mercredi 16 mars 2011

Loin de l'hôpital psy, ils sont citoyens dans la ville

lundi 14 mars 2011

À Nantes, des structures soutiennent, dans leur thérapie, des patients autonomes. Et leur permet une réinsertion en douceur dans la société.

Reportage

16 h, la partie de Pictionary se termine à la maison de quartier de l'île. Claire et Nicole viennent de partager un bout d'après-midi, oubliant leurs maux pendant quelques heures. Ces deux femmes souffrent de maladies psychiques. Autonomes, elles vivent dans leur appartement du centre-ville. Et fréquentent le centre d'accueil thérapeutique Philéas-Fogg de Nantes (1), qui maintient le lien avec l'extérieur et propose des activités.

« Depuis que je viens, j'ai appris à me débrouiller toute seule, je suis moins timide »,
confie Nicole. « Cela m'aide à sortir plus, à accepter les autres, ça me fait un plus dans ma vie. On discute, on apprend par quelles épreuves sont passées les autres, on n'est pas tout seul », témoigne Claire.


« Ce centre d'accueil thérapeutique est l'une des alternatives à l'hospitalisation en psychiatrie »,
appuie Claire Lesieu, cadre de santé. « Ici, nous ne sommes ni dans la contrainte ni dans l'urgence, mais pour réinsuffler du plaisir, du désir », explique Yannick Magendie, l'un des cinq infirmiers du centre.


Sur indication médicale, les patients choisissent ou non de pousser la porte. Ils sont « relativement stabilisés », 80 % sont des psychotiques (schizophrènes) et 20 % ont des problèmes névrotiques (dépression, alcoolisme, addictions, etc.).

« Le jour où ils sont décidés, nous sommes là »

Chaque semaine, les patients suivis, une centaine, reçoivent le programme des animations. « Cette population souffre beaucoup, est très isolée socialement. Ce courrier reste très important pour eux, il montre qu'ils existent. Le jour où ils sont décidés, nous sommes là », souligne Soizic Tapon, qui travaille auprès d'eux à Philéas-Fogg. Bowling, randonnée, relaxation, atelier cuisine, cinéma, etc. : « Nous leur fixons rendez-vous dans différents lieux, des maisons de quartier, des musées, des médiathèques. L'objectif est aussi de déstigmatiser la psychiatrie dans la ville », note Sandrine Dumont, infirmière. Ils participent à des projets sur plusieurs mois, portés par des artistes, « des expériences valorisantes ». Christopher Barnett, poète, a mené avec eux des ateliers d'écriture qui ont donné lieu à une publication. « Un des objectifs, c'est aussi qu'ils franchissent le pas seul ensuite pour participer à une activité sans nous. » Pari gagné pour Nicole. Elle est devenue la coqueluche de la maison de quartier de l'île !

Magali GRANDET

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