vendredi 14 mars 2014

Acouphènes : des pistes d’avenir

14.03.2014

De nouveaux traitements sont en cours de développement pour prendre en charge les acouphènes qui touchent près de 20% des Français. 

« Environ douze millions de Français sont atteints d’acouphènes », souligne le Dr Michel Paolino, directeur de l’IMERTA (Institut méditerranéen de recherche et de traitement des acouphènes à Marseille), interrogé à l’occasion de la Journée nationale de l’audition du 13 mars. « La prise en charge de cette pathologie est en pleine évolution », ajoute-t-il.
Pour les acouphènes les plus fréquents, on utilise majoritairement les thérapies soniques. L’acouphène s’apparente, en effet, à une épilepsie neuronale au niveau du cortex auditif primaire où les neurones qui ont en charge les fréquences mal perçues au niveau de l’oreille interne acquièrent très rapidement une hyper-excitabilité par manque d’informations. Le but du traitement est d’enrichir le message auditif en apportant les sons qui manquent, par le biais de lecteurs MP3 ou de prothèses auditives qui injectent un bruit caractéristique, différent pour chaque patient.

Stimulations magnétiques transcrâniennes

D’autres thérapies sont en cours de développement. L’une d’entre elles consiste à traiter l’hyperexcitabilité neuronale par des stimulations magnétiques transcrâniennes grâce à un électro-aimant placé à proximité du patient. Les résultats sont bons dans 40% des cas.
Autre champ exploré, celui des anti-épileptiques (comme le clonazépam), utilisés à doses filées, avec des résultats intéressants sur les acouphènes débutants, en raison de leur propriété double : abaissement de l’hyperexcitabilité neuronale et effet anxiolytique.
Enfin, un travail est en cours à l’IMERTA sur l’administration d’anti-glutamate chez les patients atteints d’acouphènes consécutifs à un trauma sonore. Le glutamate est un neuromédiateur secrété par l’oreille quand elle est lésée, notamment au cours de ce type de traumatisme.
Cette administration (trois injections dans l’oreille interne en une semaine) effectuée très peu de temps après le trauma, aboutit dans 80 à 90 % des cas à une disparition totale des acouphènes. Une étude multicentrique mondiale va être lancée incluant quatre centres français (Marseille, Paris, Toulouse, Lille) et plusieurs milliers de patients.
Dr Alain Dorra

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