vendredi 8 juin 2018

Menacée de fermeture, la Maison des femmes de Saint-Denis en appelle aux dons

Par Virginie Ballet — 

A la Maison des femmes, le 5 août 2016, la docteure Ghada Hatem reçoit une étudiante sénégalaise excisée.
A la Maison des femmes, le 5 août 2016, la docteure Ghada Hatem reçoit une étudiante sénégalaise excisée. Photo Albert Facelly pour Libération

Ouverte en juillet 2016, la structure, qui rassemble planning familial, médecins ou encore psychologues et sexologues, prend en charge les femmes victimes de tous types de violences.

Entre 30 et 50 femmes poussent chaque jour les portes de cette maison colorée, implantée à deux pas de l’hôpital Delafontaine de Saint-Denis (Seine-Saint-Denis). Elles souhaitent s’informer sur l’avortement, les violences conjugales, consulter une sage-femme, un·e médecin ou un·e psychologue pour évoquer des mutilations sexuelles… Inaugurée en juillet 2016, la Maison des femmes de Saint-Denis est une structure hybride destinée à prendre en charge tous les types de violences. Financée principalement par des fondations privées, l’Etat et les collectivités locales, la Maison des femmes en appelle désormais aux dons pour continuer d’exister : une campagne de financement participatif a été lancée, via la plateforme Gofundme. Budget annuel du lieu: 800 000 euros. Plus de 40 000 euros ont déjà été récoltés sur50 000 espérés. Faute de financement, le fonctionnement du lieu pourrait être sérieusement compromis à très court terme (d’ici fin juin). 
Au-delà de l’espace dionysien, la docteur Ghada Hatem, gynécologue obstétricienne initiatrice du projet, aimerait voir essaimer d’autres espaces similaires. Ils sont, argue-t-elle, «une réponse au parcours du combattant que doivent aujourd’hui affronter les femmes victimes de violences». Selon l’Ined, environ 50 000 femmes excisées vivraient sur le sol français; 14,5 % des femmes ont déjà été victimes d’une forme de violences sexuelles au cours de leur vie. Et dans l’Hexagone, les violences conjugales continuent de tuer une femme tous les trois jours. 
Pour appuyer cet appel aux dons, un documentaire sur l’histoire des lieux est disponible en accès libre sur le site Spicee. Interrogée par Libération en 2016, peu après l’ouverture de la Maison des femmes de Saint-Denis, Ghada Hatem soulignait déjà la difficulté de trouver des financements pour ce type de projets: «Quand vous êtes "Madame Personne", petit docteur dans un hôpital de banlieue un peu sinistré, il faut un certain acharnement et pas mal de rencontres pour arriver à lever des fonds», disait-elleAujourd’hui, elle appelle les donateurs potentiels à «être des héroïnes» à leur côté, pour lutter contre les violences faites aux femmes. Pas besoin de cape ni de superpouvoirs: un don de dix euros est par exemple suffisant pour financer la participation d’une femme à un atelier sur la réparation de l’intime, après des mutilations sexuelles. 


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