mercredi 27 février 2019

Poursuivre une grossesse non désirée a des conséquences sur les enfants nés avant

Publié le 22/02/2019




Une majorité des femmes souhaitant un avortement sont déjà mères. Un tiers d’entre elles avance la nécessité de s’occuper de leurs enfants pour refuser une autre grossesse. Une étude américaine (Turnaway) a été programmée pour examiner les conséquences de l’impossibilité d’un avortement sur le développement de ces enfants et sur les ressources du foyer en comparaison d’une interruption de grossesse.

Ces chercheurs californiens ont procédé à une enquête longitudinale téléphonique auprès de femmes qui avaient pu accéder à une interruption de grossesse et d’autres auxquelles l’avortement avait été refusé. Trois groupes ont ainsi été distingués (ratio 2/1/1) :

1) avortement jusqu’à 2 semaines avant la limite admise dans l’établissement ;
2) avortement pendant le 1er trimestre ;
3) refus d’avortement jusqu’à 3 semaines au-delà du délai. Les interviews ont eu lieu une semaine plus tard puis tous les 6 mois jusqu’à 5 ans.

Le développement des enfants de toutes les femmes qui ont pu obtenir un avortement dans l’un des 30 centres agréés répartis sur le territoire américain ou ailleurs (groupe avortement, GA n = 293) a été comparé à celui des enfants dont la mère a mené la grossesse à terme (groupe Turnaway, n = 55). L’évaluation s’est faite par une échelle validée et a concerné les acquisitions successives de la motricité fine et globale, du langage réceptif et expressif, de l’autonomie et du comportement social. D’autre part, des questions ont été posées sur la santé générale, la fréquentation scolaire, le foyer et le niveau socio-économique.

Des scores de développement moins bons

Aucune différence n’a été notée entre les groupes 1 et 2.

Dans le groupe Turnaway, le score de développement moyen des enfants déjà nés, âgés de 6 mois à 5 ans était en pourcentage des scores réalisés de 4 points inférieur à celui des enfants du groupe avortement (73 % vs 77 %, score ajusté b-0,04 IC 0,07 à 0,00), en particulier pour l’autonomie (59 % vs 93 % ; Odds Ratio ajusté aOR 0,71, intervalle de confiance à 95 % IC 0,52-0,97). Ces enfants « Turnaway » avaient un risque augmenté de ne pas fréquenter une école maternelle (aOR 2,25 IC 1,02-4,95) et de vivre au-dessous du seuil de pauvreté fédéral en comparaison des enfants du groupe avortement (aOR 3,74 IC 1,59-8,79). En revanche, il n’existait pas de différences significatives pour les indicateurs de santé ni pour le temps passé en garde par une autre personne que la mère.

Les résultats de cette enquête suggèrent que les enfants déjà nés des femmes qui n’ont pu obtenir une interruption de grossesse peuvent subir des conséquences négatives sur leur développement et leur statut socioéconomique.

Pr Jean-Jacques Baudon
RÉFÉRENCE
Foster DG et coll. : Effects of carrying an unwanted pregnancy to term on women’s existing children. J Pediatr., 2019; 205: 183-189

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