mardi 8 juillet 2014

Meurtre d’une institutrice : une cellule d’urgence médico-psychologique active pendant toute la semaine

07/07/201

Beaucoup d’enfants, de parents, et de personnels de l’école publique Edouard Herriot se sont pressés ce vendredi après-midi et samedi vers la cellule d’urgence médico-psychologique (CUMP) mise en place immédiatement après le meurtre d’une institutrice de 34 ans, au sein de sa salle de classe. Tous évoquent en ressortant de ces séances individuelles ou collectives, coordonnées par le docteur Villamot, le besoin de pouvoir évoquer la scène d’horreur dont ils ont été directement ou indirectement les témoins vendredi matin, lorsqu’une femme atteinte de troubles psychiatriques graves a poignardé mortellement l’enseignante.

Créées par Jacques Chirac

Les CUMP, dispositif qui est loin d’exister dans tous les pays occidentaux, ont été créées au lendemain de l’attentat terroriste survenu à la station RER Saint Michel à Paris le 25 juillet 1995 par Jacques Chirac, président de la République et Xavier Emmanuelli, secrétaire d’Etat à l’action humanitaire d’urgence. Alors qu’une telle prise en charge est plus souvent confiée à des bénévoles dans d’autres pays, certains se sont interrogés sur la pertinence d’un tel choix. Les études cliniques ont en effet été rares : dans son travail de thèse consacré au « deuil traumatique » chez les rescapés du tsunami de décembre 2004, le docteur Bon avait interrogé six mois après leur retour en France, les survivants de cette catastrophe ayant bénéficié d’une prise en charge lors de leur arrivée à Roissy. Une majorité (74 %) avait ressenti un véritable soulagement grâce aux entretiens proposés (soulagement qualifié « d’important » par 15 % des sujets et « partiel » par 59 % d’entre eux), tandis que 97 % ont été satisfaits de la qualité de l’écoute et 65 % ont estimé que le moment était adapté. Ainsi, cette étude, bien que restreinte, semble suggérer la pertinence de ce type de cellule.

Un accompagnement à prolonger

Ces CUMP n’ont pas vocation à offrir une prise en charge durable. A Albi, la structure mise en place devrait accueillir tous ceux qui le souhaitent pendant une semaine. Cependant, les praticiens présents et le rectorat ont promis que l’accompagnement irait bien au-delà. « On donne aux personnes qui éprouvent le besoin de discuter des adresses, des numéros de téléphone. Il faut poursuivre le travail de deuil et accueillir les gens qui le souhaiteront aussi longtemps qu'il le faudra » indique par exemple citée par La Dépêche, Mireille Vincent, directrice académique du Tarn. De son côté, son adjoint, Farid Djemman renchérit : « Nous allons accompagner les enfants, les familles, les enseignants, tous ceux qui en ont besoin jusqu'à la rentrée et aussi longtemps que ce sera nécessaire ». Une mère, interrogée par France Info après avoir été reçue par la CUMP, se satisfaisait pour sa part d’avoir reçu les coordonnées de praticiens pour son enfant et pour elle-même.

Que se passera-t-il à la rentrée ?

Les syndromes de stress post traumatique après ce type d’événements disparaissent généralement dans les semaines suivant le drame. « Les enfants concernés peuvent présenter des symptômes psychiques dès les premières heures. (…) Le système français prône une prise en charge psychologique rapide, immédiatement après le traumatisme. Cela prévient l'installation de symptômes durables. Mais il arrive quand même que certains enfants montrent les conséquences d'un traumatisme psychique à travers ce qu'on appelle des reviviscences: ils revivent la scène dans des rêves diurnes, ou dans des cauchemars. Les manifestations s'atténuent avec le temps, mais cette phase peut durer de quelques jours à quelques mois, et doit aussi être prise en charge. Après un ou deux mois, tous ces symptômes ont généralement disparu », explique ainsi cité par le Figaro le professeur Didier Cremniter, psychiatre référent national au sein du réseau d’urgences médico-psychologiques. Cependant, dans cette affaire, beaucoup redoutent une résurgence de certains troubles au moment de la rentrée en septembre.

Pas de nouveau débat sur la dangerosité des patients atteints de troubles mentaux

Concernant l’auteur des faits, les médias ont souligné ses lourds antécédents psychiatriques, dont on ne sait comment ils pèseront sur la détermination de sa responsabilité pénale. En d’autres temps, un tel drame aurait sans doute incité à relancer la polémique sur la dangerosité des patients atteints de troubles mentaux. Cependant, autres temps autres moeurs, aujourd’hui, le débat se focalise plutôt sur la sécurisation de l’école, même si des événements de ce type au sein d’établissement scolaire sont heureusement rarissimes.
Aurélie Haroche

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