vendredi 10 mai 2024

Hyperconnexion Les enfants face aux écrans : un rapport propose de les interdire aux moins de 3 ans, tout comme les portables avant 11 ans

par LIBERATION et AFP.  publié le 30 avril 2024 

Interdiction du smartphone avant 13 ans, lutte contre «les services prédateurs» des entreprises… Une étude qui doit être remise à Emmanuel Macron ce mardi 30 avril alerte sur les conséquences des écrans sur les tout-petits et propose des mesures fortes pour lutter contre leurs méfaits.
Un rapport d’experts, qui doit être remis ce mardi 30 avril au président de la République, préconise d’interdire l’usage des écrans aux enfants de moins de 3 ans et des téléphones portables aux moins de 11 ans, en limitant strictement l’accès les années suivantes pour les adolescents. Dans ce rapport, révélé lundi soir par plusieurs quotidiens régionaux, la commission d’experts spécialement missionnée par l’exécutif alerte sur «la réalité de l’hyperconnexion subie des enfants» et «les conséquences pour leur santé, leur développement, leur avenir», mais aussi pour l’avenir «de notre société, notre civilisation».

La commission explique avoir été «bousculée» devant «les stratégies de captation de l’attention des enfants». «Il s’est dégagé un consensus très net sur les effets négatifs, directs et indirects, des écrans»,notamment sur «le sommeil, la sédentarité – qui favorise l’obésité –, ou encore la myopie», alerte-t-elle dans ce rapport, cité dans la Voix du NordLes experts pointent également les réseaux sociaux, «facteur de risque» de dépression ou d’anxiété, en cas de «vulnérabilité préexistante». Par ailleurs, «le niveau d’exposition des enfants» à des contenus pornographiques et violents «apparaît alarmant». Si les membres estiment que «les écrans ne sont pas à l’origine de troubles du neurodéveloppement», ils appellent néanmoins à la «vigilance»pour «éviter l’amplification de symptômes» existants.

Smartphone sans réseaux sociaux jusqu’à 15 ans

Pour «reprendre le contrôle» face aux écrans, ils ne vont pas par quatre chemins. Ils appellent à empêcher tout usage par des enfants de moins de 3 ans, en ouvrant ensuite, entre 3 et 6 ans, un accès «fortement limité», «avec des contenus de qualité éducative et accompagné par un adulte». La commission propose également de «limiter autant que possible» l’usage des téléphones portables et des téléviseurs dans les maternités. Et voudrait voir interdire les ordinateurs et téléviseurs dans les crèches et les classes maternelles. Elle appelle en outre à des «actions renforcées» auprès des assistantes maternelles.

La commission préconise aussi de n’autoriser le téléphone portable qu’à partir de 11 ans, via un téléphone sans Internet jusqu’à 13 ans. A partir de 13 ans, elle propose de donner un smartphone sans accès aux réseaux sociaux, puis d’ouvrir cet accès à partir de 15 ans, uniquement sur des réseaux «éthiques» sans que l’on ait pour l’heure des précisions sur lesdits réseaux auxquels elle fait référence.

Le groupe d’experts souhaite s’attaquer aux «services prédateurs» des acteurs économiques, comme le «fil de déroulement infini» ou le «lancement automatique de vidéos», et permettre aux utilisateurs de mieux paramétrer les fonctionnalités des applications et le contrôle parental. «Les biais cognitifs sont utilisés pour enfermer les enfants sur leurs écrans, les contrôler, les réengager, les monétiser», dénonce Amine Benyamina, neurologue et coprésident du comité d’experts dans un entretien à Ouest-France. Il assène : «C’est une économie de la captation. Les parents sont quasiment hors-jeu, face à un marché qui s’est imposé à la société.» «Ce qui nous a heurtés, c’est que les professionnels n’ont pas comme priorité la protection des enfants. Derrière les discours de façade, c’est “business à tous les étages”»,abonde Servane Mouton, neurologue et également coprésidente.


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