vendredi 11 juillet 2014

Le corps, terrain originel de l'exploitation des femmes

Le Monde.fr | 
Dans « Caliban et la sorcière », l’Américaine Silvia Federici affirme que le capitalisme n’aurait pas pu se déployer sans le contrôle des corps féminins.
La lecture de Caliban et la sorcière constitue une véritable expérience. Le livre était déjà un classique de l’étude marxiste-féministe, la crise de 2008 lui confère une actualité brûlante. C’est le genre de livre dont on sort transformé, tout en se demandant comment on a pu, auparavant, réfléchir sans les outils qu’il propose. Son sujet – le passage de la société féodale au capitalisme et une analyse de la chasse aux sorcières comme stratégie anti-subversive – sert de prétexte à une réflexion extrêmement ambitieuse : comment pense-t-on l’histoire, et comment peut-on ne pas penser les politiques exercées sur les femmes comme parties prenantes de la construction du capitalisme ?
Née en Italie en 1942, Silvia Federici devient une figure centrale du féminisme dans les années 1970, aux Etats-Unis. C’est là qu’elle commence une relecture féministe de Marx, aux côtés de Selma James, Mariarosa Dalla Costa ou Leopoldina Fortunati – avec qui elle rédigea la première version de Caliban. Aujourd’hui, Federici est une voix majeure du mouvement Occupy à New York.
La révolution industrielle est souvent présentée comme un passage quasi naturel : on invente les machines, et les modes de production suivent. C’est faire l’impasse sur les mouvements de résistance, depuis le bas Moyen Age jusqu’au développement du capitalisme, et les stratégies déployées par les pouvoirs en place pour les annihiler. Federici apostrophe ici Marx et Foucault : comment Marx a-t-il pu passer à côté du rôle de la reproduction sexuelle et comment Foucault a-t-il pu oublier la chasse aux sorcières comme technique disciplinaire ?
Là où Marx pensait le prolétaire comme un corps masculin blanc, Federici étudie le processus de l’accumulation primitive du point de vue des femmes et des colonisés. Elle concentre son attention sur un organe dont Marx avait ignoré la force politique et économique : l’utérus. Federici déclare : « L’exploitation des femmes a une fonction centrale dans le processus d’accumulation capitaliste, dans la mesure où les femmes sont les reproductrices et les productrices de la marchandise capitaliste par excellence : la force de travail. » Et elle montre que « le corps a été pour les femmes, dans la société capitaliste, ce que l’usine a été pour le travailleur salarié : le terrain originel de leur ­exploitation et de leur résistance ».
PROCRÉATION ­OBLIGATOIRE
Federici rappelle que, avant d’être persécutées, beaucoup de femmes paysannes œuvraient en première ­ligne des mouvements hérétiques, ­résistant à l’Eglise et à l’autorité. Leur pouvoir subversif devait être écrasé. Dans ce contexte de chasse aux ­sorcières, l’hostilité à l’encontre des femmes est allée en grandissant. ­Federici démontre comment la chasse aux sorcières correspond, au cours des XVIe et XVIIe siècles, à une nécessité politique : les nouvelles industries ont besoin de main-d’œuvre. On va la chercher, d’une part dans les colonies, et d’autre part dans le corps des femmes. Selon l’auteure, le pendant des captures d’esclaves en Afrique fut donc la chasse aux sorcières en Europe. L’objectif était de détruire le contrôle et les savoirs que les femmes avaient exercés sur leurs fonctions reproductrices, de confiner les femmes dans l’espace domestique et de transformer la maternité en ­travail forcé : ainsi la procréation ­obligatoire est-elle une condition sine qua non du développement du capitalisme.
Mais, dans Caliban et la sorcière, il est aussi question du FMI. Federici ­raconte comment, enseignant au Nigeria dans les années 1980, elle fut ­témoin des conséquences des poli­tiques imposées par le FMI. Elle y vit une prolongation du processus d’enclosure décrit par elle. Une confiscation bien pensée des formes de vie et des relations collectives. Ces mêmes techniques permirent d’en ­finir avec les résistances locales en Afrique, en Amérique latine ou en Inde, et elles sont, aujourd’hui, celles que « la dette souveraine » permet d’imposer en Europe. Il ne s’agit pas tant de maximiser la fluctuation des capitaux, mais de venir à bout des formes de vie non capitalistes. Une nouvelle chasse aux sorcières est en marche.
Ainsi, affirme Federici, les politiques de punition des femmes, de contrôle de leurs déplacements ne sont pas une variante ­culturelle, détachée du déploiement du capitalisme, de sa volonté de criminaliser toute sexualité non reproductive. Le féminisme, ici, n’est plus l’étude des heures de crèche et de la répartition des tâches ménagères, mais bien l’outil indispensable de compréhension de la façon dont prospère le néolibéralisme. Federici nous rappelle en passantque les défilés anti-mariage gay ou anti-avortement ne soulèvent pas que des questionspersonnelles ou religieuses, ils touchent aussi à celle du néolibéralisme. Car sans l’imposition de la ­maternité aux femmes, le capitalisme perd son socle.
Virginie Despentes, écrivaine, et Beatriz Preciado, essayiste
Caliban et la sorcière. Femmes, corps et accumulation primitive (Caliban and the Witch. Women, the Body and Primitive Accumulation), de Silvia Federici, traduit de l’anglais (Etats-Unis) par le collectif Senonevero et Julien Guazzini, Entremonde/Senonevero, 464 p., 24 €.

Séjours en maternité écourtés, une tendance européenne

Le Monde.fr | Par 
L'Assurance-maladie a proposé le 26 juin de passer un jour de moins à l'hôpital après un accouchement, dans le cadre d'un vaste plan d'économies qui doit rapporter 280 millions d'euros par an.
Réduire la durée des séjours en maternité : c'est l'une des pistes proposées par l'Assurance-maladie dans un rapport remis à son conseil d'administration le 26 juin. Double objectif : « améliorer la qualité des soins et en réduire les coûts ».
Cette branche de la Sécurité sociale a déblayé quelques pistes, avant le débat parlementaire, dans le cadre du plan d'économies annoncé par la ministre de la santé Marisol Touraine. 
A propos des séjours en maternité, « la diminution de leur durée est une évolution observée dans la plupart des pays de l'Union européenne », constate Carine Milcent, chercheuse en économie de la santé à la Paris School of Economics. Explications.

« Plus le séjour est court, plus l'établissement est gagnant »

Le changement du mode de financement des hôpitaux, aussi bien publics que privés, a largement contribué à la réduction des séjours en maternité. En Europe (voir carte ci-dessous), ceux-ci varient d'un jour et demi (Turquie, Suède) à un peu plus de cinq jours (Hongrie). La France se situe au-dessus de la normale de trois jours des pays de l'Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE). Aujourd'hui, en France, une femme est hospitalisée en moyenne 4,2 jours après avoir accouché.

6 730 morts dans la rue en trois ans en France

11/07/2014

Près de 7 000 « sans domicile fixe » seraient morts dans la rue entre janvier 2008 et décembre 2010. Jusqu’alors, leCollectif les Morts dans la rue (CMDR) une association créée en 2002 pour accompagner les familles et qui recense les signalements, annonçait annuellement un nombre de décès autour de 400, selon les années.
« Nous savions que nous étions loin de l’exhaustivité, témoigne LiseGroutépidémiologiste au sein du CMDR et coauteur de la première étude épidémiologique sur ce sujet à paraître dans le « British MedicalJournal Public Health ». Rien que pour l’Ile-de-France nous recevons des signalements de décès tous les jours, un peu par hasard. Mais au pire, on pensait être un tiers en dessous de la réalité. Là, c’est énorme ».

Victime de psychiatrie punitive en Russie, Mikhaïl Kosenko est libre !

Ksenia avec le portrait de son frère ©Amnesty International
Ksenia avec le portrait de son frère ©Amnesty International
[11/07/2014]
Aujourd'hui, Mikhail Kosenko est sorti de l’hôpital psychiatrique dans lequel il était interné de force depuis le 25 mars dernier. Une éclaircie dans l’affaire Bolotnaïa, après plus de deux ans d’emprisonnement arbitraire. Pour autant, Mikhaïl n’est pas sorti d’affaire. Entretien avec sa sœur, que nous avions invitée en France quelques jours avant cette libération.
Mikhaïl Kosenko est aujourd’hui libre suite à la décision d’un tribunal le 11 juin dernier, qui a reconnu qu’il pouvait suivre un traitement ambulatoire. Mais c’est une victoire en demi-teinte, pour ce prisonnier d’opinion de Bolotnaïa, emprisonné à tort pendant plus de deux ans, et condamné à de l’internement psychiatrique forcé, comme au temps de l’Union soviétique. En effet, il devra poursuivre un traitement psychiatrique et médical obligatoire, dans le cadre de l’exécution de sa peine, et, surtout, sa condamnation n’est pas levée. Cela signifie qu’au moindre prétexte, les autorités pourraient le renvoyer en hôpital psychiatrique, cette fois pour une durée indéterminée. Une épée de Damoclès pour lui et sa sœur, Ksenia. 




Une place cruciale pour la psychiatrie dans le système de santé

10/07/2014

Professeur de psychiatrie à l’Université de Melbourne (Australie), Helen Herrman rappelle la « place centrale de la psychiatrie dans le système de santé, partout dans le monde », tant pour les sujets souffrant d’une « grave maladie mentale » que pour les personnes (beaucoup plus nombreuses) avec des psychopathologies « communes ». La nécessité de leur assurer une bonne prise en charge ne se limite pas à revaloriser les soins psychiatriques, mais elle implique aussi un « besoin urgent de recherches et d’actions » pour améliorer «l’aspect somatique et la qualité de vie des personnes concernées. »

jeudi 10 juillet 2014

Pour une psychiatrie transfrontalière

SUISSE 09-07-2014
Par Vincent Donzé 
Dans une motion qu'il déposera à la prochaine session du Grand Conseil, le député bernois demande à son gouvernement d'entreprendre «les mesures utiles» auprès des autorités jurassiennes en faveur de la création à Moutier d’une institution psychiatrique commune. Sa demande fait suite à la fermeture annoncée mardi de l'unité de psychiatrie de l'Hôpital du Jura, avec à la clef la disparition de 24 postes de travail.
Tandis que l'hôpital et les autorités jurassiennes se donnent six mois pour élaborer un nouveau concept de prise en charge de la psychiatrie dans le canton, le maire de Moutier avance ses pions: «Avec l’externalisation planifiée des Services psychiatriques du Jura bernois Bienne-Seeland et l’abandon annoncé du site de Bellelay, le moment est particulièrement propice pour engager une réflexion ayant pour objectif de créer une structure bicantonale de soins psychiatriques», estime cet autonomiste.

C’est arrivé le 10 juillet 1393 Mort de Guillaume de Harcigny

10.07.2014

Né en 1310, Guillaume de Harcigny, qui soigna Charles VI de sa folie, est né à Laon, ses parents, agriculteurs à Harcigny, au cœur de la Thiérache, étant venus vivre de leurs revenus sur les hauteurs de la montagne couronnée, rue des Cordeliers. Après avoir commencé son éducation médicale dans le chef-lieu de l’Aisne auprès d’un chanoine de la cathédrale, Guillaume d’Harcigny, après avoir été nommé maître en médecine à Paris complète sa formation en Italie, puis en Palestine, Syrie et Egypte où il s’initie à la médecine orientale auprès des médecins arabes.

À son retour, il s’installe à Laon dans sa maison natale et ouvre un cabinet à Noyon. Il opère, tout au long de son exercice des cures si remarquables qu’on vient le consulter de tous les coins du diocèse, notamment pour les maladies mentales, Guillaume d’Harcigny a, en effet, beaucoup appris au contact des médecins arabes et de leur pharmacopée riche de potions sédatives. Sa réputation ne cesse alors de grandir et l’écho de son nom se fait entendre jusqu’à la Cour. C’est ainsi qu’il devient l’ami d’Enguerrand VII de Coucy, l’un des quatre Officiers de la Couronne, Bouteiller de Charles VI.

La crise de folie de Charles VI

Charles VI saisi de folie non loin du Mans
Miniature d'Antoine de Bourgogne pour les « Chroniques » de Jean Froissart
Aussi lorsque le roi est pris d’une crise de folie dans la forêt du Mans le 5 août 1392, tuant quatre de ses hommes, le sieur de Coucy fait appel à Guillaume d’Harcigny. Après avoir été désarçonné, Charles VI a été maitrisé par son entourage et ramené du Mans à Creil « pour lui faire prendre l'air sain sur les bords de l'Oise ». Là, selon Froissart, il est « mis entre les mains de Maître Guillaume de Harselli, médecin le plus expérimenté de France qui lui osta premièrement, la fièvre continue, puis luy fist retrouver le goust et luy fist revent son sens, non sans assuré qu'il avait auparavant. Harselli employa pour dompter la furie du Roy et luy fist une cage de fer qui se voist encore au château de Creil, pour retenir tant qu'il fust furieux pour luy faire voir lear ».

Inspiré par Bill Gates, le MIT met au point un implant contraceptif électronique disponible... en 2018

10/07/2014

Une micropuce contraceptive implantable qui délivre 30 microgrammes de lévonorgestrel par jour, soit autant qu’une pilule micro dosée, et qui dispose d’une autonomie de 16 ans. C’est ce que vient de mettre au point l’entrepriseMicroCHIPS, une start-up liée au Massachusetts institute of technology (MIT).
La technologie grâce à laquelle la puce contrôle précisément la dose deprogestatif à diffuser, a été mise au point dans les années 1990 par un ingénieur, le Pr Robert Langer. Ce n’est qu’en 2012 qu’il a tenté, suite à une suggestion (accompagnée du soutien financier que l’on imagine) du fondateur de MicrosoftBill Gates, de l’appliquer au domaine de la contraception.

L'évacuation des parents grévistes de la faim avive le conflit à l'hôpital de Garches

LE MONDE | Par 
Le conflit s'envenime à l'hôpital Raymond-Poincaré de Garches (Hauts-de-Seine). Les quatre parents reclus dans la chapelle de l'hôpital ont été délogés par les forces de l'ordre dans la matinée du 6 juillet. Ils s'étaient mis en grève de la faim dix jours auparavant pour militer contre la fermeture du service d'oncologie pédiatrique de l'hôpital, dirigé par le docteur Nicole Delépine. Le dossier, hautement sensible, suscite une large émotion et embarrasse l'Assistance publique-Hôpitaux de Paris (AP-HP) comme les autorités de santé.
La disparition programmée du service est liée au départ à la retraite de la chef de service et cancérologue Nicole Delépine, dont les méthodes de traitement du cancer divisent la profession. Une pétition de soutien demandant le maintien du service a déjà recueilli 61 000 signatures.

Le serious game EHPAD’PANIC : un succès auprès des infirmiers et aide-soignants au contact des patients atteints de Alzheimer

08.07.2014

Le Serious Game EHPAD’PANIC, développé par le CHU de Nice avec le groupe Genious et l’Inria dans le cadre du projet AZ@GAME, montre les bénéfices de la gamification dans la formation du personnel hospitalier face à la maladie d’Alzheimer.
Sorti courant février, le logiciel  a été utilisé en version demo par plus de 500 utilisateurs professionnels, et près de 90% d’entre eux recommanderaient le jeu à d’autres professionnels de santé.

mercredi 9 juillet 2014

La moitié des avortements dans le monde restent non sécurisés

09/07/2014

Depuis les années 2000, le nombre d’interruptions volontaires de grossesse (IVG) s’est stabilisé autour de 28 ‰ (contre 35 ‰ dans les années 1990), la diffusion de la contraception ayant marqué le pas dans les pays en développement (autour de 60 %, contre 72 % dans les pays développés en 2009), explique le dernier numéro de « Population et sociétés », publié par l’Institut national d’études démographiques.

Open data : Touraine veut accélérer l’ouverture des données publiques en santé dès 2014

09/07/2014

Installée en novembre 2013, la commission dite « open data en santé », chargée du débat sur l’ouverture des données publiques de santé, a remis ce mercredi àMarisol Touraine ses conclusions attendues. Sur la base de cette contribution de 63 pages, la ministre de la Santé a aussitôt annoncé qu’elle allait « accélérer » le développement de l’open data en santé (ouverture, partage et réutilisation des données) dans trois directions, avec des mesures effectives « dès cette année ».

Enfant handicapé: «J’en fais quoi de mon fils ? Je le range dans un placard ?»

MARIE PIQUEMAL

Jusqu’où devront-ils aller ? Comment faire pour que la République française respecte les droits de ses citoyens ? Les parents d’Elias Hamdaoui, cet adolescent autiste dont Libération avait raconté l’histoire, se débattent toujours pour trouver un établissement adapté.
Il y a six mois, la justice leur a pourtant donné raison : le tribunal administratif a reconnu que l’absence de solution de la part des autorités était une atteinte grave aux droits élémentaires d’Elias et de ses parents. Le juge avait alors enjoint aux services de l’Etat d’agir dans un délai de trois mois. C’était le 13 décembre 2013. Depuis, aucune solution pérenne n’a été trouvée. Ecœurée, la famille vient d’intenter une nouvelle action devant les tribunaux. Interrogé, le ministère assure «suivre de près ce dossier». Elias fait partie des quinze cas identifiés comme critiques par les services de l'Etat, selon le décompte publié ce mercredi. Retour sur une histoire pas si isolée.

mardi 8 juillet 2014

L'unité psychiatrique jurassienne ferme dans l'urgence

SUISSE 07-07-14

L'unité de soins psychiatriques aigus pour adultes ferme à Delémont.
L'unité de soins psychiatriques aigus pour adultes ferme à Delémont.
Image: Archives/photo d'illustration/AFP
L'unité hospitalière médico-psychologique (UHMP), qui compte 20 lits, sera fermée ces prochains jours. Cette décision a été prise en raison de l'absence de leadership tant au niveau médical qu'infirmier.

Grève aux urgences : le bras de fer

Carcassonne Publié le 08/07/2014

Hier à l'accueil des urgences, au premier jour d'une grève indolore pour les patients./ Photo DDM, J.-L. B.
Hier à l'accueil des urgences, au premier jour d'une grève indolore pour les patients./ Photo DDM, J.-L. B.
Le personnel des urgences est en grève illimité depuis hier. Depuis l'ouverture du nouvel hôpital, le service explose et hier matin, la tension est aussi montée entre grévistes et direction.
Premier jour de grève illimitée aux urgences du centre hospitalier, hier, et premières vives tensions entre grévistes et direction. Sans conséquences pour les patients puisque le personnel est assigné et qu'il juge «impensable de leur faire porter le chapeau du manque de moyens quotidiens», selon les termes de Gilles Gadier, le délégué FO, le mouvement témoigne pour autant d'un ras-le-bol manifeste. Hier matin, 80 personnes du service des urgences ont pris part à l'assemblée générale. «C'est une très, très forte mobilisation qui en dit long sur l'exaspération du personnel, observe Gilles Gadier. Il y a beaucoup plus d'activité, donc on fait rentrer beaucoup plus d'argent. Or, nous n'avons pas les moyens pour fonctionner».
En dépit du plan d'urgence présenté par la direction, tenant compte de la surcharge de travail depuis l'ouverture (lire notre édition d'hier), pour les grévistes on est loin du compte. Ils demandent entre autres la présence d'une infirmière et d'un aide-soignant 24 heures sur 24, un agent de sécurité, le renfort du personnel administratif, un brancardier le week-end.


Pénibilité au travail : vaste enquête syndicale auprès des PH cet été

 08/07/2014

Les cinq intersyndicats de praticiens hospitaliers ont été reçus ce lundi au ministère de la Santé, en marge de la concertation sur la loi de santé, pour évoquer la pénibilité au travail et la représentativité syndicale, sujets hautement sensibles.
Le gouvernement souhaite étendre la prise en compte de la pénibilité au travail à la fonction publique et aux praticiens hospitaliers (une réflexion déconnectée de la conférence sociale qui se déroule à Paris). Mais l’exécutif se demande comment transposer aux hôpitaux les critères réservés aux salariés du privé dans le cadre de la réforme des retraites.

L’OCDE veut mobiliser davantage les soins primaires sur les troubles mentaux

08.07.2014

"Investir davantage dans les soins primaires serait une façon efficace, sur le plan des coûts, de traiter les troubles mentaux légers à modérés". C’est l'OCDE, qui le suggère dans un rapport rendu public cette semaine, qui estime que la maladie mentale est "insuffisamment" prise en charge dans les pays de l'OCDE. L’organisation estime qu’une personne sur deux connait un problème de mauvaise santé mentale à un moment de sa vie; la dépression et l'anxiété concernant, "à tout moment 15 % de la population d'âge actif concernée".

Pourtant, les auteurs du rapport jugent que ces troubles sont insuffisamment pris en charge, avec entre un tiers et la moitié des personnes souffrant de troubles mentaux qui ne reçoivent "aucun traitement". Ainsi, "globalement, 56,3 % des personnes souffrant de dépression ne reçoivent pas de traitement approprié" dans les pays développés membres de l’OCDE. L'institution évalue les coûts, directs et indirects, d'une mauvaise santé mentale à 4% du PIB dans de nombreux pays de l'OCDE, la France (2,3%) étant en deçà de cette estimation.

Psychothérapie Loi 21 au Québec : loi qui pose problème

Comme en France, la loi 21 est en vigueur depuis 2012 au Québec, donnant la possibilité aux praticiens sans véritable titre en psychothérapie de faire une démarche pour obtenir un permis de pratiquer.
De ce fait, plusieurs intervenants, dont des psychoéducateurs et des travailleurs sociaux, pensent que le nombre de poursuites pour pratique illégale de la psychothérapie va fortement augmenter.
200 signataires affirment dans une lettre adressée à l’Ordre des psychologues du Québec que « la nouvelle loi [...] crée plus de problèmes qu’elle n’en résout » et qu’il est « urgent de revoir la situation ».
Selon le professeur Normand Brodeur de l’École de service social de l’Université Laval, « le résultat risque d’être un manque de services à la population ».
Comme dans plusieurs pays, l’activité de la psychothérapie au Québec n’était pas réglementée. « Tout le monde pouvait faire tout », résume la présidente de l’Ordre des psychologues du Québec, Rose-Marie Charest.
Seuls les psychologues et les médecins qui en ont les compétences peuvent pratiquer la psychothérapie, c’est ce que prévoit cette loi 21 adoptée en 2009.

Les jumeaux troublent la science

LE MONDE SCIENCE ET TECHNO 
Par 
Durant le traditionnel rassemblement de jumeaux et triplés "Deux et plus" en août en Bretagne, ici en 2008.
« Je rêve, avec naïveté, d’une osmose qui ne s’embarrasserait ni de mots ni de gestes, ne réclamerait pas de preuves, sur laquelle le temps n’aurait pas de prise, devrait tout à la nature et si peu à la culture. Une osmose amniotique. » N’avons-nous pas tous été parfois tentés par ce fantasme ? Ce n’est pourtant pas un « sans pareil » qui s’exprime ici, mais un « frère pareil », nostalgique et dépossédé. Dans Olivier (Gallimard, 2011), l’écrivain Jérôme Garcin raconte comment il a dû grandir avec la présence fantomatique de son frère jumeau, disparu la veille de ses 6 ans.
De tous temps, les jumeaux ont fasciné, stupéfié, effrayé parfois. Sur tous les continents, ils ont fait l’objet de mythes fondateurs. Tantôt sacralisés, tantôt diabolisés, ils offrent un jeu de miroirs aussi captivant que déroutant. Mais, depuis près de cent cinquante ans, « frères et sœurs pareils » passionnent aussi les biologistes.
« Les jumeaux sont des miracles de la nature, s’émerveille le professeur Bruno Falissard, pédopsychiatre, biostatisticien et directeur de l'unité Inserm « santé mentale et santé publique ».Ces clones naturels constituent des modèles d’une pureté extraordinaire, pour qui tente de démêler la part des facteurs génétiques et environnementaux dans l’expression d’un caractère ou d’une maladie. »

Un test sanguin pour dépister la maladie d'Alzheimer

Le Monde.fr | 
Une personne âgée embrasse une animatrice pendant son repas à l'accueil de jour pour malades d'Alzheimer, le 6 Juillet 2011 au sein du village générations de Saint-Apollinaire.
Des chercheurs britanniques ont annoncé, mardi 8 juillet dans plusieurs journaux britanniques, avoir mis au point un test sanguin qui permettrait de dépister précocement les risques de développer la maladie d'Alzheimer avant que les premiers symptômes ne soient installés. Il s'agit d'une avancée dans la prévention de cette maladie.
Après dix ans de recherches, les scientifiques de l'université d'Oxford et du Kings College sont certains d'avoir isolé dix protéines qui indiquent, à 87 %, les risques pour quelqu'un qui souffre de problèmes de mémoire d'être atteint dans l'année de la maladie d'Alzheimer.
Cette découverte signifie que des essais cliniques peuvent débuter sur des personnes qui n'ont pas encore développé la maladie, afin de déterminer les remèdes qui stopperont son commencement.


« Le Tiers Etat et la gratuité des soins »

Tribune libre
mardi 8 juillet 2014
Dans une tribune libre sur le thème de la gratuité des soins, le Dr. Jean-François Reverzy explique quels sont les effets de cette conquête sociale dans le secteur de la santé mentale.
L’annonce par Marisol Touraine d’une réforme de la Santé instaurant le tiers Payant généralisé n’est pas sans poser des questions de fonds. L’annonce même par les médias de la formule : les malades n’auront plus à payer leur médecin ouvre un débat.

Le médecin et l’argent

J’ai défendu des le début de ma formation et je défends toujours la gratuité des soins. Cette position était déjà celle de mon père, médecin généraliste mort en 1959. Il fut qualifié alors, lors de ses obsèques, de "médecin des pauvres", épithète justifiée : officiant dans un quartier misérable du Lyon de l’après guerre, la majorité de sa clientèle était bien incapable de lui verser le moindre honoraire. Ecrivain reconnu, il écrivit en 1955, dans la revue "Les temps modernes" que dirigeait Jean Paul Sartre, un court article "Le médecin et l’argent". Dans ce texte, il pointe comme un drame en quatre actes le déroulement de l’acte médical dont le dernier acte pose un embarras partagé par le médecin et le patient au moment du paiement de la consultation. Il décrit ce contraste entre le lien quasi sacerdotal qui unit le médecin et le patient, et l’intrusion du commerce d’argent comme une chute, cependant inévitable.

En psychiatrie et en psychanalyse

Lors de ma formation, j’ai pu être confronté des 1970 à deux doctrines : celle alors majoritaire des psychiatres des hôpitaux - la corporation était alors très marquée par les positions de politique de santé du parti communiste - défendant une gratuité totale des actes. Cette orientation mit sur pied le dispositif de la psychiatrie publique actuelle et a instauré pour les patients une gratuité des prises en charge notamment en ambulatoire. A noter une réalité sous jacente, au delà de l’idéologie : la psychiatrie publique fut crée d’abord au titre de l’hygiène publique et de la prévention des maladies contagieuses et dangereuses. La gratuité des consultations en CMP vient de là.
Le monde psychanalytique était par contre partagé entre les défenseurs d’une valeur fondamentale du paiement de l’acte analytique (selon la formule célèbre de Jacques Lacan, il marque la chute ou le désêtre de l’analyste par son effet de réel) et d’autres, qui suivant le célèbre discours de Freud à Budapest en 1920, prônaient la gratuité de l’accès à la psychanalyse.


Meurtre d’une institutrice : une cellule d’urgence médico-psychologique active pendant toute la semaine

07/07/201

Beaucoup d’enfants, de parents, et de personnels de l’école publique Edouard Herriot se sont pressés ce vendredi après-midi et samedi vers la cellule d’urgence médico-psychologique (CUMP) mise en place immédiatement après le meurtre d’une institutrice de 34 ans, au sein de sa salle de classe. Tous évoquent en ressortant de ces séances individuelles ou collectives, coordonnées par le docteur Villamot, le besoin de pouvoir évoquer la scène d’horreur dont ils ont été directement ou indirectement les témoins vendredi matin, lorsqu’une femme atteinte de troubles psychiatriques graves a poignardé mortellement l’enseignante.

Hôpital : dites ha, ha, ha !

OLIVIER BERTRAND

Allongée sur une table, une stagiaire joue les malades. Elle jette un œil distrait sur le couple aux nez rouges qui tente de capter son attention devant les autres élèves qui regardent. Ils sont une douzaine, en formation pendant cinq mois au Rire médecin (1), une association qui existe depuis vingt-trois ans et forme désormais des clowns capables de jouer à l’hôpital. Un vrai métier pense sa fondatrice, Caroline Simonds, qui voudrait obtenir la certification de «comédien-clown auprès de publics en grande vulnérabilité». L’enjeu principal est de gagner encore en reconnaissance, d’affirmer qu’il ne suffit pas d’enfiler un nez et faire le rigolo pour être clown à l’hôpital. Le référentiel des compétences nécessaires, établi pour la certification, précise les techniques, les connaissances qu’il faut pour faire rire dans des lieux où traînent la souffrance, la mort.