samedi 30 mai 2020

Covid-19 : la France insoumise… à la future vaccination

Publié le 25/05/2020


Il y a encore peu, plus de la moitié de la population mondiale était en quarantaine afin de limiter la propagation du SARS-CoV-2. La mise au point de vaccins contre cette infection et leur disponibilité à l'échelle mondiale sont une priorité pour mettre fin à la pandémie, à condition d’une bonne acceptabilité de la vaccination par la population. Or, dans une ambiance de déclin mondial de la confiance du public dans la vaccination au cours de la dernière décennie, en particulier dans toute l'Europe et en France, le pari est loin d’être gagné, comme le montre un sondage en ligne réalisé auprès d'un échantillon représentatif de la population française âgée de 18 ans et plus, dix jours après l'instauration du confinement (du 27 au 29 mars), au pays de Pasteur !

Un quart de réticents à la vaccination

Au total 26 % des personnes interrogées ont déclaré que, si un vaccin contre le SARS-CoV-2 était disponible, elles ne l'utiliseraient pas, alors même que les médias nous inondaient d’images de cercueils et de services de réanimation ayant besoin d’être réanimés.

Barbara Stiegler : «C’est en nous-mêmes, dans nos lycées et nos hôpitaux, que nous devons réinventer le sens de l’Etat»

Par Simon Blin — 

Un patient atteint du Covid lors de sa rééducation, à l’hôpital de la Pitié-Salpêtrière, à Paris, le 15 mai.
Un patient atteint du Covid lors de sa rééducation, à l’hôpital de la Pitié-Salpêtrière, à Paris, le 15 mai. Photo Denis Allard

Si la crise du Covid-19 bouleverse nos hiérarchies de valeurs, les diverses mesures prises pendant cette pandémie ne promeuvent-elles pas un agenda néolibéral ? Selon la philosophe, la société du sans-contact et la dématérialisation des activités favorisent la dissolution du collectif et l’étouffement des luttes sociales, qu’il importe de poursuivre après la crise.

Aurélie Trouvé : «Nous ne voulons pas laisser croire que le capitalisme est la fin de l’histoire»

Par Nicolas Massol, photo Rémy Artiges — 


Aurélie Trouvé à Montreuil, mercredi.
Aurélie Trouvé à Montreuil, mercredi. 
Photo Rémy Artiges pour Libération

Pour la porte-parole d'Attac, le rôle des ONG est de faire infuser dans la société l'idée qu'un autre monde est possible, sans laquelle aucun parti de gauche ne pourra accéder au pouvoir.

Loin d’elle l’idée de remplacer les leaders politiques de la gauche. Même si, avec une vingtaine de syndicats et d’ONG, elle a participé à l’élaboration d’un plan de sortie de crise qui ressemble étrangement à une ébauche de programme commun, Aurélie Trouvé défend l’indépendance des ONG par rapport aux partis. Chacun son rôle : aux uns la conquête électorale du pouvoir, aux autres le travail idéologique de fond et de mobilisation sociale. «Je suis très "charte d’Amiens", finalement», s’amuse la porte-parole d’Attac, en référence à l’acte décrétant la séparation entre la CGT et les officines partisanes, adopté en 1906. Selon elle, le monde d’après pourrait finalement ressembler au monde d’avant-hier.

Confinement : les mères allemandes présentent la facture

Par Johanna Luyssen, correspondante à Berlin — 
Petit-déjeuner en RDA en 1980.
Petit-déjeuner en RDA en 1980. Photo Jean-Pierre Delagarde. La Collection

«Qui prend la plus grande part dans la prise en charge des enfants?» Plus de 50% des femmes répondent «Moi seule», contre 10% des hommes. En Allemagne, un hashtag «les parents corona font les comptes» interpelle les pouvoirs publics.

Séries : un shoot d’héroïnes

Par Sandra Laugier, professeure de philosophie à l'université Paris-I Panthéon-Sorbonne — 
Toni Collette et Merritt Wever dans «Unbelievable».
Toni Collette et Merritt Wever dans «Unbelievable». Netflix

«Unorthodox», «Unbelievable», «Kalifat» : les femmes sont au premier plan dans les scénarios. Des personnages qui proposent de nouvelles formes de travail, d’amitié, d’humour, et qui transforment les lois des genres, policier et sécuritaire. (Attention spoilers)

«Nous avons une possibilité assez inédite de voir la science en train de se faire»

Par Olivier Monod — 
Biologiste analysant en laboratoire des échantillons susceptibles d'etre positifs au covid-19 à Levallois-Perret le 22 avril
Biologiste analysant en laboratoire des échantillons susceptibles d'etre positifs au covid-19 à Levallois-Perret le 22 avril Photo Thomas Coex. AFP

Et si la crise du Covid-19 était l'occasion de revoir notre rapport à la science ? Loin de la productrice de certitudes attendue, elle se montre hésitante et plurielle. Une bonne nouvelle, selon l'épistémologue Léo Coutellec.

Léo Coutellec est maître de conférences en éthique et épistémologie de sciences contemporaines à l’université Paris-Saclay. Il observe les débats scientifiques autour de la crise du Covid-19 d’un bon œil. Il espère que la crise permettra de faire émerger une vision plus juste de la science et appelle de ses vœux l’avènement du «pluralisme scientifique».
Est-ce que la science sort grandie de la crise du Covid-19 ?
La situation est encore assez ambiguë et les leçons à en tirer forcément prématurées. Mais j’ai quand même envie de répondre oui à votre question, il y a selon moi plusieurs aspects positifs. D’abord parce que durant ces trois derniers mois, nous avons vu se développer des espaces de gratuités sans précédents. C’est une situation vraiment exceptionnelle. Les grandes revues ont mis des articles en ligne gratuitement, les dépôts de travaux sur des archives ouvertes ont explosé, plusieurs maisons d’édition ont proposé leurs livres numériques en accès libre, etc.
Nous vivons un moment d’expérimentation grandeur nature de la science ouverte, avec un accès et un partage moins marchand et moins sélectif des travaux de recherche. Aussi, nous connaissons les avantages des archives ouvertes et des preprints en termes d’avancement des connaissances. Sur le seul exemple des études scientifiques qui évaluent l’impact d’un mois de confinement sur l’évolution de la maladie, nous avons pu observer qu’à cinq jours d’intervalle, deux études également fiables, déposées sur une archive ouverte (MedRxiv), ont émis des conclusions opposées. Est-ce un problème ? Non, tel est le lot de la démarche scientifique, travailler à partir des conflictualités et non des consensus.

Epidémiologie : top modèles !

LA MÉTHODE SCIENTIFIQUE
par Nicolas Martin

Qu’est-ce qu’un modèle en épidémiologie des maladies infectieuses ? A quoi servent-ils ? Depuis quand les utilise-t-on ? Combien de types il en existe ? Comment sont-ils conçus ? Quels sont les ingrédients et la recette de ces genre de modèles ?
Pour la Covid, quels ont été les modèles employés par les épidémiologistes et modélisateurs ?
Pour la Covid, quels ont été les modèles employés par les épidémiologistes et modélisateurs ?  Crédits : Bye~commonswiki
A deux semaines et demi du déconfinement, manifestement, pour l'heure, il n'y a pas de reprise de l'épidémie pour l'heure. Il n'en fallait pas plus à de nombreux médias pour s'engouffrer dans la brèche du « fin de partie pour la Covid », malgré les appels à la prudence de nombreux épidémiologistes. Sur quelles données se basent ces chercheurs pour se projeter dans l'avenir ? Sur des modèles informatiques. De nombreux modèles ont été proposés depuis le début de la pandémie. Au niveau local, national ou mondial, pour alerter ou pour sensibiliser les gouvernants à ce qui pourrait advenir. Comment fonctionnent ces modèles, sont-ils fiables, quel est leur poids dans la décision politique ? C'est ce que nous allons examiner aujourd'hui. 

vendredi 29 mai 2020

Médecins de Molière ?

Par Laurent Joffrin, directeur de «Libération» — 
Mettez deux médecins dans une pièce – ou sur un plateau  –, il en sort trois théories. Telle est la conclusion que pourrait tirer une opinion lassée du défilé continu d’experts, de professeurs, de scientifiques tour à tour interrogés par les journaux, les radios ou les télévisions pendant la crise du Covid-19. Il est vrai que la succession des propos contradictoires donne le tournis. «Une grippette» au début, un danger majeur trois semaines plus tard, les masques inutiles soudain devenus essentiels, les tests superfétatoires changés en panacée à un mois de distance, la chloroquine, potion magique pour les uns, poudre de perlimpinpin pour les autres, la «deuxième vague» inévitable devenue friselis à l’usage, le Covid phénomène saisonnier disparu à l’été ou spectre toujours présent  : tout et son contraire, cacophonie, fausses notes et vraies intox, jusqu’à ce pugilat insensé entre les deux factions pro et anti-Raoult. Pour un peu, nous voici revenus aux temps des médecins de Molière. A moins qu’on applique aux épidémiologistes ou aux virologues ce qu’on dit parfois des économistes : «Always wrong, never in doubt.» Ils se trompent toujours et ne doutent jamais.
La science médicale, on le craint, n’en sortira pas grandie. Ces polémiques confuses, ces noms d’oiseaux échangés d’un hôpital à l’autre, ces philippiques de laboratoire, donnent l’idée d’une discipline fragmentée, divisée, en guerre civile, traversée de chapelles, de clans et de rivalités, minée par les conflits d’intérêts et les guerres d’ego.
A moins que, paradoxalement, elle ne fasse progresser non l’image de la science mais sa pédagogie. On a sans doute confondu à tort science et certitude, hypothèse et conclusion, théorie provisoire et résultat définitif. Or si la médecine repose désormais, dans l’ensemble, sur un savoir reconnu et vérifié, éprouvé par l’expérience, les études et la clinique, tout change face à un phénomène nouveau comme le Covid. Les savants font au mieux, armés de leur savoir. Mais comme tout un chacun devant l’inconnu, ils tâtonnent, avancent des hypothèses que la réalité dément un peu plus tard, suivent des fausses pistes et s’égarent parfois dans le dédale des études. Ils divergent logiquement et confrontent leurs idées, sachant que la controverse permet d’aiguiser les arguments. Ainsi, plutôt que lui tourner le dos, il faut conforter la science, la vraie, qui suppose une part d’incertitude qu’on s’efforce de réduire, non par la rhétorique, mais par l’expérience. Ce n’est pas la science qui trompe l’opinion. C’est sa politisation, ou sa déification.

Une souffrance au travail concentrée sur les questions managériales...

 par 

La précédente enquête menée par l’association SPS1 (Soins aux Professionnels en Santé) nous le disait déjà sans surprise, face à la crise sanitaire, une anxiété et un épuisement croissant était observé chez les soignants. De nouveaux chiffres nous sont donnés au regard d’une récente consultation des professionnels de santé2 menée du 29 avril au 13 mai dernier par SPS. Les répondants expriment très largement (85%) "ne pas s’être sentis soutenus depuis le début de la crise sanitaire".
soignants, souffrance, pleurs
DR - Alexis LeBorgne pour cette très belle peinture. Les soignants expriment, au-delà de la seule crise sanitaire, le besoin "d'un accompagnement psychologique global et organisé à tous les niveaux d’intervention".

Selon l’association SPSil s’agit bien plus qu’une simple souffrance personnelle liée à l’épidémie de Covid-19. La détresse au travail est profondément présente dans les pratiques professionnelles, y compris chez les soignants les plus expérimentés et elle se concentre sur les questions managérialesDe nouveaux résultats qui soulignent le besoin d’un accompagnement psychologique global et organisé à tous les niveaux d’intervention.

Gènes et Hérédité : nouvelle approche de la dynamique et de l’évolution du vivant

RTFLASH   29/05/2020

En avril 1953, le généticien américain James Watson et son collègue britannique Francis Crick (décédé en 2004) rentraient dans l‘histoire en publiant dans la revue Nature une étude révélant la structure en double hélice de l’ADN humain. Cette découverte fondamentale leur vaudra le prix Nobel en 1962. Presque 50 ans jour pour jour après cette publication, le projet international de décodage du Génome Humain (Human Genome Project), publiait, au terme de 15 ans de recherche, en avril 2003, la première carte complète à 99 % du génome humain, riche de ses 3 milliards de paires de base. L’année suivante, en 2004, une nouvelle étape fut franchie avec le séquençage complet du génome humain qui s’appuie sur la compilation de séquences d’ADN de plusieurs personnes distinctes (en bonne santé).
En 1990, l’américain Steven Rosenberg tentera un premier essai de thérapie génique chez l’homme, un essai se fondant sur l’injection de lymphocytes T génétiquement modifiés chez des patients atteints de cancer. Il fallut attendre 2000, pour voir le premier succès d’une thérapie génique : le traitement des enfants atteints du déficit immunitaire combiné sévère (lié au chromosome X) par Alain Fischer, Marina Cavazzana et Salima Hacein-Bey-Abina.
En 2012, la biologiste française Emmanuelle Charpentier et sa collègue américaine Jennifer Doudna inventèrent l’outil d’édition génétique CRISPR, (Clustered Regularly Interspaced Short Palindromic Repeats ou Courtes répétitions palindromiques groupées et régulièrement espacées en français) qui permet d’éteindre ou d’activer à volonté un gène et de modifier ainsi le génome de n'importe quel organisme, en coupant de manière très précise une séquence dans un génome.
Mais, parallèlement à ces extraordinaires progrès dans la connaissance et le rôle des gènes et du génome en matière de biologie et d’évolution des êtres vivants, une autre discipline scientifique n’a cessé de se développer et est venue à la fois compléter et complexifier le scénario dominant de la prédominance du génome dans la construction du vivant, il s’agit de l’épigénétique. Cette discipline, aujourd’hui en plein essor, est pourtant apparue dès les années 1940, avec les travaux du biologiste et embryologiste Conrad Hal Waddington, étudiant les relations entre les gènes et l’environnement, puis les recherches du célèbre couple de biologistes Edward et Pamela Lewis qui mirent en évidence les premiers facteurs de régulation épigénétique, chez la mouche drosophile.
On sait aujourd’hui que plusieurs mécanismes, liés à notre comportement et notre mode de vie, notamment les méthylations de l’ADN et les modifications des histones (protéines autour desquelles s’enroule l’ADN pour former la chromatine) sont capables d’inhiber, ou au contraire d’activer un gène, sans toutefois changer la séquence de l’ADN elle-même. Les multiples changements qui interviennent dans notre environnement peuvent donc moduler ou modifier, de manière temporaire ou définitive, l’expression de nos gènes, ce qui a évidemment des effets majeurs sur notre santé et notre durée de vie.

Le très difficile déconfinement des enfants handicapés





Paris, le lundi 25 mai – Après avoir été pris en charge tant bien que mal par leurs familles pendant le confinement, les enfants handicapés reprennent le chemin de l’école en ordre très dispersé.

Entre la bonne volonté affichée par le gouvernement depuis plusieurs semaines sur la réouverture des écoles et la réalité dans les établissements scolaires, il y a un monde. Beaucoup d’enfants n’ont pu retourner à l’école que quelques jours et jamais dans des conditions normales. Le décalage est particulièrement important pour les enfants souffrant de handicap. Le ministre de l’Éducation nationale Jean-Michel Blanquer et la secrétaire d’Etat chargé du handicap Sophie Cluzel ont beau répéter que le retour à l’école des enfants handicapés est prioritaire, la réalité du terrain est tout autre.

Dernière ligne droite pour StopCovid





Paris, le mardi 26 mai – L’application de traçage des cas contacts du gouvernement est prête à être lancée, à condition que les parlementaires donnent leur accord.

Après près de deux mois d’une gestation difficile, StopCovid est là. L’application de « contact tracking » du gouvernement, qui doit permettre à chaque citoyen de savoir quand il a été en contact avec une personne infectée par le SARS-CoV-2 et ainsi briser les chaines de contamination, sera disponible en téléchargement dès le week-end prochain selon Cédric O, secrétaire d’État au numérique en charge du projet. D’abord prévue pour le début du déconfinement le 11 mai dernier, l’application sera donc opérationnelle pour sa deuxième phase, qui doit débuter le 2 juin.

La Covid-19 comme vous ne l'avez jamais vue





Londres, le mardi 26 mai – Le journal britannique Financial Times a regroupé plusieurs données épidémiologiques pour dessiner un portrait statistique de la pandémie de coronavirus.

Le temps d’une pandémie, les journalistes économiques du Financial Times, périodique de référence dans les milieux d’affaires européens, se sont convertis en épidémiologistes. Plus habitués à manipuler les chiffres de production, de rentabilité et de croissance, l'équipe du journal se penche désormais sur les nombres de morts et de contaminations pays par pays. Le Financial Times a ainsi mis en place un dossier épidémiologique complet en agglomérant des milliers de données statistiques, permettant ainsi de prendre véritablement conscience de l’ampleur d’une pandémie qui a tué à ce jour près de 350 000 personnes dans le monde.

Le déconfinement des certificats en tous genres affole les médecins




Paris, le mercredi 27 mai 2020 – La levée progressive du confinement et des mesures décidées pour limiter l’ampleur de l’épidémie de Covid-19 a entraîné le retour de nombreux salariés au travail ; notamment ceux pour lesquels la poursuite de leur activité à distance est impossible. Ce retour a coïncidé avec une multiplication des demandes de certificats médicaux émanant tant des employeurs que des salariés.