mardi 14 avril 2020

Les dissidents du rêve américain - l’exposition Chicago Calling met à l’honneur cinq représentants de l’Art Brut comme autant de témoignages de ces expulsés du rêve américain.


LA DIAGONALE DE L’ART


PHILIPPE GODIN 
Les dissidents du rêve américain
Mr. Imagination Horse

Alors que la communauté Afro-américaine et les personnes exclues aux États-Unis paient un lourd tribut au coronavirus, l’exposition Chicago Calling met à l’honneur cinq représentants de l’Art Brut comme autant de témoignages de ces expulsés du rêve américain.
Présentée virtuellement par La Collection de l’Art Brut de Lausanne pour cause d’épidémie, Chicago Calling permet de redécouvrir l’œuvre immense de Henri Darger, qui compte parmi les plus célèbres créateurs d’art brut aux États-Unis, aux côtés de créatrices autodidactes également natives de Chicago : Lee Godie et Pauline. L’exposition confirme que les outsiders se recrutent majoritairement parmi les migrants, non pas tant les migrants géographiques, mais ceux qui ont été souvent chassés d’une culture ancestrale par la prolétarisation, la mondialisation, etc. C’est également le cas des trois artistes Afro-américains Mr. Imagination, Wesley Willis et Joseph E. Yoakum, dont les œuvres témoignent d’une capacité à se reconstruire un monde parallèle, taillé à la mesure de leurs rêves.
Chicago Calling, Visite virtuelle en cliquant sur ce lien :

HENRY DARGER, L’INDOMPTABLE

Henry Darger reste une figure emblématique de l’art brut, tant du point de sa biographie, de sa démarche artistique, que du contenu même de son œuvre. Celle-ci porte le regard du spectateur vers un site dont on n’a pas fini d’entendre les rumeurs et les craintes: celle d’une enfance aux abois, d’un art de migrants et d’exilés. A l’instar d’une majorité de créateurs d’art brut, l’oeuvre d’Henry Darger peut être perçue comme celle d’un loup solitaire, d’un être aberrant, d’un Idiot magnifique, qui ne fera pas Ecole, lui qui ne supporta jamais la moindre scolarité ! Né en avril 1892 à Chicago, Henry Darger, très tôt orphelin de mère, est placé dans un foyer pour handicapés mentaux. Il s’enfuit pour rejoindre à pied Chicago qu’il ne quittera plus, vivant de différents emplois modestes dans les hôpitaux. C’est pendant son temps libre, souvent la nuit, qu’il se livre à son grand œuvre, dans une vie solitaire jusqu’à sa mort.

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