mercredi 15 mai 2024

TRIBUNE Pour une Europe sociale de la santé, pensons un secteur du soin non lucratif

par Eric Chenut, président de la Mutualité française  publié le 25 avril 2024

Le président de la Mutualité française, Eric Chenut, défend un socle commun concernant les droits sociaux, afin d’assurer à chacun un accès à la santé au bon endroit et au bon moment. Notamment en luttant contre la financiarisation du soin. 

L’Union européenne est confrontée à des défis structurels majeurs tels que les conséquences du dérèglement climatique, les enjeux portés par le développement du numérique, le vieillissement des populations ou la persistance des inégalités sociales.

Mutualistes, nous considérons que le socle européen des droits sociaux conserve, six ans après sa présentation, toute sa pertinence. Il vient conforter nos actions et ambitions pour le développement et l’adaptation des accompagnements afin de faire reculer les inégalités, anticiper les situations de fragilités individuelles ou familiales, et éviter les exclusions. Associé aux dispositifs de coordination des systèmes de sécurité sociale ou aux coopérations dans l’accès aux soins, il permet de favoriser l’accès aux droits et à la santé et d’apporter le bon service ou le bon soin au bon moment.

Sécurité sociale alimentaire en Gironde : le socialiste Jean-Luc Gleyze, un président qui aime les expérimentations

par Eva Fonteneau, correspondante à Bordeaux  publié le 25 avril 2024

A la tête du département aquitain depuis 2015, l’élu socialiste est convaincu que l’urgence sociétale et planétaire oblige les collectivités à «inventer de nouvelles solutions» qui associent la parole citoyenne et la recherche.

Un revenu de base pour les plus jeunes, un congé menstruel et ménopause pour les personnes travaillant au département, un revenu de solidarité agricole ou une sécurité sociale de l’alimentation… Qu’il échoue ou qu’il réussisse, face à la précarité grandissante ou au péril écologique, le conseil départemental de la Gironde multiplie les expérimentations en tout genre depuis dix ans, le plus souvent en tête de file. Au point de l’avoir érigé en méthode. «Quand j’ai été élu en 2015, j’ai proposé que l’innovation et l’expérimentation soient une voie que creuse systématiquement le département. Je le répète encore aujourd’hui, il faut oser se tromper et surtout oser réussir pour faire avancer les choses», pose d’emblée Jean-Luc Gleyze, le président socialiste de cette collectivité fixée à gauche depuis 1976 (mis à part une parenthèse RPR entre 1985 et 1988). Une prise de risque «nécessaire» pour cet élu de 61 ans, convaincu que l’urgence sociétale et planétaire oblige les collectivités à «inventer de nouvelles solutions beaucoup plus rapidement que par le passé». A condition d’y associer la parole citoyenne et la recherche.

« Ces artistes sont des visionnaires » : une des plus grandes collections d’art brut au monde exposée à Rome


« Ces artistes sont des visionnaires » : une des plus grandes collections d’art brut au monde exposée à Rome

Jorge Alberto Hernández Cadi, Sans titre, vers 2015, collage, coupures de presse, papier et broderie sur papier, 34,5 x 24,5 cm © Collection Bruno Decharme

« Épopées célestes » présente, dans les magnifiques espaces d’exposition de la Villa Médicis à Rome, 180 œuvres de la collection d’art brut de Bruno Decharme, une des plus importantes au monde, jusqu'au 19 mai.  

De grandes toiles colorées et luxuriantes d’Aloïse (1886-1964) accueillent le visiteur à l’entrée de l’exposition, de part et d’autre de l’accès aux lieux. À gauche, une femme à l’ample chevelure ondoyante blonde aux joues roses et aux grands yeux bleus et fixes, se tient aux côtés d’un beau militaire de l’entourage de Guillaume II, aux mêmes grands yeux bleus et fixes. Hospitalisée en 1918 à l’âge de 32 ans, Aloïse est restée enfermée jusqu’à sa mort dans un établissement psychiatrique situé près de Lausanne (Suisse) où elle dessine et met en scène, pour se réconcilier avec la vie, des portraits hiératiques de couples princiers, aux côtés de danseurs virevoltants.

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Réseau Intermed : des infirmiers au plus près des populations isolées



PAR  
SUSIE BOURQUIN -   PUBLIÉ LE 24/04/2024

Créé en 2008 et présent dans 17 départements français, le réseau Intermed (dont le siège est basé à Lyon) accompagne vers et dans le soin les personnes logées en foyers de travailleurs migrants et en résidences sociales. Soutenues par toute une équipe, des infirmières-médiatrices de santé, spécialisées dans le soin relationnel, se démènent chaque jour pour faire soigner ces personnes isolées et vulnérables. 

ville de Lyon

Farida Boumedjane, infirmière depuis 7 ans au sein du Réseau Intermed dans le Nord Isère (Auvergne-Rhône-Alpes), intervient auprès de demandeurs d'asile et de personnes en situation de précarité qui vivent en résidence sociale, sans limite d'âge. Le point commun de ses patients : ils sont logés, mais isolés. Et donc vulnérables. Cette infirmière ne réalise aucun soin technique, ni piqûre, ni pansement, mais «exclusivement du soin relationnel, de l'accompagnement, de la coordination et de la médiation», énumère-t-elle. «C'est à dire qu'on va vers les gens. Quand on ne voit plus quelqu'un depuis quelques temps, on va toquer aux portes». La mission de ces infirmiers-médiateurs santé, comme on les appelle : s'assurer que les gens aient bien accès à tous les soins de santé auxquels ils ont droit. 

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Les enfants ont droit à une vie privée, n’en déplaise au gouvernement




Par  Julia Vergely   Publié le 24 avril 2024

L’enfant est une personne. Est-il utile de le rappeler ? L’enfant est une personne. Est-il utile de le rappeler ?  Photo Chau-Cuong Lê/Hans Lucas


La Convention internationale des droits de l’enfant et le Code civil sont clairs : les mineurs ont droit au respect de leur espace privé. Ce qui n’empêche pas la secrétaire d’État chargée de la Citoyenneté de souffler sur les braises.

Jeudi dernier, Gabriel Attal fêtait ses cent jours à Matignon en prônant un « sursaut d’autorité » face à un « glissement d’une partie de notre jeunesse » vers une « violence sans règle », déroulant une litanie de mesures répressives envers les enfants et les « parents défaillants » – sans en discuter la faisabilité, ni les moyens alloués. Depuis, plusieurs ministres font le service après-vente sur les plateaux. Mardi matin, Sabrina Agresti-Roubache, secrétaire d’État chargée de la Ville et de la Citoyenneté, était l’invitée de France 2. Elle a exhorté les parents à « reprendre confiance » en eux et a remis en cause, très largement et sans vergogne, le droit des enfants à une vie privée. « Parents, l’autorité, c’est vous ! […] Ce qui me frappe, c’est de penser qu’un adolescent a une vie privée. Un adolescent est un mineur, donc les parents ont le droit de fouiller dans le téléphone, de chercher quelque chose dans la chambre. » Et d’ajouter : « Moi, non seulement je surveille [ma fille adolescente], non seulement je me mêle, non seulement je protège et non seulement je sanctionne s’il y a un problème… Ce qui est dingue, c’est qu’on a voulu démissionner les parents en disant : attention, [les enfants] ont le droit à avoir leur vie privée. Non ! »

Or, il faut le réaffirmer : si, les enfants ont bel et bien droit à une vie privée ! Deux textes garantissent cette notion, essentielle, bien que difficile à définir, voire à concevoir pour les adultes. Une ministre devrait le savoir. D’abord l’article 16 de la Convention internationale des droits de l’enfant (ratifiée par la France en 1989), qui est on ne peut plus clair : « Nul enfant ne fera l’objet d’immixtions arbitraires ou illégales dans sa vie privée, sa famille, son domicile ou sa correspondance, ni d’atteintes illégales à son honneur et à sa réputation. » Ensuite, l’article du Code civil définissant l’autorité parentale appelle à garantir la protection d’un enfant « dans sa sécurité, sa santé, sa vie privée et sa moralité, pour assurer son éducation et permettre son développement, dans le respect dû à sa personne ».

Devoir parental

Le droit des enfants à une vie privée avait d’ailleurs été l’objet du rapportannuel de la défenseuse des droits, Claire Hédon, et du défenseur des enfants, Éric Delemar, en 2022. On y lisait que si la protection des enfants est un devoir parental, il ne saurait prévaloir face au respect de la pudeur et d’un espace à soi. « Reconnaître aux enfants leur droit à la vie privée, c’est les considérer comme sujets, sans méconnaître leur statut d’enfant à protéger et à émanciper. » Éric Delemar rappelait, à raison, que l’absence de vie privée peut être une source de violence. « On considère rarement que les enfants ont droit à une vie privée. Sans doute les adultes ont-ils peur que cela veuille dire liberté à tous crins. Mais il s’agit simplement d’avoir un espace à soi, pour développer son imaginaire et se créer une identité propre, confiait-il à Télérama. Si les parents sont tenus d’assurer la sécurité, la santé, l’éducation et l’épanouissement de leurs enfants, cette autorité parentale a pour finalité l’intérêt de l’enfant : elle doit s’exercer sans violence physique ou psychologique. » Le gouvernement n’est visiblement pas tout à fait au point sur ce dernier élément.

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Comment faire collectif ? Retours sur 48 expériences contemporaines

Année d'édition : 2024

ARNOULD MagaliELLENBERGER AïalaGILON ChristianePEETERS Archibald

Comment faire collectif ? Retours sur 48 expériences contemporaines

Cet ouvrage est double. Il se découvre par son recto ou son verso, qui sont les versants, pile et face, d’une contribution à l’art d’analyser, d'accompagner ou de vivre le collectif dans une perspective d'émancipation. Que l’on y prenne part ou que l’on y intervienne comme tiers, l’ouvrage donne des clés pour comprendre et traverser les crises que les collectifs ne manquent pas de rencontrer.


Parlez-vous Public : Santé mentale : état d’urgence et enjeu de société !

Publié le 24 avril 2024 

TRIBUNE

Le chercheur au CNRS voit dans les discours punitifs à l’encontre des jeunes une « rengaine » alimentant « un discours anxiogène » et il regrette, dans une tribune au « Monde », que les moyens manquent pour prendre en charge les mineurs en danger, de plus en plus nombreux.

Une fois de plus revient sur le devant de la scène politique et médiatique le thème des mineurs délinquants, qui seraient de plus en plus jeunes et de plus en plus violents. Premier ministre, ministres, préfets et syndicalistes policiers reprennent tous cette assertion pour désigner une menace qui viendrait fragiliser la tranquillité et la cohésion de la société.

L’actualité, il est vrai, invite les responsables à réagir : les meurtres de Grande-Synthe (Nord), Romans-sur-Isère (Drôme) ou Viry-Châtillon (Essonne) et l’agression de Montpellier, lors des deux premières semaines d’avril, choquent l’opinion publique. Faut-il pour autant en conclure que nous avons affaire à un phénomène de masse, accentué par les réseaux sociaux et la perte du sens de l’autorité et du devoir parmi les plus jeunes ? Sans minimiser l’émotion légitime suscitée par ces événements, on peut néanmoins observer que les chiffres disponibles ne confirment pas cette impression.

L’Académie de médecine questionne « l’irrationnalité » dans les soins

Publié le 

Alors que l’attrait des patients pour des soins reposant sur des conceptions non scientifiques semble de plus en plus important, un rapport de l’Académie nationale de médecine formule plusieurs recommandations en terme de formation des futurs médecins à l’alliance thérapeutique et de lutte contre les « informations fallacieuses »

Un nombre important de personnes se tournent vers des thérapies non conventionnelles, parfois au détriment de leur santé. Les motivations sont nombreuses : insatisfaction vis à vis du système de santé et de ses acteurs notamment du fait d’une perte de sens dans le soin, sentiment de méfiance envers la science, informations fallacieuses et complotisme étalés sur les réseaux sociaux.

Dans un tel contexte, les soignants peuvent se sentir démunis face à des comportements qu’ils jugeront comme manifestement irrationnels.L’irrationalité d’un comportement est cependant un concept délicat à manier et qu’il faut considérer avec prudence dans le cadre de la relation médecin malade. Lors de la rencontre avec un patient la question de la finitude de la vie n’est jamais totalement absente. Construire une alliance thérapeutique implique souvent de prendre en compte une telle réalité. L’Académie nationale de médecine se doit de rappeler que la pratique clinique repose sur la maîtrise d’un savoir hautement scientifique et technique mobilisé dans le contexte d’un dialogue entre deux êtres humains, chacun empreint de sa propre subjectivité. Des pistes concrètes sont proposées dans ce rapport, dans les domaines de l’exercice clinique, de la formation des soignants, de l’information des patients et plus généralement des citoyens. Il s’agit d’un enjeu de toute première importance pour garantir un système de soin à la fois bienveillant et efficace, conditions nécessaires pour éviter le recours à certains soins alternatifs potentiellement délétères. C’est à ces conditions que notre système de soin sera véritablement « rationnel ».

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mardi 14 mai 2024

La consommation de drogues chez les adolescents est en baisse

Serge Cannasse   8 févr. 2024

L’Enquête nationale en collèges et lycées chez les adolescents sur la santé et les substances (EnCLASS) a été réalisée entre mars et juin 2022 auprès de 9 566 élèves du secondaire au moyen d’un questionnaire en ligne. Conduit régulièrement depuis 2010, ce type d’enquête permet de suivre l’évolution de leurs consommations de drogues licites ou illicites (principalement alcool, tabac, cannabis). Les résultats de 2022 ont été publiés.

Une évolution encourageante des usages

Pour la plupart, ils sont encourageants. Depuis 2010, on observe une baisse continue des usages de drogues à l’adolescence (moins d’expérimentations, moins d’usages réguliers) et un recul important des âges d’initiation. Cette baisse ne signifie pas la disparition de ces usages. 

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Arrêts de travail : le mic-mac de la mise sous accord préalable

Jacques Cofard   15 avr. 2024

Après une pause durant la pandémie de Covid-19, l'Assurance maladie avait décidé de reprendre les contrôles des prescriptions d'indemnités journalières (IJ) par des médecins, constatant une inflation de ces arrêts de travail sur la période 2022-2023.

Pour ce faire, l'Assurance maladie dispose de deux outils : la mise sous accord préalable (MSAP) et la mise sous objectif (MSPO).

La MSAP oblige les médecins sous contrôle à demander l'autorisation de l'Assurance maladie avant la prescription d'un arrêt de travail, tandis que la MSO fixe un seuil limite de prescriptions d'IJ sur une période donnée, pour le médecin qui y est astreint.

Depuis janvier 2024, un peu de moins de 500 médecins sont placés sous la procédure MSAP, et 400 MSO sont en cours. La cellule juridique du syndicat Fédérations des médecins de France (FMF) suit de très près les médecins mis sous MSO/MSAP et vient de publier un rapport circonstancié des errements de la procédure MSAP.

Bugs informatiques

Ainsi la FMF note une série de bugs informatiques et d'incohérences administratives qui peuvent déboucher sur une issue dramatique pour le médecin sous contrôle, comme le paiement d'une pénalité de plus de 7 000 euros...

Les médecins sous MSAP doivent fournir à leur caisse primaire d'assurance maladie (CPAM) un justificatif de prescription d'arrêt de travail. Ce justificatif doit être adressé de manière dématérialisée sous format word. Premier bug : le logiciel de transmission (EMS améli pro) des documents vers l’assurance maladie refuse le format Word... Conséquence de ce blocage : « La non-réception de ce justificatif par la CPAM peut être considérée comme un “blocage au contrôle” avec sanction à la clé. »

Ainsi, pour pallier ce bug, de nombreux médecins écrivent leur justificatif dans le corps du message adressé à la CPAM, « mais ils sont alors limités par la place dédiée », s'offusque la FMF. Qui note : « C’est du bricolage, non seulement les généralistes sont harcelés sur ce sujet mais la CNAM n’a pas mis à leur disposition les outils adaptés. »

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Les contes : et ils éduquèrent beaucoup d'enfants...

Lundi 22 avril 2024

Provenant du podcast

Être et savoir

Illustration de Gustave Doré pour "Le Petit chaperon rouge" de Charles Perrault (1862, planche) ©Getty - Gustave Doré

Que nous apprennent les contes aujourd'hui, qu'on soit un jeune ou un "vieux" lecteur ?

Avec

Jennifer Tamas Professeure à Rutgers University (New Jersey), spécialiste de la littérature française de l’Ancien Régime et essayiste

Pierre-Emmanuel Moog Chargé de recherche à la Bibliothèque nationale de France, spécialiste du conte comme genre littéraire

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Harcèlement sexiste et sexuel : « le seul changement, c'est que maintenant, quand on en a assez de se faire harceler, on fuit l'hôpital »

18 avril 2024

Jacques Cofard

Depuis la parution ce mercredi d'un entretien dans Paris Match de la Pre Karine Lacombe, cheffe de service hospitalier des maladies infectieuses à l’hôpital Saint-Antoine (Paris) qui accuse le Dr Patrick Pelloux, président de l'Association des médecins des urgentistes, de « harcèlement sexuel et moral » — lequel dénonce une calomnie et se défend en évoquant de la « grivoiserie » —, les langues se délient sur les réseaux sociaux quant au harcèlement sexuel à l’hôpital. Rappelons que Medscape France y avait consacré une enquête dès 2019, dans laquelle plus de 1000 praticiens exerçant en France, avaient apporté leur témoignage (voir Enquête : harcèlement sexuel dans le milieu médical en France).

Sur X, sous le hastag combiné #Metoo #Hopital, de nombreux témoignages de victimes voient le jour, comme celui, choquant, d'Éloïse Nguyen-Van Bajou : « J’ai été agressée par un collègue avec qui je bossais aux urgences, un soir de fête de service. Les violeurs ne sont malheureusement pas des monstres. Ce sont nos collègues, nos meilleurs potes, nos frères. Éduquez vos garçons.  ».

Le syndicat des internes des hôpitaux de Paris (SIHP) a lancé un appel à témoignage pour lancer des procédures. Tout comme le syndicat Sud santé sociaux. La Fédération hospitalière de France a salué pour sa part la libération de la parole des femmes, et le ministre délégué à la santé, Frédéric Valletoux, réunira la semaine prochaine les associations, syndicats, directeurs d'hôpital, pour prendre des mesures afin de lutter contre ce mal endémique que sont les violences sexistes et sexuelles. La Dre Anna Boctor, membre du syndicat Jeunes médecins, avait dénoncé la discrimination de genre en 2019, pour en avoir elle-même été victime. Depuis c'est une militante active contre les violences sexistes et sexuelles (VSS). Nous l’avons interviewé sur la persistance de comportements sexistes totalement inappropriés et inacceptables dans le contexte hospitalier.

Medscape édition française : Avez-vous été étonnée par cette vague MeToo à l'hôpital, à la suite de la dénonciation des agissements du Dr Patrick Pelloux par la Pre Karine Lacombe ? 

Dre Anna Boctor : Le Dr Pelloux avait une réputation dans le milieu.

Ce qui veut dire qu'une réelle omerta existe dans le milieu hospitalier ? 

Dre Boctor : oui c'est ça. Le fait que l'on discrimine les femmes dans l'avancement de leur carrière et le fait qu'on les harcèle sexuellement, cela se rejoint, cela fait sens. Ce sont des violences sexuelles et sexistes. Tous les ingrédients sont réunis pour favoriser ce type de comportements. Traditionnellement, il n'y avait pas de femmes en médecine. Avec le temps, les femmes ont investi les études de médecine mais malgré cela, ça n'a pas inversé la tendance pour les postes de pouvoir, qui restent aux mains de la gente masculine. C'est un problème complexe, qui combine plusieurs facteurs : le plafond de verre imposé aux femmes, souvent déterminé au moment de la grossesse, le maintien d'une caste au sommet du pouvoir médical qui cultive un entre-soi et parmi lesquels on compte nombre de harceleurs qui pratiquent l'abus de pouvoir. Si une victime dépose plainte contre l’un des membres de cette caste, elle risque de voir sa carrière brisée.

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Chronique «Aux petits soins» L’Icrepse, un institut de recherche citoyen pour mieux comprendre les rapports environnement-santé

par Eric Favereau   publié le 23 avril 2024

A l’occasion de la diffusion du documentaire «Contrepoisons, un combat citoyen», retour sur l’histoire de l’Institut citoyen de recherche et de prévention en santé environnementale, né du combat de parents d’enfants atteints de cancers inexpliqués dans la Loire-Atlantique.

Marie Thibault a tout lieu de sourire, en cette matinée de printemps 2024. Son fils va bien, il est pleinement guéri de son cancer. Et elle a trouvé «la perle rare», Solenn Le Bruchec, pour diriger l’Institut citoyen de recherche et de prévention en santé environnementale (Icrepse), ce lieu de recherche absolument inédit en France, né de son combat autour du collectif qu’elle a créé «Stop aux cancers de nos enfants». L’Institut existe. Il va vivre, a de l’argent pour trois ans minimum et vient de s’installer dans les bureaux de l’ancienne mairie de Saint-Même-le-Tenu en Loire-Atlantique. Enfin, ce jeudi, est diffusé sur France 3 un documentaire sur cette ouverture et cette mobilisation peu commune (1) qui a abouti à cette naissance. Bref, la météo est, enfin, clémente.

Toulouse : Un spectacle de super-héros joué par les patients et soignants de l’hôpital Gérard Marchand

Publié le 

Le collectif "Sonner dans les roches" monte un spectacle de super-héros/héroïnes. Particularité, la représentation est assurée par des soignants et des patients de l’hôpital Gérard Marchand. Deux dates sont prévues, dont une ce mardi.

Le spectacle, intitulé "Super H" interroge la figure populaire du super-héros, ses représentations dans la culture et explore également l’histoire de ces héros. Un résumé du spectacle, garantit sans spoilers : Nous sommes en 2035 et il fait chaud, très chaud. En cause, le réchauffement climatique. L’agence spatiale fictive Naso a lancé sa mission la plus importante. Éloigner le soleil de notre planète, pour diminuer la température sur terre afin de sauver l’humanité. Il suffirait d’éloigner notre étoile de quelques kilomètres, vingt-deux kilomètres pour sauver le monde.

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Saint-Alban, soigner sans contrainte

Chantiers de culture 

Aux éditions du Seuil, Camille Robcis publie Désaliénation, politique de la psychiatrie. De l’hôpital de Saint-Alban à la clinique de La Borde, la chercheuse décrit les premiers pas de la psychothérapie dite « institutionnelle » : l’autre façon de traiter ceux qui sont considérés comme fous. Paru dans le mensuel Sciences Humaines (N°367, avril 2024), un article de Frédéric Manzini.

Tout a commencé à l’hôpital de Saint-Alban, dans un petit village isolé de Lozère, pendant la Seconde Guerre mondiale. François Tosquelles, psychiatre catalan réfugié en France après la guerre civile espagnole, nourrit le projet d’expérimenter une autre façon de traiter ceux qui sont considérés comme des fous. Ce sera le premier pas de la psychothérapie dite « institutionnelle », dont Camille Robcis, directrice du département des « French Studies » à l’université Columbia de New York, retrace ici l’histoire dans Désaliénation, politique de la psychiatrie, tout en se refusant à porter un jugement de valeur d’un point de vue clinique. Désaliéner, c’est traiter autrement la psychose : refuser toute autorité, toute discipline et même toute hiérarchie entre soignants et patients, placer le lien au centre du soin, lier étroitement la théorie et la pratique, s’appuyer sur des outils issus de l’anthropologie, de la sociologie, de l’art et de la psychanalyse.

De fait, l’initiative suscite rapidement l’intérêt de médecins comme Jean Oury, mais aussi d’artistes comme Paul Éluard et Jean Dubuffet et de penseurs comme Frantz Fanon, Félix Guattari et Michel Foucault. D’hôpital à visée thérapeutique, Saint-Alban est devenu un « laboratoire d’invention politique » qui entend lier l’émancipation psychique à l’émancipation sociale et politique.

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