jeudi 17 mars 2011

La spiritualité en psychiatrie
23-02-2011


Des aumôniers réalisent un travail à la frontière entre maladie et spiritualité.

Reportage à Cery


Les aumôniers Hervé Martin, Madeleine Lederrey et Hans Ruedi Meier
Photo : bn

La voix aérienne de Muriel* résonne dans l’église. Ses mains dansent avec virtuosité sur le clavier du piano. Un «Ave Maria» de sa composition remplit toute la chapelle bâtie au cœur du complexe hospitalier de Cery à Prilly. D’autres patients entrent dans l’église, accompagnés des deux aumôniers protestants, Madeleine Lederrey et Hervé Martin. C’est l’heure de la prière hebdomadaire.

Le personnel de l’important hôpital de Cery compte trois aumôniers à temps partiel – un catholique, deux protestants. «Je reste toujours étonné par l’effet de la prière, confie Hervé Martin. Les patients se sentent apaisés, émus. Et pas seulement les chrétiens. Quand un musulman me demande de prier avec lui, j’utilise des mots qui nous sont communs, comme l’Eternel.» Son travail est fait de visites, d’entretiens, de groupes de parole et de recueillements. Le besoin spirituel est énorme en psychiatrie.

Un temps d’échange suit la méditation. Sept patients et les aumôniers ont pris place dans l’espace salon au fond de la chapelle. Muriel se lance: «J’aime bien ce moment, je me sens protégée par Dieu. Dehors, la présence divine n’est pas la même.» La discussion démarre aussitôt. Thérèse*, hospitalisée pour quelques jours, n’est pas d’accord: «Dieu nous donne le soleil et la nature. Tout ce qu’on arrive à faire de mieux au quotidien, c’est grâce à sa présence.» Elle parle alors de sa tristesse d’être séparée de sa famille. «La maladie est-elle une punition de Dieu?» demande une personne du groupe. «Non!» «C’est possible.» «Oui, je crois qu’on est puni par Dieu.» Les réponses des patients fusent. L’aumônier laisse chacun s’exprimer. «Le but de Dieu, c’est notre bien», reprend Thérèse. Muriel acquiesce: «Aux yeux du Saint-Esprit, je suis saine d’esprit. Il défendra ma cause. Un jour, je serai guérie, je suis une battante.»

«Je vais vous choquer, je suis athée», coupe une jeune femme qui avait gardé le silence. Noémie* raconte les maltraitances qu’elle a vécues enfant et demande pourquoi un Dieu bon a laissé faire. Des larmes perlent au coin de ses yeux. «J’aimerais bien pouvoir me raccrocher à Dieu, mais j’ai peur d’être déçue encore une fois. Je préfère m’accrocher à moi.» Thierry*, un patient d’une cinquantaine d’années, la regarde avec compréhension. Il a vécu des souffrances proches: «Tout n’est pas à cause de Dieu. Il n’a pas voulu que des gens vous fassent du mal, mais il a souffert avec vous. Il est de notre côté», affirme-t-il. La discussion a pris une tournure saisissante. L’aumônier la conduit avec professionnalisme. Noémie conclut: «Quand je ne suis pas en traitement, mon histoire est une cicatrice ouverte. Mais quand je vais bien, j’y vois du positif: elle m’a rendue plus forte.»


Un rôle à part



Les aumôniers se sont réunis dans leur bureau. «Les personnes qui viennent à Cery traversent un moment de fragilité et de crise, explique Madeleine Lederrey. Leurs repères sont bousculés. Il est important pour eux de donner du sens à ce qu’ils vivent et de se reconstruire.»


La religion est-elle vraiment une aide ? «Ce qui est aidant, c’est de faire un cheminement spirituel, répond la pasteur. La foi dit la confiance que la vie peut être bonne. Nous sommes témoins de cette espérance. Nous accompagnons des gens qui se relèvent.» Les non-croyants sollicitent d’ailleurs aussi les aumôniers. «Il y a une spiritualité laïque, précise la pasteur. Parler des forces de vie de la personne, échanger sur le sens, c’est déjà spirituel.»

Les aumôniers occupent une place particulière dans l’hôpital. Ils ne peuvent ni prescrire de médicaments, ni modifier le traitement d’un patient. «Notre impuissance crée une liberté qui ouvre des fenêtres inattendues. Les patients abordent librement certaines questions avec nous», se réjouit Hervé Martin, qui travaille également à l’hôpital de Nant.

Les aumôniers font aussi entendre leur voix dans les paroisses. «Nous essayons de casser l’image négative de la maladie psychique. Le regard déconsidéré de la société rend l’hospitalisation plus pénible à supporter. Cela peut pourtant arriver à tout le monde et, de Cery, on en ressort !» souligne Madeleine Lederrey.
G.D.

* Prénom d’emprunt

mercredi 16 mars 2011


La Chine va promulguer une loi sur la santé mentale en 2011
  2011-03-11 xinhua
La Chine projette de promulguer une loi sur la santé mentale en 2011, a annoncé jeudi un haut législateur en marge de la session parlementaire annuelle en cours.

 

(APN, le parlement chinois)

La loi va mettre l'accent sur la responsabilité du gouvernement en ce qui concerne non seulement le bien-être matériel des citoyens, mais aussi leur santé mentale, a déclaré lors d'une conférence de presse, Xin Chunying, la directrice adjointe de la Commission des Affaires législatives du Comité permanent de l'Assemblée populaire nationale .

Les statistiques publiées par le Centre chinois de prévention et de contrôle des maladies en 2009 montrent qu'en Chine, plus de 100 millions de personnes sont victimes de maladie mentale, dont 16 millions sont gravement malades.


Les autres lois que le Comité permanent de l'APN envisage de promulguer cette année, comprennent la loi sur la contrainte administrative et la loi sur l'administration des entrées et sorties.


Selon Xin Chunying, ces lois reflètent toutes les derniers développements sociaux, et pour améliorer son système juridique, la Chine va continuer à promulguer de nouvelles lois et réglementations afin de résoudre les problèmes sociaux émergeant.


Les autres principes à respecter pour améliorer le système juridique comprennent selon elle la révision des lois et des réglementations existantes ainsi que des démarches afin de rendre celles-ci plus faciles à instaurer en promulguant des lois et des réglementations de soutien.


Les lois qui vont être révisées cette année comprennent la loi sur le budget, la loi sur la Prévention et le Contrôle des Maladies Professionnelles, la loi sur la Procédure Pénale, la loi sur la Procédure Civile, entre autres, a détaillé Xin Chunying.


La maison Arc en ciel, ouverte sur la société
Par C. Roland

L'association Arc en ciel à Marmande (47).


Semaine de la santé mentale : zoom sur une maison où les malades, leur famille et des soignants se retrouvent.

A Marmande, depuis deux ans, une structure singulière tente de faire un pont entre le monde des patients ou anciens patients psychiatriques et la société : c'est l'association Arc-en-ciel.

Cet accueil est indépendant des structures psychiatriques est géré par d'anciens patients. Cette maison, ouverte, est fréquentée par une quarantaine de personnes, qui paient leur adhésion et financent leurs loisirs. Le loyer et les charges peuvent être assurés grâce aux subventions publiques.

"C'est un outil d'intégration, de reconnaissance, aux yeux des gens qui nous entourent et de la société", explique Alain Martin, infirmier au sein de l'Arc en ciel.


La structure est supervisée par des psychiatres bénévoles, comme le docteur Laure Dalmagne, psychiatre hospitalière de l'association : "c'est complémentaire de certains traitements au long cours, notamment de la psychiatrie institutionnelle, qui permet justement cette avancée du patient. En sortant de l'hôpital fermé, aller vers un hôpital plus ouvert et reprendre une place sociale."



Voir la vidéo ici


Près de 10 000 postes en moins dans les hôpitaux publics en 2009

Les effectifs des hôpitaux publics sont passés de 762.790 en 2008 à 752.986 en 2009, a indiqué mardi la Fédération Hospitalière de France (FHF), qui redoute que le mouvement se soit amplifié en 2010. «En dehors du secteur médico-social, plus de 9.800 emplois ont été supprimés dans les hôpitaux publics, dont près de 5.000 personnels soignants», a souligné dans un communiqué la FHF. Ces données n'incluent pas les effectifs de médecins. Les suppressions de postes en 2009 ont représenté «plus d'un départ à la retraite d'agent sur quatre» non-remplacé, a souligné la FHF. Ce chiffre «devrait encore croître en 2010 au vu de la contraction constatée de la progression des dépenses de personnel dans les comptes des hôpitaux publics», a-t-elle estimé.


Saint-Gaudens. Inquiétudes sur la psychiatrie
Jean-Jacques Dard

14/03/2011

L'hôpital de jour et les centres d'activités thérapeuthiques et médico-psychologiques./Photo DDM Jal
L'hôpital de jour et les centres d'activités thérapeuthiques et médico-psychologiques./Photo DDM Jal
L'hôpital de jour et les centres d'activités thérapeutiques et médico-psychologiques./Photo DDM Jal

Quel avenir pour la psychiatrie ? Les représentants du personnel de l'hôpital de Lannemezan se disent inquiets. Jean-Francis Dupuy et Valérie Noël expliquent : « La psychiatrie de Lannemezan couvre les Hautes-Pyrénées mais aussi le Comminges. Les projets qui voient le jour mettent en péril la prise en charge des patients. »


À la fin, de l'année deux autorisations arrivent à terme, poursuivent les deux syndicalistes : « La demande de renouvellement de l'autorisation d'exercer la psychiatrie a été refusée par l'agence régionale de santé, cette autorisation étant soumise à trois injonctions : installer des lits de psychiatrie dans les hôpitaux de Tarbes et Saint-Gaudens, établir un projet pour les unités d'hospitalisation de psychiatrie au long cours. La conséquence c'est la fermeture de 65 lits de psychiatrie. D'autre part, nous avons une convention avec 22 maisons de retraites du Comminges. Le projet prévoit la fermeture de l'unité de psychogériatrie qui a été créée en 1993. La conséquence c'est que les patients ne seront plus pris en charge par la sécurité sociale à 100 % ».

La direction rassure

Pour sa part, Alain Baqué, directeur de l'hôpital de Lannemezan, répond : « On ne supprime pas des lits mais on crée des moyens supplémentaires pour développer des soins actifs plus près des patients, deux centres de crise de 28 lits à Tarbes et Lannemezan et une hospitalisation de jour possible 7 jours sur 7 au lieu de 5 actuellement.

Enfin, un hébergement des patients en appartements thérapeutiques va être proposé sur l'ensemble des Hautes-Pyrénées et du Comminges. Il n'y a donc aucune inquiétude à avoir ».


Les délégués du personnel ne l'entendent pas ainsi : ils ont lancé une pétition et vont rencontrer les candidats aux élections cantonales. « Le conseil général a en charge le budget social, notamment concernant les personnes âgées. Et on est en train de transférer le domaine de la Santé vers ce secteur Social ».

Psychiatrie : réforme où "déraison d'État"  ?

Le projet de loi voulu par Nicolas Sarkozy sur les conditions d'internement en hôpital psychiatrique révolte la grande majorité de la profession. Un collectif d'intellectuels dénonce un projet de loi où « seul le trouble à l'ordre public est pris en compte ».

A la veille de l'examen par l'Assemblée nationale du projet de loi modifiant les conditions de soins ou d'internement en hôpital psychiatrique, la tension monte. En quelques jours, la pétition lancée par le Collectif des 39 contre « la nuit sécuritaire » a recueilli près de 10 000 signatures. Et du côté de la profession, la potion est amère. On est aux portes d'une « réforme élaborée à la va-vite et qui n'agit que sur la peur » s'insurge l'Union nationale des psychiatres mobilisée depuis plus d'un an. « Avant d'en arriver à la loi de 1990 qui régit tout acte psychiatrique, nos concitoyens avaient mis 10 ans », rappelle Patricia Parry, psychiatre à l'hôpital Marchant. « L'actuel gouvernement a légiféré en 10 mois sur un sujet qui méritait une large consultation nationale ! » Qu'on le veuille ou non, la loi sur l'internement est une loi sur les libertés individuelles.

À la demande d'un Nicolas Sarkozy, pressé d'en finir avec la question depuis le meurtre d'un étudiant à Grenoble par un malade mental en fuite en 2008, le conseil des ministres a adopté le projet de loi le 26 janvier dernier. Dans ses grandes lignes, il prévoit la possibilité de soigner des patients sous contrainte, même quand ils ne sont pas hospitalisés. L'hospitalisation d'office est, elle, remplacée par les « soins sans consentement sur décision du représentant d'État ».

Seul hic, « aujourd'hui, toute déviance, tout « trouble » est signe d'une maladie mentale : le handicap professionnel (chômage…), l'opposition, la délinquance sont devenus très officiellement des symptômes psychiatriques » explique Olivier Labouret, président de l'Union des psychiatres. Et d'ajouter : « Le durcissement des pratiques sécuritaires est très net et s'accélère : nombre de personnes n'ayant plus de troubles mentaux susceptibles de porter atteinte gravement à l'ordre public se voient refuser leur sortie de l'hôpital, au mépris du droit et de la clinique, uniquement par peur d'une récidive ! » Qu'en sera-t-il demain du jeune de 18 ans, diabétique, parti faire la fête avec ses copains avant de se retrouver à l'hôpital parce que trop imbibé et en état d'agitation intense - effet secondaire bien connu ? Une hospitalisation sous contrainte ? Un fichage pour troubles psychiatriques ? Un tiers de la population française souffre de troubles psychiques. Une manifestation est prévue devant l'Assemblée dès demain, jour de l'examen du projet de loi en séance publique.

Le chiffre : 70 000

Patients > Internés. En France, ils sont 70 000 patients à être internés dans des hôpitaux psychiatriques. 60 000 l'ont été à la demande de tiers, 10 000 ont été hospitalisés d'office.


Loin de l'hôpital psy, ils sont citoyens dans la ville

lundi 14 mars 2011

À Nantes, des structures soutiennent, dans leur thérapie, des patients autonomes. Et leur permet une réinsertion en douceur dans la société.

Reportage

16 h, la partie de Pictionary se termine à la maison de quartier de l'île. Claire et Nicole viennent de partager un bout d'après-midi, oubliant leurs maux pendant quelques heures. Ces deux femmes souffrent de maladies psychiques. Autonomes, elles vivent dans leur appartement du centre-ville. Et fréquentent le centre d'accueil thérapeutique Philéas-Fogg de Nantes (1), qui maintient le lien avec l'extérieur et propose des activités.

« Depuis que je viens, j'ai appris à me débrouiller toute seule, je suis moins timide »,
confie Nicole. « Cela m'aide à sortir plus, à accepter les autres, ça me fait un plus dans ma vie. On discute, on apprend par quelles épreuves sont passées les autres, on n'est pas tout seul », témoigne Claire.


« Ce centre d'accueil thérapeutique est l'une des alternatives à l'hospitalisation en psychiatrie »,
appuie Claire Lesieu, cadre de santé. « Ici, nous ne sommes ni dans la contrainte ni dans l'urgence, mais pour réinsuffler du plaisir, du désir », explique Yannick Magendie, l'un des cinq infirmiers du centre.


Sur indication médicale, les patients choisissent ou non de pousser la porte. Ils sont « relativement stabilisés », 80 % sont des psychotiques (schizophrènes) et 20 % ont des problèmes névrotiques (dépression, alcoolisme, addictions, etc.).

« Le jour où ils sont décidés, nous sommes là »

Chaque semaine, les patients suivis, une centaine, reçoivent le programme des animations. « Cette population souffre beaucoup, est très isolée socialement. Ce courrier reste très important pour eux, il montre qu'ils existent. Le jour où ils sont décidés, nous sommes là », souligne Soizic Tapon, qui travaille auprès d'eux à Philéas-Fogg. Bowling, randonnée, relaxation, atelier cuisine, cinéma, etc. : « Nous leur fixons rendez-vous dans différents lieux, des maisons de quartier, des musées, des médiathèques. L'objectif est aussi de déstigmatiser la psychiatrie dans la ville », note Sandrine Dumont, infirmière. Ils participent à des projets sur plusieurs mois, portés par des artistes, « des expériences valorisantes ». Christopher Barnett, poète, a mené avec eux des ateliers d'écriture qui ont donné lieu à une publication. « Un des objectifs, c'est aussi qu'ils franchissent le pas seul ensuite pour participer à une activité sans nous. » Pari gagné pour Nicole. Elle est devenue la coqueluche de la maison de quartier de l'île !

Magali GRANDET

Portrait d'Albert Dadas en "touriste pathologique"
14.03.1

Grâce au travail inspiré d'un jeune peintre suédois, Johan Furaker, le CAPC-Musée d'art contemporain de Bordeaux exhume une histoire d'homme et de psychiatrie datant de 1887, hors du commun en ce temps-là. De nos jours, elle serait banale.

A cette époque, Philippe Tissié, un jeune interne en psychiatrie du service du docteur Albert Pitres à l'hôpital Saint-André de Bordeaux, tombe sur un patient "pleurant et se désolant sur son lit" : Albert Dadas. Depuis son lit d'hôpital, cet homme de 26 ans, employé occasionnel à la Compagnie du gaz de Bordeaux, explique au psychiatre sa passion impulsive pour la marche et les voyages, qu'il vit sous forme d'errance, souvent sans papiers, amnésique à chacun de ses retours.

Pour les gendarmes, c'est un vagabond potentiellement dangereux. Pour les médecins, Albert Dadas est un "fugueur pathologique", le premier du genre diagnostiqué. Il sera même examiné par Charcot et Gilles de la Tourette. Pendant vingt ans, d'autres personnes seront diagnostiquées de la même maladie avant qu'elle ne disparaisse. Ian Hacking, philosophe canadien des sciences de la mémoire, auteur des Fous voyageurs, (éd. Les Empêcheurs de penser en rond, 2002), livre qui a inspiré Johan Furaker, parle de "maladie mentale transitoire". A cette époque, le voyage est encore réservé à une élite, aux poètes et romanciers.

Aucun souvenir

Le jeune Albert a fait sa première fugue à 12 ans. Adulte, il quitte souvent Bordeaux après des crises violentes de migraine. Il marche, vite - jusqu'à 70 km par jour - ou prend le train. En trente-cinq ans, entre les errances, les séjours à l'hôpital et sa vie bordelaise - il est marié et père d'une fille -, il va visiter des villes, les destinations touristiques de son époque : Paris, Vienne, Berlin, Constantinople, Moscou, jusqu'en Algérie. Comme seule la bourgeoisie avait le droit de parcourir l'Europe sans passeport, il est souvent rattrapé par la police locale et connu comme le loup blanc des ambassades et des hôpitaux.

Son psychiatre va lui demander de conserver sur lui des documents, précisant qu'il souffre de "fugue hystérique" et habite Bordeaux, pour le faire renvoyer au plus vite dans sa ville natale. De ses pérégrinations, Albert Dadas ne ramène aucun souvenir. Ce déserteur de l'armée française ne se souvient de rien, sauf sous hypnose, en vogue à l'époque.

Johan Furaker découvre cette histoire par hasard, pendant ses études à l'Académie des arts de Malmö. Ce trentenaire y consacre quatre ans de sa vie. Il est venu fouiller dans les archives bordelaises, où seules quatre photos noir et blanc de Dadas, le "touriste pathologique", subsistent. Les peintures et dessins sont hyperréalistes mais Furaker, dont c'est la première exposition dans une institution, ne cherche pas à traquer la vérité. Jusqu'au catalogue, dont la bonne idée consiste à coller soi-même les reproductions des toiles de l'exposition sur des zones blanches. "Le travail de Johan Furaker est hanté par l'idée de perte de mémoire", explique Alexis Vaillant, commissaire de l'exposition. L'histoire de Dadas est privée d'images, et devient une source sans fin d'interprétations. A l'heure du storytelling et du tourisme de masse, son travail a toute sa pertinence.

"Le Premier Fugueur", de Johan Furaker au CAPC-Musée d'art contemporain, 7, rue Ferrère, Bordeaux. Tél. : 05-56-00-81-50. Jusqu'au 24 avril. Conférence sur Albert Dadas, d'André LeBlanc, professeur d'histoire des sciences à Montréal, et projection de "Paris syndrome" de John Menick, le 23 mars ; deux séances d'hypnose publiques, au CACP et dans un lieu inconnu, les 30 et 31 mars. Sur le Web : Capc-bordeaux.fr.
Claudia Courtois

"Une rénovation à la va-vite"

Patricia Parry, psychiatre à l'hôpital Marchant (Hte-Garonne)

Dans cette affaire, la dangerosité de l'individu est brandie comme un épouvantail. Qu'en pensez-vous ?

Ce discours, tenu depuis 4 ou 5 ans par le pouvoir en place consiste à livrer un certain nombre de citoyens à la vindicte populaire. Je pense aux profs, aux magistrats… Dans notre cas, ce sont les malades mentaux et ceux qui s'en occupent. Ces derniers portant en prime, la qualification d'irresponsables. Pourtant, les chiffres le démontrent : 99 % des crimes commis en France le sont par des gens qui ne sont pas des malades mentaux.
Sur le fond, qu'est-ce qui vous gène ?

Depuis qu'elle existe, la psychiatrie a été régie par deux grandes lois. Celle de 1838 et celle de 1990.

Deux à peine ! Chacun convient que légiférer sur une histoire de 150 ans vaut qu'on prenne le temps de réfléchir. Les rénovations érigées à la va-vite sous prétexte que demain, grâce à cela, on va régler les crimes une fois pour toute, la profession n'en veut pas. Si on veut que les assassins ne récidivent pas, qu'on les mette en prison à perpétuité. Or la société ne veut pas. Pour se dédouaner elle les bascule vers la psychiatrie et ouvre ainsi, la boîte de Pandore. Je n'ai pas envie d'avoir à traiter, demain, un voleur de sac de vieille dame ! Je n'ai pas envie non plus que l'internement d'un patient soit suspendu à une décision qui demain, ne sera pas partagée parce que n'importe qui pourra avoir un avis sur n'importe quoi ! Jusqu'à présent, le psy émet un avis clinique, le juge se prononce sur la forme et est garant des libertés et l'administration se charge de l'exécution. Le projet de loi, lui, mélange tout.

Vous sentez-vous pris entre le marteau et l'enclume ?

Être médecin en hôpital psychiatrique, c'est être responsable, savoir prendre ses patients en charge avec humanité, être capable de lever une hospitalisation d'office… C'est aussi beaucoup de certificats très compliqués et d'expertises demandées. Quel que soit le côté où l'on se place, nous sommes considérés comme d'effroyables libertaires, ou d'effroyables carcéraux.

Un poulailler de 12 000 volailles au domaine de Prières - Billiers

jeudi 10 mars 2011

Serge Sourdril, responsable du secteur agricole, dans le nouveau poulailler du centre de réadaptation, qui accueillera 12 000 poules pondeuses.
Au centre de réadaptation et de postcure de Billiers, chaque activité est un support de soins pour les stagiaires atteints de schizophrénie ou de troubles bipolaires. Le but est de les rendre autonomes par le travail, dans les conditions réelles de production, adaptées, bien sûr, à leur situation.

Alors, quand la mise aux normes du poulailler s'est avérée indispensable, il a fallu penser à tout. « L'activité des poules pondeuses, où les stagiaires apprennent à calibrer les oeufs, est l'une des premières du parcours, explique Serge Sourdril, éducateur technique spécialisé, responsable du secteur agricole. Elle est très valorisante parce qu'elle est facile à comprendre et les stagiaires sont tout de suite productifs. Ils voient l'utilité économique de leur activité ».

Les œufs sont vendus au magasin du Domaine de prières, mais aussi sur le marché de Muzillac et dans des grandes surfaces locales. Les stagiaires s'occupent également de la livraison et de la vente.

« Nous faisons partie d'une chaîne économique, nous devons aussi nous adapter au marché »,
souligne Serge Sourdril. C'est pourquoi, pour tenir la route face aux autres élevages de poules pondeuses, la mise aux normes du poulailler s'est transformée en tout nouveau bâtiment. Les poules pourront marcher au sol et s'isoler pour pondre. Surtout, elles seront plus nombreuses : 12 000 au lieu de 4 400.

Vendredi 11 mars,
de 14 h à 17 h, inauguration du nouveau poulailler ouverte au public, centre de réadaptation et de postcure de Billiers, domaine de Prières. Entrée libre.

La Commission européenne approuve le XEPLION(R) pour le traitement de la schizophrénie

Mercredi 09 Mars 2011

BEERSE, Belgique, March 9, 2011 /PRNewswire/ -- Janssen-Cilag International NV a annoncé aujourd'hui que le XEPLION(R) (palipéridone palmitate), un antipsychotique à injection mensuelle longue durée, a reçu l'approbation de la Commission européenne pour le traitement de la schizophrénie.

La schizophrénie est relativement commune et la prévalence est similaire autour du monde. Le risque de souffrir de schizophrénie au cours de sa vie est estimé chez une personne sur 100, et semble être identique pour les hommes et les femmes jusqu'à l'âge de 60 ans.[1] La schizophrénie est une maladie mentale dévastatrice tant pour le patient que pour sa famille et ses amis, car cela détériore sérieusement la capacité d'une personne à penser clairement, communiquer avec les autres et agir convenablement en société. Bien qu'il n'y ait aucune guérison, beaucoup de personnes souffrant de cette maladie répondent bien aux médicaments antipsychotiques, qui constituent la base des traitements pour la schizophrénie.

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La psychanalyse dans la série télé américaine

D'abord mis à l'écart, le psychiatre s'affirme de plus en plus aujourd'hui. Retour (non exhaustif) sur quand la série télé américaine passe en analyse.

Flic, avocat, médecin, politicien, journaliste… autant de professions qui ont trouvé maintes et vastes représentations à travers la petite lucarne. Si celles-ci ont toujours bénéficié d’une large couverture dans le cadre de la fiction, celle du psychothérapeute et de la psychanalyse en général est en revanche une figure encore jeune dans le paysage audiovisuel ayant attendue son heure pour s’imposer et qui tend aujourd’hui à devenir un incontournable dans le monde de la série télé. Ne serions-nous pas tous en train de suivre une thérapie sans le savoir ? 
 
Première approche
 
Difficile de préciser dans quel programme ou de quand date exactement la première apparition d’un « médecin de la tête » dans un feuilleton. Probablement depuis les débuts de la télévision mais on peut être sûr qu’il ne s’agissait pas d’un rôle d’importance, ni moteur de l’intrigue. Avant les années 70, rares sont les possibilités pour le psy de voir son métier mis sur le devant de la scène autrement que dans une fonction occasionnelle ou secondaire dans le meilleur des cas. L’arrivée sur CBS de The Bob Newhart Show (1972-1978) sera l’une des exceptions qui confirment la règle puisque la sitcom se focalise justement sur le quotidien d’un psychologue (Robert Hartley incarné par l’acteur Bob Newhart) devant jongler entre sa vie de famille et ses obligations professionnelles.
 
les_soprano_1
 
Presque vingt plus tard, Billy Cristal crée Sessions qui, le temps de six épisodes, suit les entretiens entre un avocat quadragénaire et le docteur Bookman (Elliot Gould), elle aussi mettant sur la table les problèmes de la middle classe américaine sous le prisme de la comédie avec un soupçon de gravité en plus. Un mélange dont s’inspireront plusieurs confrères par la suite parmi lesquels la populaire Ally McBeal (1997-2002). Au-delà de son amusant dispositif consistant à matérialiser à l’écran les pensées retorses d’une avocate allumée (Calista Flockhart), David E. Kelley aura fortement contribué à décoincer l’image du psychanalyste, notamment grâce au docteur Tracey Clark (Tracey Ullman) et à ses pratiques peu conventionnelles. Mis progressivement en confiance par le biais de l’humour et de l’autodérision, le téléspectateur s’avère enfin prêt à passer un nouveau cap. La représentation du psychothérapeute aussi.
 
Promotion canapé
           
La série qui a tout changé, à laquelle il est impossible de ne pas se référer, c’est bien évidemment Les Soprano (1999-2007) et le Dr. Jennifer Melfi (Lorraine Bracco) chargée de consoler la conscience torturée d’un parrain du New Jersey.  Hormis l’engouement critique et public pour la brillante plongée du drama de David Chase dans le monde de la mafia, celui-ci aura suscité l’admiration pour le réalisme et l’indéfectible sérieux avec lequel il traite les séances de thérapie (noyau spirituel du show), et sa description de la relation intime qui peut se nouer entre le malade et son praticien. L’identification avec des personnages aux comportements complexes et aux blessures profondes sera tel qu’en 2001,  Lorraine Brasco sera l’invitée d’honneur d’un congrès américain de psychanalystes afin de discourir sur le transfert affectif et identificatoire ayant lieu des deux côtés de la barrière fictionnelle. Comme tout véritable phénomène culturel, Les Soprano suscitera bien des vocations parmi la concurrence qui recycle à toutes les sauces le protagoniste du psy : The Trouble with Normal, Tell Me You Love Me, State of Mind, Head Case, Huff, Mental… et Web Therapy et ses séances accélérées par internet. En une décennie, on ne compte déjà plus les tentatives du petit écran de nous faire allonger sur le divan, or aucune ne s’y est prise comme En Analyse.
 
In Treatment
 
Adapté d’un programme israélien d’Hagai Levi (BeTipul), In Treatment en VO constitue sans doute l’expérience qui se rapproche le plus d’une psychanalyse suivie :  la série ne se contente pas de narrer le métier du Dr. Paul Weston (Gabriel Byrne) mais bel et bien de procéder à ce fameux « transfert » via une mise en place narrative au plus près de la réalité du traitement thérapeutique et repoussant les limites de la fidélisation du public. Diffusé tous les jours de la semaine, En Analyse octroie une journée donnée à chacun des quatre patients réguliers de Weston qui se confiera lui-même le dernier jour à un autre collègue pour mieux faire le point sur son travail et ses propres failles en tant qu’individu. Ainsi pour l’auditeur fidèle prêt à s’immerger dans des récits basé sur une inaction scénique et des échanges verbaux abordant un riche canevas de problèmes sociaux (qui pourront être les siens), l’ouvrage est un bon moyen de mettre en perspective son vécu sans se ruiner. Les consultations télévisées ne manqueront pas à l’avenir, car malgré une audience faiblarde, En analyse perdure et se décline déjà dans plusieurs autres pays du globe. Une version française est même en gestation.
 
C’est grave docteur ?
 
Comment expliquer une telle prolifération ? Il y a déjà la démocratisation croissante de la psychiatrie durant les années 90.  Difficile également de ne pas faire un parallèle avec l’âge d’or de la série télé qui au tournant du siècle nouveau a permis au psychiatre de devenir une espèce d’emblème de cette nouvelle production chargée de héros ne sachant plus trop où donner de la tête : violents (Jack Bauer de 24 heures chrono) névrotiques (la famille Fisher de Six Feet Under), psychopathes (Dexter), schizophrènes (United States of Tara), toxicomanes (Nurse Jackie), troubles de l’identité sexuelle (Max dans The L Word)… le diagnostic est long dans cet éventail de fenêtres ouvertes sur une société moderne se questionnant sur ses propres démons. Analyser et comprendre est justement le premier pas vers la guérison… ou d’une possible prévention.
 
Dexter saison 4
 
On ne s’étonnera donc pas de voir les professionnels du comportement humain devenir des alliés précieux des forces de police (de New York Unité Spéciale à Lie to Me, en passant par Esprits Criminels). Inévitables, les psychologues de la télé se sont même infiltrés dans d’autres domaines tout aussi spirituels (Sœur Peter Marie de Oz). Cet amalgame entre médecine et religion on le retrouve dans quelques scènes de Nurse Jackie lorsque son anti héroïne vient s’allonger sur les bancs d’une chapelle moins pour se confesser ses fautes à un ami dans le secret que pour se confier à une oreille silencieuse. Le schéma est identique pour le proxénète Al Swearengen (Deadwood) qui prenait fréquemment l’habitude de l’autoréflexion en compagnie d’une de ses filles en plein travail. Les voies de la psychanalyse sont décidément impénétrables.

Un tiers des séniors ont été exposés à des tâches pénibles

Travail répétitif, horaires de nuit, tâches physiques, manipulation de produits nocifs ou toxiques... Plus d'un tiers des personnes de 50 à 59 ans déclarent avoir été exposées pendant au moins 15 ans à des pénibilités physiques avec des effets sur la santé et l'emploi, selon l'enquête Santé et itinéraire professionnel, réalisée en 2007 et rendue publique par la Dares (études du ministère du Travail). Parmi les personnes de 50 à 59 ans ayant connu au moins dix ans d'emploi, 35% déclarent avoir été exposées à une ou plusieurs pénibilités: travail de nuit (9%), travail répétitif (11%), travail physiquement exigeant (23%), produits toxiques ou nocifs (12%). Par ailleurs, 40% des 50-59 ans indiquent avoir cumulé au moins deux pénibilités physiques durant leur parcours professionnel.

Les femmes (28%) sont moins concernées que les hommes (42%), à l'exception du travail répétitif. Les ouvriers sont les plus touchés: 58% d'entre eux ont connu au moins une pénibilité physique pendant au moins quinze ans ou plus. Viennent ensuite les indépendants (commerçants, artisans, agriculteurs) avec un taux de 43%.


L'étude observe que les personnes exposées à des pénibilités physiques sont moins souvent en emploi entre 50 et 59 ans et en moins bonne santé: 68% étaient sans emploi en 2007, contre 75% de ceux qui n'ont pas été exposés ou l'ont été moins longtemps. Parmi les seniors, la proportion de ceux qui sont inactifs et bénéficient d'une reconnaissance d'un problème de santé est de 14% pour les personnes qui ont connu trois pénibilités ou plus.

dimanche 13 mars 2011

Communiqué du NPA. Le 15 mars, contre la loi sécuritaire sur la psychiatrie.

La frénésie sécuritaire de Sarkozy et de l’UMP est sans limite. Après la LOPPSI 2, c’est maintenant le tour d’un projet de loi sécuritaire sur la psychiatrie.
 
Celle-ci se voit assigner en premier lieu un rôle de contrôle, de fichage, de répression et d’enfermement. La mission de soin à des personnes en souffrance est reléguée au second plan.
 
C’est le retour au « grand renfermement » avec notamment une véritable « garde à vue » psychiatrique de 72 heures ainsi que la possibilité d’imposer des soins à domicile, contre la volonté du patient, sans limitation de durée… et sans véritables soins.
 
Le NPA soutient l’appel unitaire « Réforme de la psychiatrie, une déraison d’Etat » qui a déjà recueilli 20 000 signatures, ainsi que les initiatives prises le 15 Mars pour le retrait du projet.
 
Il défend avec le collectif « Mais c’est un homme… » la nécessité de mettre fin à toute législation d’exception y compris à la loi actuelle sur l’hospitalisation psychiatrique.
 
Il défend notamment la possibilité pour toute personne présentant des « troubles » psychiques de contester, comme tout citoyen, sa privation de liberté devant un juge.
 
C’est de moyens pour soigner que la psychiatrie a besoin, et d’une législation de droit commun, considérant la personne en souffrance psychique comme une personne et un citoyen à part entière.
Le 11 mars 2011.
Roaccutane: trois laboratoires assignés
AFP
11/03/2011

Des parents estimant que le suicide de leur fils, un adolescent, est lié à la prise de deux génériques du médicament contre l'acné Roaccutane ont assigné aujourd'hui  devant le Tribunal de grande instance de Nanterre les laboratoires pharmaceutiques Roche, Pierre Fabre et Expanscience. Les parents d'Alexandre sont convaincus que la mort de leur fils, retrouvé pendu en juillet 2007 à un arbre à Nice, est liée à ce traitement qu'il suivait depuis sept mois. "Je sentais qu'il était vraiment angoissé et fatigué mais rien ne laissait penser qu'il allait se suicider. C'est un message dans lequel il disait qu'il ne savait pas ce qu'il avait depuis trois semaines et qu'il avait mal partout, qui nous a convaincu de les attaquer", a déclaré son père, Daniel Voidey. "Je veux que la justice reconnaisse que mon fils n'est pas un menteur et que ce médicament est responsable de sa mort", a-t-il ajouté, à la sortie de la salle d'audience.Son avocat, Me Gilbert Collard, a assigné les laboratoires Roche, en leur qualité d'inventeurs du traitement à l'isotrétinoïne (Roaccutane) et Pierre Fabre et Expanscience qui commercialisent deux génériques de ce médicament (Curacné et Procuta) ingérés par la victime.Lors des débats, Me Collard a demandé la désignation d'experts pour démontrer que rien ne prédisposait Alexandre au suicide avant qu'il ne prenne ce médicament, dont "la notice noie le patient sous un flot de mises en garde et de contre-indications". Les avocats de la défense ont quant à eux souligné le fait qu'un médicament était toujours "toxique" et qu'en l'espèce le Roaccutane était un "traitement de dernière intention, révolutionnaire, qui avait guéri des millions d'acnéiques sévères". Ils ne se sont pas déclarés hostiles à la désignation d'un collège d'experts rassemblant un psychiatre, un dermatologue et un pharmaco-vigilant. Pour l'avocat de Roche, Me Jacques-Antoine Robert, les risques entraînés par le Roaccutane ne remette pas en cause la place de cette molécule dans la pharmacopée, le bénéfice-risque étant favorable. Il a demandé à être mis hors de cause, l'adolescent n'ayant pas pris le médicament commercialisé par Roche. La décision a été mise en délibéré au 29 avril.

Sur les dangers des punitions infligées aux garçons au collège


D
ans les débats publics sur l'école, il est un chiffre sur lequel on ne s'attarde guère : au collège, 80 % des élèves sanctionnés sont des garçons. Pourquoi une telle omniprésence masculine ? Comment expliquer cette forte asymétrie entre les filles et les garçons ? C'est ce que s'est demandé Sylvie Ayral, qui a mené pendant plusieurs années une recherche approfondie sur les sanctions infligées au collège en les examinant à la lumière des débats sur le "genre".

Institutrice en milieu rural pendant quinze ans, Sylvie Ayral est professeure d'espagnol, docteur ès sciences de l'éducation et membre de l'Observatoire de la violence à l'école. En 2007, elle avait consacré une monographie aux sanctions prononcées dans le collège rural où elle exerçait. Elle a complété ce travail en y ajoutant quatre établissements : un collège périurbain, un collège urbain accueillant pour l'essentiel une population issue de l'immigration, un collège rural de ZEP et un collège urbain privé "à haut niveau de réussite scolaire".

Au total, Sylvie Ayral a analysé près de 6 000 sanctions et punitions scolaires en croisant les données sur le sexe, l'âge, l'échec scolaire ou le milieu social. La chercheuse a également étudié des lettres d'élèves, des rapports de professeurs et des questionnaires distribués aux adultes exerçant dans ces établissements. Ce travail a été complété par des entretiens réalisés, de 2007 à 2009, avec des professeurs, des assistants d'éducation ou des élèves de 4e et de 5e, 25 filles et 25 garçons.

Chefs de "meute"

Pour les adultes qui travaillent dans ces établissements, l'explication est simple : les garçons ont une maturité hormonale plus tardive, ils ne sont pas suffisamment encadrés par des figures masculines à la maison ou à l'école, et ils aiment "marquer leur territoire" afin de devenir des chefs de "meute". Un discours en partie repris par les élèves, qui évoquent pêle-mêle la loi de la jungle, le goût de la bagarre et l'héritage de la guerre.

L'appareil punitif scolaire, qui était à l'origine un projet éducatif sous-tendu par des idéaux éthiques, fonctionne donc, selon Sylvie Ayral, comme une "fabrique des garçons", reproduisant, sans le savoir, les stéréotypes de la domination masculine : aux hommes la force, la provocation, l'indiscipline, aux filles la discrétion, la sagesse, la docilité. Il est temps, conclut-elle, d'engager une réflexion sur les effets pervers d'un système qui est pourtant censé présenter des vertus éducatives.

La Fabrique des garçons, Sanctions et genre au collège
Préface de Jack Lang, PUF "Le Monde", 224 p., 24 €

Anne Chemin


«L’Afssaps a des experts mais ne les prend pas au sérieux»

Publié le 10/03/2011
« L’Afssaps a des experts mais ne les prend pas au sérieux »
« L’Afssaps a des experts mais ne les prend pas au sérieux »

L'avis de Dr Patrick Lemoine, psychiatre à Lyon, ancien expert à l’Afssaps.

> Quel regard portez-vous sur l’affaire du Mediator ?

Pour moi, il y a 3 coupables : l’Afssaps, les médecins et Servier en dernier car c’est un commerçant qui avait une autorisation de vendre. J’ai siégé à l’Afssaps 6 ans, jusqu’en 2003, et je n’y ai jamais entendu parler du Mediator. J’ai plusieurs fois hurlé contre les hypnotiques mais je n’ai jamais été entendu. Quand un expert en pédiatrie ou en psychiatrie parlait, tout le monde se marrait. L’Afssaps a des experts mais ne les prend pas au sérieux. Je ne crois pas à la corruption mais plus à des petites lâchetés : l’Afssaps avait peur des procès, d’être mal notée.


> Et les conflits d’intérêts ?


Ils existent dans tous les pays. Pour être expert, il faut avoir publié sur des médicaments donc avoir été en contact avec des labos puisque c‘est eux qui font les essais. Le conflit d’intérêt est permanent. Il y en aurait moins si l’Inserm faisait des études cliniques mais cet institut, qui nous coûte très cher, s’occupe des rongeurs et peu des bipède C’est un des grands coupables car il a failli à sa mission.


> Comment améliorer la pharmacovigilance ?


Elle est trop contraignante pour les médecins : il faudrait pouvoir appuyer sur un bouton sur Internet et qu’un inspecteur vienne. J’aimerais aussi qu’il y ait des études indépendantes sur des classes de médicaments. Dans la dépression légère, par exemple, on sait que les anti-dépresseurs ne sont pas validés alors que les psychothérapies cognitives permettent d’aller mieux. Mais la France marche sur la tête. Nous avons 3 sortes de « psy » habilités à faire de la psychothérapies or seuls les psychiatres travaillent car ils sont remboursés. Du coup, ils ne font plus de psychiatrie mais de la psychanalyse. C’est aberrant ! Cela coûterait moins cher à la sécu et à l’État de rembourser aussi les psychologues et les psychothérapeutes.


Recueilli par Sylvie Montaron
Les Livres de Psychanalyse

Dante Alighieri. Les effets inattendus de l'amour de la langue

Revue La célibataire n°21
Décembre 2010

Sous la direction de : Charles Melman - Rédacteur en chef : Marc Nach

L’intérêt que présente Dante Alighieri pour les psychanalystes provient de ce que, comme l’écrit Charles Melman , « Dante fait état le premier (avec ce génie qui est resté exceptionnel) de ce que devient celui qui se trouve confronté à l’émergence d’une langue nouvelle, ce qui se passe pour lui, l’aventure singulière d’abord, publique ensuite dans laquelle il se trouve entraîné. Cette aventure est au premier chef subjective et ne relève d'aucuns domaine jusqu’ici spécifié par le savoir. Et il se trouve que la psychanalyse est peut-être apte à venir répondre à cette lacune: “Qu’est-ce qui se produit pour celui qui se trouve confronté, emmené par cette langue nouvelle qu’il a en outre créée ?” »

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Justice | Maladie mentale

Le Barreau écorche le réseau de la santé

09/03/2011
S’exprimant au nom du Barreau de Québec, l’avocat Jean-Pierre Ménard a donné une volée de bois vert au réseau de la santé, qui a abandonné ses responsabilités en matière de santé mentale, selon lui.
© Les archives Agence QMI
« C’est le système de santé qui n’assume pas ses responsabilités, et les tribunaux sont obligés de le faire à sa place », lance sans détour Me Jean-Pierre Ménard, membre du groupe de travail en santé mentale du Barreau du Québec.

Bien qu’il se soit dit peu surpris des conclusions du rapport sur la prestation des services de psychiatrie légale, Me Ménard juge inconcevable que des personnes présentant de graves problèmes de santé mentale soient privées de services en se retrouvant en détention et qu’elles ne fassent pas l’objet d’un suivi rigoureux.


« Des gens n’assument pas leurs responsabilités, quand on constate par exemple que des hôpitaux désignés ne livrent pas les services prévus, et on ferme les yeux, on laisse faire », a-t-il vivement déploré, plaidant pour que le ministère de la Santé exerce davantage de leadership sur cette question. « On judiciarise de plus en plus de cas qui devraient pourtant être pris en charge par le réseau de la santé. L’appareil judiciaire est devenu le palliatif des déficiences du système de santé », a ajouté Me Ménard.


Inquiétant


L’Association des groupes d’intervention en défense des droits en santé mentale du Québec a pour sa part témoigné au Journal son inquiétude après avoir pris connaissance du rapport.


« Ça n’a pas de bon sens cette désorganisation. Il faut que ça cesse », a lâché la directrice générale, Doris Provencher.


Toutefois, elle voit d’un bon œil certaines recommandations du comité, notamment celle de confier la responsabilité des infirmeries des centres de détention au ministère de la Santé.

« Ça me paraît être un minimum. Vous savez lorsque quelqu’un est détenu et est privé de ses médicaments pendant quelques jours, ça devient un sevrage et c’est normal à ce moment-là qu’il pète les plombs », a-t-elle dit. 


Psychiatrie légale au Québec : cafouillis absolu
(Journal de Montréal)
Rémi Nadeau
 
QUÉBEC — L’incapacité du système public à faire face à la hausse de judiciarisation des personnes atteintes de troubles mentaux provoque un « cafouillis » qui se solde parfois par des résultats « désastreux », déplore un comité interministériel.
Le Comité de travail sur la prestation des services de psychiatrie légale a remis en février au ministre de la Santé, Yves Bolduc, un rapport dressant un constat d’échec et a plaidé pour une ambitieuse réorganisation des services.


Les experts signalent que, faute de coordination et de ressources adéquates, de plus en plus de personnes souffrant de troubles de santé mentale engorgent l’appareil judiciaire qui, de son côté, ne bénéficie pas du soutien nécessaire du réseau de la santé pour gérer la situation.


Par exemple, le nombre de dossiers soumis à la Commission d’examen des troubles mentaux a connu une hausse en flèche de 67 % de 2002 à 2009, passant de 1091 à 1829.


Le comité souligne que le système pénal devient ainsi la voie d’accès à des services en santé mentale, qui ne sont souvent pas au rendez-vous dans les centres de détention.


« Un détenu présentant un infarctus sera transféré dans un hôpital pour y être soigné, alors que dans le cas d’une psychose aiguë, il demeurera incarcéré et sera confié à l’infirmerie. Les établissements de détention, aux prises avec des problèmes médicaux qui dépassent leur capacité d’agir, se retrouvent dans une impasse », écrit-on dans le document.


Les experts déplorent « une vision stratégique déficitaire » et une « incohérence dans les actions des acteurs » qui se soldent parfois par des résultats « dramatiquement désastreux ».


On rappelle notamment les décès de Brian Bédard, en 2001, et de Justin Scott St-Aubin, en mai 2008, survenus dans les deux cas à la prison de Rivière-des-Prairies.


En montrant du doigt le « cafouillis qui règne », le comité révèle que sur 50 hôpitaux pourtant désignés par arrêté ministériel en vue de la garde, du traitement ou de l’évaluation de patients judiciarisés, le quart d’entre eux n’assument finalement aucune responsabilité à ce sujet, faute de ressources.


« Au fil du temps, un nombre considérable d’ordonnances ne sont pas exécutées comme la cour l’exige », précise le rapport.


Recommandations


Pour remédier à la situation, le comité de travail plaide donc pour une réforme de la psychiatrie légale, suggérant notamment que les infirmeries des prisons relèvent dorénavant du ministère de la Santé et non pas du ministère de la Sécurité publique.


Il demande aussi que le Procureur général désigne d’autres professionnels, autres que les médecins, pour mener les évaluations de l’état mental des accusés.


Enfin, le comité demande qu’une « tour de contrôle » de psychiatrie légale soit mise sur pied dans le réseau de la santé et des services sociaux, afin de mieux coordonner les services.


« Des familles inquiètes du sort d’un de leurs membres qui souffre d’un trouble mental et qui ne bénéficie pas de l’assistance médicale indiquée sont invitées à porter plainte afin que celui-ci ait accès à des traitements. Ces familles peuvent être amèrement déçues lorsque la personne se retrouve en détention, sans obtenir les services espérés. »


« À défaut de disposer d’un hébergement adapté à son état, un citoyen affecté d’un trouble mental peut être gardé indûment dans le système de psychiatrie légale et en accaparer les ressources. »


« Les établissements de détention gardent des accusés aux prises avec un trouble mental symptomatique au sujet duquel ils n’ont pas l’expertise nécessaire pour intervenir. Cette impasse crée des tensions entre les établissements de détention et les hôpitaux désignés incapables de répondre au volume d’ordonnances exigeant une garde en milieu hospitalier. »


Nombre de dossiers en cours à la Commission d’examen des troubles mentaux
2002-2003 : 1091
2008-2009 : 1829
Hausse de 67 %
Nombre d’évaluations de l’état mental d’un accusé réalisées à la suite d’une ordonnance
2005-2006 : 2462
2007-2008 : 2893
Hausse de 17,5 %

* Le ministère de la Justice ne tient aucun registre concernant les ordonnances d’évaluation de l’état mental rendues par les tribunaux de compétence criminelle du Québec

Manger ou être mangé, telle est la questionPar Annick Colonna-Césari,
le 08/03/201
Manger ou être mangé, telle est la question

The Partician New, de Wangechi Mutu (2004)  

L'exposition sur l'anthropophagie proposée par la Maison Rouge en dit long sur les angoisses de notre société.

L'anthropophagie est un sujet tabou. Mais, aussi, à travers les âges et les continents, l'un des thèmes les plus traités, aux confins du religieux et de la mythologie, de l'ethnologie et de la psychanalyse. Dévorer ou être dévoré constitue l'une des obsessions des artistes actuels. Cette exposition, dont le titre est inspiré d'une formule de Lévi-Strauss ("Nous sommes tous des cannibales"), montre la résurgence de la problématique, au travers de la confrontation d'une centaine d'oeuvres, passées et contemporaines. Ainsi, Frédérique Loutz fait resurgir dans ses dessins l'épouvante des contes de l'enfance. Dans notre époque postféministe, les photos de Cindy Sherman, revisitant les tableaux de madones, rappellent que le premier cannibale est l'enfant au sein de sa mère. Les Britanniques Jake et Dinos Chapman s'appuient sur les gravures politiques de Goya pour dénoncer la bestialité de l'humanité. Mais l'humour prend le dessus dans les natures mortes de Saverio Lucariello : on y voit la tête de l'artiste qui, trônant au milieu des victuailles, renvoie à la fragilité de l'existence. Cette exposition, un peu hermétique, en dit long sur notre société, ses fantasmes et ses angoisses. 

Tous cannibales. Maison Rouge, Paris (XIIe). Jusqu'au 15 mai.


Santé mentale : les familles demandent un « SAMU psy »

Publié le dimanche 13 mars 

Un accompagnement médico-social adapté à des malades psychiques que la souffrance a rendu silencieux : c'est ce que prévoit le Plan psychique

A l'occasion de la Semaine nationale d'information sur la santé mentale, c'est un véritable appel au secours que les familles de malades psychiques (UNAFAM*) lancent aux instances sanitaires régionales. Elles insistent en particulier sur l'urgence de créer des dispositifs spécifiques pour la psychiatrie. « La nécessité de ces organisations tient à la nature même des troubles psychiques et au fait que les personnes les plus malades ne sont pas en état de demander des soins. »

Au même titre qu'existent un « plan cancer » ou un « plan Alzheimer », l'association voudrait promouvoir un « plan psychique » comprenant différents axes. « La loi HPST ne parle pas de psychiatrie. Or, c'est une spécialité pour laquelle il existe un besoin impératif d'accompagnement. Beaucoup de malades ne reconnaissent pas leur handicap. Ils ont besoin d'être aidés à tous les niveaux : social, soins, logement... Faute de soutien, leurs familles se retrouvent, elles aussi, dans une détresse profonde », relate Eliane Boucharlat, correspondante recherche de l'Unafam dans les A.-M.. Parmi les propositions du Plan, figure l'introduction de compétences psychiatriques au sein des services d'urgence comme le SAMU : « Lorsqu'un malade est en crise, ce n'est pas la police, les pompiers ou le SAMU médical qui peuvent "traiter" avec lui. Et un handicapé psychique en crise que l'on amène aux Urgences sera bien incapable d'attendre deux heures avant qu'on le prenne en charge. Il quittera les lieux au bout de 10 minutes ! Avec le risque, comme cela a encore été le cas récemment, qu'il se suicide en quittant l'hôpital... »

*Union nationale des amis et familles de malades psychiques www.unfam.org