mercredi 15 septembre 2021

Les sept bonnes façons de marcher quand on a la maladie de Parkinson

Publié le 14 septembre 2021

CHRONIQUE

Pascale Santi

Une étude néerlandaise montre que, s’il existe sept stratégies pour surmonter les problèmes liés à la marche, elles restent souvent méconnues des patients.

Dix mille pas et plus. Les troubles de la marche sont fréquents dans la maladie de Parkinson. Pour surmonter les difficultés, les patients usent d’imagination pour trouver des stratégies dites de compensation.

L’équipe de la docteure Anouk Tosserams, du centre médical de l’université Radboud à Nimègue, aux Pays-Bas, a publié, mercredi 8 septembre, dans Neurology, la revue médicale de l’Académie américaine de neurologie, une étude menée auprès de 4 324 personnes atteintes de la maladie de Parkinson – qui touche environ 200 000 personnes en France – et présentant des troubles de la marche invalidants, notamment le déséquilibre et le freezing, un piétinement brutal qui bloque la marche. 52 % des participants ont déclaré avoir fait une ou plusieurs chutes au cours de l’année.

L’enquête décrit sept façons de marcher, grâce à des repères internes ou externes : marcher en comptant dans sa tête ; marcher en rythme avec un métronome ; changer l’exigence en matière d’équilibre, par exemple en effectuant des virages plus larges ; modifier l’état mental en utilisant des techniques de relaxation ; regarder une autre personne marcher ; adopter un nouveau modèle de marche – par exemple sauter ou marcher à reculons, comme si la personne devait escalader ou enjamber un obstacle de façon virtuelle ; utiliser autrement ses jambes, comme faire du vélo ou ramper.

Mais les patients ne les connaissent pas forcément. L’étude révèle que 17 % des personnes interrogées n’avaient jamais entendu parler d’aucune des stratégies de compensation, et 23 % n’en avaient jamais essayé aucune. Environ la moitié d’entre elles avaient acquis ces connaissances elles-mêmes. Pourtant, les trois quarts des parkinsoniens usant de ces techniques déclaraient qu’elles avaient un effet positif, indique l’étude. Avec un bémol : cela dépend du contexte dans lequel elles étaient utilisées, par exemple à l’intérieur ou à l’extérieur, sous la pression du temps ou non. Et, surtout, une technique peut très bien convenir pour une personne mais pas pour une autre.

Bouger protégerait les neurones

Même constat pour Arlette Welaratne, attachée de ­recherche clinique à la Pitié-Salpêtrière (AP-HP), qui s’adapte à chaque patient et propose depuis 2017, avec le neurologue Emmanuel Flamand-Roze, des ateliers danse-rythme-thérapie. Le rythme de la danse aide aussi pour la marche. « Pour les patients, il s’agit de remplacer la marche automatique par une marche “pensée”, sans effectuer de double tâche comme téléphoner, sortir un plat du four en reculant, etc. », rappelle Arlette Welaratne.

« Cette étude est très astucieuse et très convaincante », commente le professeur Flamand-Roze. Il reconnaît toutefois que le temps est compté lors des consultations, la question de la marche n’est donc pas forcément abordée. Mais, depuis plusieurs années, le spécialiste aborde l’activité physique avec tous ses patients.

Si les médicaments ne font qu’atténuer les symptômes, il est certain que bouger est nécessaire : cela favorise le sommeil, réduit la dépression et la fatigue. « Il existe de nombreux arguments précliniques pour penser que l’exercice physique régulier protège les neurones et ralentit l’évolution de la maladie », insiste Emmanuel Flamand-Roze. La Société internationale de la maladie de Parkinson rappelle que l’exercice physique régulier est fortement recommandé. « L’activité physique a toute sa place dans le traitement de la maladie, au même titre que les traitements médicamenteux, chirurgicaux ou la rééducation », insiste l’association France Parkinson.

« L’activité physique doit être intégrée dans le mode de vie, on doit faire du sport comme on se lave », résume Emmanuel Flamand-Roze, qui délivre même des ordonnances : « faire un cours de danse une fois par semaine pendant cinquante semaines ». Le geste n’est pas anodin. L’idée est que les patients continuent, la régularité étant la clé. D’autres activités semblent aussi porter leurs fruits comme le tai-chi, le vélo, le ping-pong…


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