociale, Roselyne Bachelot. Dans ce document, Brigitte Grésy, inspectrice générale des affaires sociales, propose de créer, en plus du congé maternité, un "congé d'accueil de l'enfant" également partagé entre le père et la mère : un mois pour l'un, un mois pour l'autre, avec un bonus d'une semaine si le père prend intégralement son quota.
Dans ce scénario, le congé maternité, qui dure actuellement seize semaines, serait maintenu: pendant les premiers mois de sa vie, le bébé resterait auprès de sa mère, comme aujourd'hui. A la fin de cette période, la mère et le père bénéficieraient chacun à leur tour de quatre semaines supplémentaires mais ce congé serait "non transférable". Si le père y renonce, la mère ne pourra l'assumer à sa place et ce mois sera perdu. Si le père, en revanche, s'absente de son travail pendant un mois, la famille recevra un bonus d'une semaine.

Pour favoriser l'équilibre des responsabilités familiales, Brigitte Grésy propose également de réformer le congé parental de trois ans, qui a l'inconvénient d'éloigner les femmes les plus fragiles du marché du travail. Elle suggère de le réduire à un an, de mieux le rémunérer et de réserver aux pères un quota de deux mois. Elle propose aussi de permettre aux salariés de bénéficier, au cours de leur vie, d'un congé familial de plusieurs mois rémunéré.

De telles réformes bousculeraient en profondeur les habitudes des familles françaises : aujourd'hui, seuls 66 % des pères optent pour le congé de paternité de onze jours créé en 2002 par la ministre de la famille du gouvernement Jospin, Ségolène Royal. Pour les congés parentaux, les pères sont encore plus discrets : seuls 4 % des bénéficiaires de ce congé qui peut durer jusqu'à trois ans sont des hommes. "C'est un dispositif auquel les pères recourent très faiblement", constate le rapport.

FINANCIÈREMENT NEUTRE

Inspirées par les pays nordiques, les propositions de Brigitte Grésy ont pour but de favoriser un meilleur équilibre entre la vie professionnelle et la vie familiale, pour les hommes comme pour les femmes. Jusqu'ici, le mouvement en faveur de l'égalité des sexes né dans les années 1970 progresse en effet "en sens unique" : les femmes sont entrées en masse dans le monde du travail mais les hommes peinent à s'investir dans la vie familiale – 80 % des tâches parentales et domestiques sont encore assumées par les femmes.

En favorisant la présence du père au sein de la famille, Brigitte Grésy espère, par ricochet, donner un coup de pouce à l'égalité hommes-femmes dans le monde du travail. "L'inégal partage du temps parental et des tâches domestiques constitue le noyau dur de l'inégalité professionnelle", souligne-t-elle. En poussant les femmes à désinvestir leur univers professionnel après une naissance, ces déséquilibres nés dans la sphère privée nourrissent en effet jour après jour les disparités salariales et le "plafond de verre".

Selon le chef de l'IGAS, les propositions de Brigitte Grésy seraient "quasiment neutres du point de vue financier" : le coût du "congé d'accueil de l'enfant" (250 millions d'euros) serait compensé par la réduction à un an du congé parental de trois ans, même s'il est mieux rémunéré. Cette politique permettrait en outre à la France de rejoindre les pays européens les plus avancés en matière d'égalité hommes-femmes: dans les pays nordiques comme la Norvège, la Suède ou l'Islande, le "quota du père" est devenu la règle.

Ces propositions seront discutées le 28 juin, lors d'une table ronde sur le partage des responsabilités familiales et professionnelles à laquelle Mme Bachelot a convié syndicats, patronat, associations, experts et élus. "La ministre a inscrit cette question à l'agenda, c'est maintenant aux partenaires sociaux de se saisir de cette question", précise-t-on rue de Varenne. La ministre semble avoir une petite idée sur la question: en matière de parentalité, "la mobilisation des hommes constitue un élément majeur du changement", écrit-elle dans sa lettre de mission.
Anne Chemin


samedi 16 juillet 2011

Vie et mort secrètes du fils "schizophrène" du chef historique des communistes italiens


ROME CORRESPONDANT -
C
'est une histoire triste comme la fin des illusions. Aldo Togliatti, le fils du leader historique du Parti communiste italien (PCI), Palmiro Togliatti (1893-1964), est mort samedi 9 juillet dans une clinique psychiatrique de Modène (Emilie-Romagne). Il avait 86 ans, fumait comme un pompier, faisait des mots croisés et des parties d'échecs en solitaire. De la trop lourde hérédité de son père, surnommé "le meilleur", il n'avait que les traits physiques. "C'était le portrait de son père, écrit Miriam Mafai dans Botteghe oscure, addio (Mondadori, 1996), mais avec plus d'incertitude dans le regard, plus d'hésitation dans la démarche, quelque chose d'irréparablement vacillant."

Son décès, qui n'a été annoncé par la famille qu'après les obsèques, aurait pu passer inaperçu. Interné depuis 1980, Aldo Togliatti n'a été longtemps qu'un prénom sur une fiche d'admission. Il a fallu une enquête du journal La Gazzetta di Modena, en 1992, pour révéler l'identité de ce pensionnaire à qui un cadre local du PCI rendait visite une fois par semaine.


Né le 29 juin 1925, Aldo passa sa jeunesse en exil. Il découvre Moscou et le sinistre Hôtel Lux, le quartier général du Komintern, où sont hébergés les dignitaires des partis frères en exil. En 1937, ses parents le délaissent pendant trois ans lors de la guerre d'Espagne. Ses lettres, alors, témoignent d'un profond désarroi. A l'école, il fréquente les enfants de Mao, de Tito et de Dolores Ibarruri Gomez, connue sous le nom de la Pasionaria.


Diplômé en ingénierie, il rentre en Italie à la fin de la guerre, en 1945. Un autre événement l'accable. Ses parents se séparent, et Palmiro s'en va vivre avec Nilde Lotti, future présidente de l'Assemblée. Aldo reste avec sa mère, Rita Montagnana, et s'enferme peu à peu dans la lecture. "Il a lu beaucoup plus de livres que moi, disait son père. Mais je ne réussis pas à le comprendre."


Parfois, il fugue. En 1950, on le retrouve au port de Civitavecchia, où il prie un marin hollandais de le prendre à bord. Une autre fois, c'est au Havre qu'il cherche à s'embarquer pour fuir les souvenirs des nuits hantées de l'Hôtel Lux. A la mort de sa mère, en 1979, la santé mentale d'Aldo s'altère. Les psychiatres diagnostiquent une "schizophrénie avec tendances autistiques". Un an plus tard, il entre à la clinique Villa Igea, d'où il ne ressortira plus. Dans ses Mémoires, Massimo Caprara, le secrétaire de Palmiro Togliatti, se souvient d'une visite à Prague avec Aldo : "Je n'ai pas l'impression qu'il ait été communiste", écrira-t-il.
Philippe Ridet

Fronton. C'est le premier centre médico psychologique rural

Marie-Hélène Champagnac et Jean-Jacques Romatet inaugurent le Centre médico  psychologique rural./ Photo DDM
Marie-Hélène Champagnac et Jean-Jacques Romatet inaugurent le Centre médico  psychologique rural./ Photo DDM
Marie-Hélène Champagnac
et Jean-Jacques Romatet inaugurent
le Centre médico psychologique rural.
Photo DDM









Le Centre médico psychologique de Fronton a été inauguré lundi rue du 19-Mars-1962. Rattaché au Service Universitaire de Psychiatrie de l'enfant et de
l'adolescent du CHU de Toulouse, il dispense des soins psychiques de proximité pour les enfants et les adolescents de 2 à 16 ans.
Le CMP de Fronton estcependant ouvert depuis septembre 2010, il répond ainsi aux besoins du bassin de vie de Fronton/Villemur.
Un projet qui a généré la collaboration de nombreux partenaires autour de la municipalté et du CHU de Toulouse.

Un projet engagé depuuis 2004

C'est en présence de Marie-Hélène Champagnac, maire de Fronton, Ghislaine Cabessut, conseillère générale, Jean-Philippe Raynaud, médecin chef de service, Jean-Jacques Romatet, directeur général du CHU, Laure Pauly, médecin référent, les cadres de santé, psychiatres, psychologues, partenaires sociaux, personnel de santé et éducateurs spécialisés ainsi qu'une cinquantaine d'invités que s'est déroulé l'inauguration des locaux du CMP.
Le professeur Jean-Philippe Raynaud a relevé la collaboration avec la municipalité depuis 2004 pour mener à bien ce projet.

Service de proximité

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L'accueil d'urgence en péril


M
onsieur le Maire de Paris, vous n'ignorez pas la situation alarmante du SAMU social. Les budgets dévolus à l'accueil des personnes à la rue connaissent des diminutions drastiques : les centres d'hébergement d'urgence ferment leurs portes, et les nuits d'hôtel destinées à pallier les 13 000 places manquantes dans les centres d'Ile-de-France se font de plus en plus rares.

Le budget destiné aux familles baisse à lui seul de 24 %, jetant sur le trottoir un nombre considérable d'enfants, de femmes et d'hommes livrés à des vies impossibles. Plusieurs médecins hospitaliers ont raconté comment ils voyaient arriver dans leurs services des familles démunies, demandant à dormir dans un renfoncement de couloir pour fuir la violence du trottoir. A défaut de pouvoir leur proposer une solution d'hébergement, le personnel du SAMU social leur avait conseillé cette ultime solution de misère digne du Moyen Age : demander la charité dans un hôpital.

Le 30 juin, le SAMU a fermé le centre d'hébergement d'urgence Yves-Garel situé dans le 11e arrondissement de Paris, qui accueillait 57 hommes et 38 femmes. Un bâtiment a été trouvé pour accueillir les hommes, en revanche pour ce qui concerne les femmes, aucune solution de rechange n'a été mise en oeuvre.

Ces quelques 38 places du centre Yves-Garel étaient les seules places que le SAMU social de Paris proposait aux femmes en situation d'hébergement d'urgence.

DISCRIMINATION MEURTRIÈRE

Le manque de places était déjà très préoccupant mais, depuis le 1er juillet, plus aucune femme ne peut compter sur les centres d'urgence gérés par le SAMU social pour échapper à la rue. Inébranlable, le gouvernement refuse tout compromis, assumant avec cynisme une discrimination meurtrière envers une population vulnérable, négligée depuis des années et abandonnée.

Vous-même avez dénoncé publiquement, il y a quelques jours, ce désengagement effrayant du gouvernement, qui porte atteinte à ce droit social fondamental qu'est l'accueil inconditionnel des personnes à la rue. Vous avez témoigné de votre inquiétude et de l'importance à vos yeux d'un engagement solidaire.

Si la Ville de Paris ne peut pas se substituer à un financement qui devrait venir de l'Etat, face à l'incurie du gouvernement en matière de politique sociale, la Mairie de Paris ne serait-elle pas en position de trouver un lieu pour ces femmes à la rue ? La question se pose d'autant plus que les bâtiments du centre Yves-Garel étaient prêtés par la Ville, et qu'ils vont être démolis sans qu'un nouveau lieu ait été proposé en remplacement. La Ville ne dispose-t-elle pas d'un local qu'elle pourrait prêter d'urgence pour compenser cette destruction ?

Nous savons bien que la Ville contribue au fonctionnement de plusieurs associations d'accueil des plus démunis, mais une institution comme le SAMU social est une institution nationale et internationale. En tant que mandataire officiel de l'Etat, le SAMU apporte la garantie visible et capitale d'un droit social. Monsieur le Maire, ce droit à l'accueil d'urgence est en péril. Trouver un bâtiment pour accueillir ne serait-ce que quarante femmes ferait rempart contre cette démolition annoncée.

Julia Peker, agrégée de philosophe, bénévole au SAMU social de Paris


Réel du langage, langage du réel : résonance du sujet parlant
Brigitte Lalvée

didier_weillAvec ce quatrième essai consacré à la question du sujet humain, ce « sujet du réel » convié à répondre à l’appel du langage et à y soutenir sa réponse [1], Alain Didier‑Weill revient, comme en un quatrième tour donné à sa pensée, en homologie avec son propos, sur la pulsation temporelle en quatre temps, d’une temporalité de structure, qu’il dégage comme une scansion fondamentale du devenir du sujet parlant –un « sujet du réel » avant que d’être un sujet de l’inconscient, appelé de ce fait à advenir au‑delà de l’inconscient, au‑delà de son dévoilement dans une cure psychanalytique, « là où ce n’était pas encore ». Un « oui » originaire, dont le titre même de l’ouvrage souligne le « mystère », met en mouvement cette pulsation temporelle et fait de son accomplissement une expérience dont l’auteur n’hésite pas à affirmer le caractère mystique : expérience inauguralement extatique mais non ineffable, dont il est difficile d’expliquer l’avènement en quelque sorte aléatoire, ouverte à tout sujet et non à quelques initiés, se produisant à l’insu même de celui qui s’y livre mais à laquelle un sujet encore à venir peut se refuser en connaissance de cause ‑ainsi du nourrisson rejetant le lait de sa mère qu’il perçoit comme « incomestible », dépourvu de signifiance. De cette expérience mystique qui précède l’inconscient, le rendant possible, qui par là même l’excède et lui succède, l’auteur s’attache à éclairer le déroulement, entre ombre et lumière, entre mystère et raison, et faire entendre le tempo dans l’entrelacement de ses temps que rythment Eros et Thanatos.

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L’expertise médicale mise à mal par les réseaux sociaux ?

L’essor des réseaux sociaux de santé sur Internet semble précipiter irrémédiablement la fin du modèle paternaliste, un temps caractéristique de la relation médecins-patients. Dans une étude récemment publiée, des sociologues tentent de cerner ce nouveau « savoir profane » qui émerge de ces réseaux.

« Au-delà de la simple recherche d’informations, concernant une pathologie ou des traitements, les internautes cherchent la plupart du temps à briser leur isolement »
, souligne un rapport réalisé par une équipe de sociologues à partir d’entretiens et d’observations dans des associations de patients. « Les sites de réseaux sociaux permettent un accès à une information que ne donnent pas les professionnels de santé. Ils n’apparaissent donc pas en concurrence avec eux, mais sont plutôt complémentaires », indique la sociologue Sylvie Craipeau, qui a participé à l’étude menée pour le Conseil général de l’industrie, de l’énergie et des technologies (CGIET) à la demande du ministère de la Santé.

Néanmoins, derrière ces généralités, la coexistence entre savoir médical et savoir profane du patient fondé sur l’expérience personnelle de la maladie n’est pas toujours aussi idyllique sur le Web 2.0. En se penchant particulièrement sur les réseaux sociaux dans les domaines du sida, du cancer et de l’autisme, les chercheurs mettent en exergue l’impact des associations de patients sur les idéologies véhiculées sur la toile. Ainsi, pour le sida, les réseaux sociaux constituent selon eux une nouvelle étape dans le mouvement d’autonomisation des malades et de contestation des pouvoirs établis par des collectifs issus de la société civile comme Act-Up et AIDES.

Dans le cas de l’autisme, ces réseaux constituent aujourd’hui de véritables tribunes soutenant des approches médicales négligées par les institutions. Les sociologues citent l’exemple du groupe Yahoo Autisme, liste de discussion nationale non liée à une association particulière où échangent essentiellement des parents confrontés à différentes formes de la maladie. « L’identité collective du groupe » se situe dans la condamnation unanime de l’approche psychanalytique au profit des techniques comportementales et cognitives de traitement de l’autisme. Certaines méthodes de traitement liées à la psychanalyse, à l’instar du packing, y sont dénoncées avec véhémence. Le groupe Yahoo Autisme porte « un nouvel éclairage sur le développement d’une expertise profane dans les réseaux sociaux de santé », laquelle « se construit explicitement contre l’expertise des professionnels et des institutions médicales » qui « persistent à aborder l’autisme à partir d’une approche psychanalytique », notent les sociologues.

Réalité de terrain.

A contrario, dans le champ du cancer, les réseaux sociaux se situent « dans la continuité de l’histoire des relations entre malades, associations, médecins et chercheurs propres à cette maladie ». Ici, émerge un modèle où « les nouveaux outils techniques sont des moyens de renforcer la collaboration entre patients et médecins ou chercheurs », grâce à une association médiatrice. Le cas de Jeunes solidarité cancer est cité en exemple. Cette ancienne structure satellite de la Ligue contre le cancer s’appuie grandement sur un forum destiné à accueillir des échanges entre les malades, leurs proches et des membres de l’association. Les témoignages recueillis constituent la base de l’action institutionnelle de l’association. « Le réseau social donne bien accès à une réalité de terrain, à une réalité profane mais celle-ci n’est pas appréhendée comme une force à opposer au discours des institutions, mais comme une somme d’expériences à porter à la connaissance des médecins et des pouvoirs publics, afin d’apporter à ceux-ci un complément d’information », décrivent les sociologues. Ce forum permet aussi de « faire descendre vers la base le savoir autorisé des médecins », « conformément à une mission historiquement au cœur de l’activité des associations de lutte contre le cancer », indique ce rapport davantage introductif que véritablement analytique sur la réalité des réseaux sociaux en santé.
› DAVID BILHAUT

Je suis malade… Vite, sur Internet !
11.07.11

Le site de l'association "Les Petits Bonheurs" qui propose une aide au quotidien pour les malades atteints du sida.

Le site de l'association "Les Petits Bonheurs" qui propose une aide au quotidien pour les malades atteints du sida. DR

C
’est devenu un réflexe. Que ce soit pour des migraines, un mal de dos, à l’annonce d’un diagnostic médical ou pour un simple bobo, six Français sur dix se sont déjà renseignés sur Internet, selon un sondage CSA réalisé en février sur 995 personnes. Cette proportion atteint même huit sur dix chez les 18-24 ans.

Une fois en ligne, ces internautes se documentent bien sûr, mais échangent également conseils et impressions par ordinateurs interposés. Les 84 sites de santé-bien-être répertoriés en France ont rassemblé pas moins de 16 millions de visiteurs uniques en mai, selon Médiamétrie. Plus d’un internaute sur trois (38,7 %) est allé y faire un tour dans le mois.

Cette pratique, apparue au début des années 2000, bouleverse le rapport entre soignants et soignés, nombre de patients se présentant désormais comme des "experts" face à une profession médicale quelque peu déboussolée. On comprend aisément que le ministère de la santé ait donc mandaté le Conseil général de l’industrie, de l’énergie et des technologies (CGIET) pour tenter de mieux cerner le phénomène. "Nous avons cherché à comprendre ce qui se passe en ligne, afin d’encourager les bonnes pratiques, mais aussi à inciter à la prudence sur des approches moins favorables du point de vue de la santé publique", explique Robert Picard, référent santé du CGIET.

Sous la houlette de cette institution, deux sociologues, Gérard Dubey et Sylvie Craipeau, viennent donc de plancher pendant un an , un travail dont Le Monde a pu prendre connaissance en exclusivité. Dans le cahier des charges de ces observateurs, de multiples interrogations. L’information de santé en ligne est-elle fiable ? Implique-t-elle des risques ? Cette pratique en réseau favorise-t-elle la construction d’un savoir spécifique ? Et si oui, lequel ? Ces chercheurs se sont volontairement limités à trois pathologies : le cancer, le sida et l’autisme.

UNE EXPRESSION SOUVENT VIOLENTE ET CRUE

Première constatation, la Toile est un formidable réceptacle des maux des Français. Internet rassemble une masse d’informations d’autant plus inédites que "pour de nombreuses pathologies, notamment cancéreuses, les récents progrès de la médecine allongent les périodes de rémission, certaines affections étant devenues non létales", explique Gérard Dubey. Les internautes s’épanchent alors "sur fond de maladie chronique, poursuit-il. C’est une nouvelle expérience qui se véhicule en ligne".

De fait, le Net regorge d’informations pour le moins anxiogènes qu’il est nécessaire de prendre avec distance, estime ce chercheur. "A l’annonce d’un diagnostic, les malades sont souvent victimes de ce que l’on appelle un effondrement de l’identité. Ils vont alors sur Internet, principalement la nuit, pour décharger sans limite leurs angoisses", note-il.

Principal problème de cette confession en ligne, "les internautes ont tendance à projeter leur espace privé dans l’espace public", explique le sociologue : les malades s’expriment souvent de façon violente et crue sur leurs problèmes, "sans code ni médiation pour ménager celle ou celui qui va recevoir le message", ajoute M. Dubey.

Ce facteur est d’autant plus "aggravant" que ce sont souvent des personnes "elles-mêmes fragilisées par la maladie" qui vont chercher de l’information en ligne. Particulièrement concernés par ce phénomène, les sites santé généralistes qui drainent une audience de masse, et sur lesquels certains malades n’hésitent pas à utiliser leur pathologie comme "une sorte de revendication identitaire", poursuit Sylvie Craipeau.

"CES SITES RÉPONDENT À UN MANQUE"

Cependant, note la sociologue, la parole en ligne semble mieux canalisée sur de petits forums, souvent spécialisés sur une pathologie précise, comme les sites créés par des associations de malades. "Nous avons remarqué que des normes implicites se mettent alors en place, explique-t-elle. Les internautes se retiennent, ne disent pas tout, pas n’importe quand. Cela ressemble davantage à une petite société." Sur ces sites peuvent notamment s’organiser des projets communs comme "la circulation de modules éducatifs pour des enfants autistes, ou encore des propositions d’aide au quotidien pour les malades du sida, sur le site de l’association Les Petits Bonheurs", illustre la chercheuse.

Plus généralement, le succès de ces réseaux et forums doit, selon ces observateurs, être une source de questionnements pour le corps médical. "Ces sites répondent à un manque. Les malades vont chercher sur Internet des savoirs pratiques et un échange de vécu qu’ils n’ont que très rarement chez le docteur ou plus généralement dans l’institution médicale", note M. Dubey. Les internautes s’échangent bonnes pratiques, régimes alimentaires, conseils d’hygiène mais aussi des sujets de préoccupation très intimes, comme le devenir des relations sexuelles après une chimiothérapie, par exemple.

Sur certains sites se construit alors "un savoir profane, pratique, complémentaire du savoir expert des médecins". "D’ailleurs, note Gérard Dubey, certains malades revendiquent ce savoir comme un facteur participant à l’amélioration de leur état." Peut-on y voir l’amorce d’un cercle vertueux ? "Le temps où le docteur de famille prenait du temps et devinait un problème de santé à la façon dont son patient entrait dans son cabinet semble dépassé, remarque le sociologue. Certains médecins, s’estimant victimes de leur hyper spécialisation technique ou de leur manque de temps, sont demandeurs de ce nouveau type d’informations, de ce vécu exprimé en ligne."

Comme si les réseaux et forums réussissaient à redonner aux malades une importance et une place qu’ils ont peu à peu le sentiment d’avoir perdues. Intéressée par ces résultats, la Haute Autorité de santé envisage d’approfondir ces pistes de recherche.
Laure Belot

Le trait de l’écriture, entre angoisse du réel & consistance du sujet
Manon Delcour

Gérald Moralès, L’Écriture du réel. Pour une philosophie du sujet, Paris : Les Éditions du Cerf, coll. « La nuit surveillée », 2010, 190 p., EAN 9782204092258.

Dans cet essai, Gérald Moralès, docteur en philosophie et psychanalyste, entend examiner tous les constituants du postulat selon lequel « Il y a une écriture du réel ». Ce projet l’amène d’une part à envisager la matérialité graphique de l’écriture, d’autre part à distinguer réalité et réel. Considérant la catégorie lacanienne du réel sous l’angle du « corps pensé dans le passage entre l’insistance du vide et la consistance du trait, […] avant l’instauration symbolique, avant l’émerge du signifiant et sa prise par le langage » (p. 9), il estime, après avoir étudié l’œuvre de Pierre Guyotat et de Bernard Réquichot, que l’écriture du réel s’effectue à partir de l’angoisse et, sur cette base, esquisse une théorie du sujet.

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L'enfermement des mineurs évalué par le Sénat


R
ésultats encourageants pour les centres éducatifs fermés (CEF). Doivent mieux faire dans les plus brefs délais pour les établissements pénitentiaires pour mineurs (EPM)... Voilà la tonalité des appréciations décernées à ces structures dédiées aux mineurs délinquants dans le rapport intitulé "Enfermer et éduquer : quel bilan pour les CEF et les EPM ?", rendu public, mardi 12 juillet par les sénateurs Jean-Claude Peyronnet (PS) et François Pillet (UMP).

Créés par la loi du 9 septembre 2002 après une élection présidentielle marquée par le thème de la sécurité, ces établissements n'avaient guère été évalués. Après huit années de fonctionnement pour les premiers CEF - aujourd'hui au nombre de 44 - et alors que le territoire national compte six EPM - ouverts entre juin 2007 et avril 2008 -, la commission des lois a souhaité vérifier s'ils remplissaient bien la mission fixée par le législateur : "assurer une action éducative dans un cadre privatif de liberté".

Faute de données statistiques, MM Peryonnet et Pillet ont recouru à une quarantaine d'entretiens avec des professionnels de l'enfance délinquante, et procédé à quatre visites dans des CEF et trois dans des EPM. Ils en ont conclu qu'"un travail éducatif (visant à une réinsertion des mineurs) peut être mené" dans ces cadres privatifs de liberté.

Dispositif alternatif à l'incarcération destiné à la prise en charge pour 6 mois renouvelables de mineurs délinquants multirécidivistes ou multi-réitérants âgés de 13 à 18 ans, les CEF qui regroupent 488 places au total valent, selon eux, les 640 euros par jour et par mineur qu'ils coûtent.

"Le dispositif des CEF mérite d'être pérennisé et même étendu"
, dit le rapport qui précise que près de la moitié des mineurs réintègrent un dispositif de droit commun à l'issue d'un placement en CEF. Et, alors que 60 % sont déscolarisés à leur entrée, 32 % retournent dans un établissement scolaire, tandis que 25 % s'orientent vers une formation professionnelle.

Les sénateurs soulignent cependant les difficultés de recrutement du personnel de ces établissements confiés à la protection judiciaire de la jeunesse (PJJ). Les CEF exigent "un taux d'encadrement élevé". Les co-rapporteurs suggèrent "que la prise en charge puisse perdurer au-delà de la majorité" et insistent sur la nécessité d'adapter la localisation des CEF aux régions les plus urbanisés.

MM. Peyronnet et Pillet regrettent en revanche le bilan "décevant" des EPM (près de 350 places gérées par la PJJ et l'administration pénitentiaire). S'ils leur reconnaissent d'avoir "contribué à l'amélioration des conditions de détention des mineurs", ils réclament "des évolutions rapides et significatives" et une clarification du coût réel estimé entre 290 et 320 euros par jour et par mineur. Ils demandent enfin un suivi des jeunes majeurs à leur sortie. Un exercice que le "droit à l'oubli" ne permet pas actuellement.
Patricia Jolly

mercredi 13 juillet 2011

puce Molière sur le divan
Théâtre du Lucernaire  (Paris)  juillet 2011


Comédie écrite et mise en scène de Michelle Brûlé, avec Claire Chérel, Bruno La Brasca, Diana Lazslo, Edith Monteil, Paul Spera et Anaïs Tobelem.

A l'instar de son bourgeois gentilhomme qui faisait de la prose sans le savoir, Molière faisait-il de la psychanalyse sauvage avant l'heure ?

Assurément la réponse est affirmative pour Michelle Brûlé qui, à partir de l'oeuvre de Molière soumise à la grille d'interprétation de papa Freud, a écrit une partition burlesque qui use à plusieurs niveaux, et ce de manière aussi réussie que jubilatoire, pertinente et impertinente, de l'hybridation.

En effet, "Molière sur le divan" résulte d'un montage de scènes, elle a pioché dans sept comédies, dont "L'avare", "Le misanthrope" et "Le malade imaginaire", pour ne citer que les plus connues, d'une fusion de leurs caractères communs les plus "symptomatiques" et d'un mélange des genres de l'onirisme au réalisme psychologique pour créer une "comédie monstre" en ce qu'elle met en scène une famille de monstres névrotiques dont les goûts vestimentaires évoquent ceux de la famille Adams.

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vendredi 8 juillet 2011

Halte aux méthodes du néomanagement !
Miguel Benasayag, philosophe et psychanalyste
30.05.11

Dans cette époque rude et désenchantée, si la vie quotidienne de beaucoup d'entre nous se révèle de plus en plus sombre, il faut avoir conscience qu'il ne s'agit pas là d'un fait du hasard, d'une fatalité tombée du ciel.

La dureté des temps (souffrance au travail, isolement, fatalisme, dépression) est chaque jour renforcée par l'action de personnages dont la médiocrité et la terne banalité contrastent avec l'intensité du mal qu'ils font. Petits hommes gris à la Simenon, ils représentent la matérialisation finale du cauchemar imaginé par Robert Musil dans L'Homme sans qualités (Seuil, 1979). Ces agents de la tristesse opèrent dans des domaines de plus en plus étendus, mais il en est certains où leurs méfaits sont assez récents et particulièrement choquants : l'éducation et la santé en font partie.

Ils se présentent en général comme des "managers", des gestionnaires d'un nouveau genre et viennent prendre la place des "anciens" dans des établissements scolaires, des hôpitaux, des centres médico-psycho-pédagogiques, des instituts médicaux-éducatif (IME), etc.

Ordinateur et pointeuse en poche, ils ont pour mission d'apurer les comptes et de "remettre au travail" le personnel. Avec eux, plus de "feignants", d'"assistés", de "privilégiés" (certains ont dû télécharger récemment le portrait de Laurent Wauquiez en fond d'écran...). Ils appliquent le règlement, tout le règlement, rien que le règlement.

Or dans ces endroits singuliers où l'on soigne et où l'on apprend, l'essentiel se passe justement à côté du règlement. Pas contre, mais en dehors. Dans un hôpital, dans un centre psy, la qualité des soins dépend avant tout de la relation avec le patient. Elle passe par l'écoute, le dialogue, le regard, l'attention, et le pari partagé. Une minute peut valoir une heure, une heure une journée, une journée une vie. Aucun logiciel ne peut traiter ce genre de données.

Dans les centres médico-psychopédagogiques, les écoles, collèges et lycées, les objectifs chiffrés, les fichiers, les classements et catégories administratives ne peuvent cadrer avec des parcours d'élèves et patients multiples, complexes et singuliers. Ici, le travail a à voir avec le désir et le lien. Qui peut prétendre quantifier et rationaliser cela ? Nos petits soldats du management se méfient, eux, du vivant, de la complexité, de l'insaisissable. Ils haïssent cela même, car ces notions les empêchent de compter en rond. Ils n'ont qu'un mot à la bouche qu'ils répètent tel un mantra : "la loi, la loi, la loi."

Et l'on soupçonne, derrière ce formalisme, derrière leur apparente froideur, quelque chose de sombre et malsain. On connaît en psychanalyse et en psychopathologie ce phénomène d'obéissance stricte à la loi qui passe par l'effacement du sujet, définition même de la jouissance. Ces personnages, Lacan les appelait des"jouis-la-loi".

Ils ne se réfèrent qu'aux représentations réglementaires et légales du vivant ; mais la complexité du vivant, qui est la matière même de ces lieux de soins et d'éducation, n'est pas toute représentable. Par ailleurs, la loi dont ils parlent n'est pas la loi comme champ conflictuel. Ce qu'ils nomment respect de la loi n'est autre qu'une obéissance qu'ils exigent comme une simple compétence, au même titre que savoir lire ou écrire.

Plus d'espace, du même coup, pour la pensée critique et l'autonomie. Dans leur esprit, l'autonomie doit se transformer en pure autodiscipline, ce qui fait d'eux de petits soldats de la mise en place d'un pouvoir arbitraire. Dans leurs tableaux et leurs contrats d'objectif, l'essentiel leur échappe. Au point de susciter des effets "contre-productifs" - pour utiliser leurs termes.

A force de vouloir imposer de la rationalité, en contrôlant les horaires, en voulant rentabiliser chaque minute (chaque euro d'argent public dépensé...), en quadrillant les services, en instituant des rôles de petits chefs et sous-chefs, c'est la contrainte qui devient la règle, épuisant le désir et l'initiative des salariés.

Obligés de travailler dans un univers panoptique où tout est mesurable et transparent, ils perdent le goût de leur métier, s'impliquent logiquement moins, et souffrent au quotidien.

Ces méthodes de management sous la pression sont suffisamment élaborées (en provenance des États-Unis pour la plupart) pour savoir jusqu'où ne pas aller trop loin, éviter des dérives qui se retourneraient contre leurs auteurs. Ils savent harceler sans dépasser la limite légale.

Ces auteurs eux-mêmes, petits chefs psychorigides, médiocres et sans aucune envergure spirituelle, sont parfaitement fuyants. Il est impossible d'engager une discussion contradictoire avec eux car ils ignorent tout du funeste dessein qu'ils servent jour après jour. Ils sont les aiguilleurs d'un train dont ils ne maîtrisent ni la puissance ni la destination.

Petits hommes méprisables et benêts qui participent à un processus qui les dépasse. Ce néomanagement pour lequel l'homme devient une ressource impersonnelle et interchangeable prépare les fondements d'une société que l'on voit se dessiner chaque jour de plus en plus clairement, où les critères économiques font la loi, et où la loi écrase la vie.

Les grands changements sociaux, ceux qui vont dans le sens de la tristesse et de la restriction des libertés, ne se passent jamais du jour au lendemain, de façon soudaine, comme on franchit le Rubicon. Ces bouleversements se préparent dans la durée, lentement, discrètement. Et c'est bien de cette façon que la petite armée de ces hommes sans qualités est en train de préparer le terrain d'une société brutale et obscure.

Pour continuer notre travail, dans ces lieux vitaux, il nous faut résister. Mais résister au nom de quoi ? Comme ce pouvoir s'attaque directement à la vie, c'est la vie elle-même qui devient résistance.

Ouvrage : "Organismes et artefacts : vers la virtualisation du vivant ?" (La Découverte, 2010).
Miguel Benasayag, philosophe et psychanalyste