mardi 13 octobre 2020

Éloge de l’art brut

     LA     DIAGONALE     DE      L’ART

(MISE À JOUR : )

La Galerie Arthur Borgnis s’associe avec la Galerie Les Yeux Fertiles afin de montrer trente-huit artistes iconiques dont les œuvres couvrent cent vingt ans de création. Un choc visuel à ne pas rater !

L’heure est à la gravité. Entre les discours anxiogènes tous azimuts sur fond de pandémie et les cris d’agonie des collapsologues, un nouveau scientisme envahit les discours et les représentations, reléguant le vagabondage de l’esprit à des enfantillages de doux rêveurs ! Il ne fait pas bon être artiste en ces temps. Encore moins créateur d’art brut. En ouvrant une nouvelle galerie présentant les œuvres de ces artistes souvent jugés irresponsables, la Galerie Arthur Borgnis s’associe avec la Galerie Les Yeux Fertiles afin de montrer trente-huit de ces artistes iconiques dont les œuvres couvrent cent vingt ans de création. L’art brut à la folie ! offre ainsi un large corpus d’une création résolument tournée vers des contrées mystérieuses où règnent l’étrangeté, la bizarrerie, le merveilleux. Comme l’écrit Arthur Borgnis dans le catalogue de l’exposition :

« Ce sont des lucioles qui éclairent le désenchantement du monde, une rencontre avec l’insondable âme humaine, une invitation à vagabonder dans des mondes insensés. »

Augustin Lesage

Elle est également l’occasion de découvrir des œuvres rarissimes d’Edmund Monsiel, Fernand Desmoulin, les œuvres américaines de Charles A. A. Dellschau, Josef Yoakum, Mary T. Smith - ainsi que les œuvres « contemporaines » de Jerry Gretzinger et George Widener. L’art médiumnique tchèque est aussi présent avec des œuvres très rares de Josef Kotzian, Frantisek Jaroslav Pecka, Vlasta Kodrikova, Adamec...En parallèle avec son activité de galeriste, Arthur Borgnis qui a déjà réalisé des documentaires sur l’art brut, finit la production d’un film consacré à l’art médiumnique tchèque.

Edumd Monsiel

Les galeristes ont souhaité placer cette exposition sous le signe d’un dialogue, d’une correspondance entre des œuvres selon leur forme et leur intensité. Soixante-quinze ans après les premières prospections helvétiques de Jean Dubuffet, ces créations d’art brut ne cessent de nous surprendre et demeurent une énigme. Elles font sans doute écho à ce qu’il y a de plus secret en nous, et plongent aux racines d’un monde muet dont les poètes sont les ambassadeurs. Il faut courir voir cette exposition pour faire l’épreuve d’un regard affolé, affolant, enfin libéré des carcans et des responsabilités dont la société n’a de cesse de nous affliger. Comme l’écrit la philosophe Claire Margat dans sa contribution au catalogue de l’exposition :

« L’œil exorbité, des regardeurs se confronte lui aussi aux limites de ce qui est convenable et concevable. Ensauvager l’œil, mais pourquoi ? Pour que les yeux restent fertiles, s’ouvrant à la promesse de bonheur que recèlent les beautés bizarres de l’art brut. »

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