jeudi 21 mars 2013
C'est la semaine de la santé mentale. Armel Rivallan, cadre supérieur de santé à l'hôpital, est aussi rédacteur en chef adjoint de la revue bimestrielle Soins psychiatrie. Par passion.
Portrait
On parle psychiatrie, ses yeux s'allument comme un feu de joie. Armel Rivallan met vite à l'aise, question de métier. Ce quinquagénaire né à Paris, où il a vécu jusqu'à ses 20 ans, est entré en psychiatrie par hasard. « La vraie question est : quand en sort-on ? »lance-t-il avec humour. Ça ne semble pas près de lui arriver. Rien ne le prédestinait pourtant à suivre cette voie. Chauffeur de poids lourds, dépanneur TV, employé pour un négociant en vins de Bordeaux... Il passe le concours d'infirmier psy « parce qu'il me fallait un boulot ».
Pendant ses trois ans d'études, de 1984 à 1987 à Amiens, époque où la spécialité se différenciait encore de l'infirmerie générale, il fait des stages à l'hôpital. C'est la révélation : « J'ai aimé l'aventure humaine, l'âme des autres. En psy, le patient est comme un livre : il arrive avec une page ouverte, notre boulot est d'aller chercher dans les chapitres précédents pour essayer de l'aider à écrire au moins les premières lignes des suivants. »
Rédacteur en chef adjoint
Il travaille 25 ans dans différents hôpitaux de Picardie, à Amiens et Abbeville. En 1994, après avoir suivi pendant un an l'école des cadres en psychiatrie à Lille, il oeuvre successivement en centres médico-psychologiques, hôpitaux de jour et unités d'hospitalisation complète. C'est aussi un jour de 1994 que le journalisme lui tombe dessus.
Il travaille sur une étude de patients avec Dominique Letourneau, « une figure de la psy ». Ils sympathisent et écrivent une fiction satirique sur le monde de la psychiatrie, qui ne verra jamais le jour. « Il me propose d'intégrer le comité de rédaction de la revueSoins psychiatrie. » Ce périodique trimestriel, sur abonnement, est une référence pour tous les acteurs de soin en santé mentale.
« Je me suis demandé ce que moi, petit cadre infirmier, allait faire là. Mais j'ai dit oui. » Armel se retrouve à Paris autour d'une table avec « des pointures de la psychiatrie ». Une aventure humaine et journalistique commence. « Je me suis vite laissé grisé à transmettre mes idées sur le papier. On se découvre, on se trouve des talents cachés, on cherche son style... »
En 2004, il intègre l'hôpital de Quimperlé. Christian Bourdeux est son rédacteur en chef adjoint. Il décède, on propose le poste à Armel, en 2006. Aujourd'hui, le soignant fait un véritable travail de rédacteur en chef, écrit des articles, coordonne des dossiers, relit, organise, planifie... Avec une fierté : ces fiches dont il a eu l'idée, dédiées aux grands noms de la psychiatrie. Une à chaque numéro.
Pourquoi fait-il ça ? « Pour l'ouverture d'esprit. C'est bien d'exprimer sa pensée par l'écriture pour faire vivre une profession. Bourdeux disait : « Il faut écrire pour exister ». Il avait raison ! » Il ajoute, sans prétention : « Il y a un côté prestigieux : être le rédac'chef de la revue de référence en psychiatrie est une chance. » Pour ses lecteurs aussi. Une passion, ça se transmet.
Soins psychiatrie sur : em-consulte.com/revue/spsy
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