mercredi 24 octobre 2012

Accouchement sur l'A20 : pour la mère "il n'y avait aucune solution"

Le Monde.fr avec AFP | 
Le trajet de Figeac à Brive-la-Gaillarde emprunté par la femme qui a accouché sur l'autoroute, vendredi

Certains accusent la désertification médicale. D'autres s'interrogent sur la responsabilité de son gynécologue. Cinq jours après la mort de son bébé lors de son accouchement sur l'autoroute A20, la femme au cœur de ce drame évoque, elle, un tragique concours de circonstances, auquel ni son gynécologue ni elle ne pouvaient rien en l'état actuel de la carte médicale.
"Je n'accuse personne. On aurait fait différemment, ça n'aurait rien changé", dit cette femme de 35 ans qui livre pour la première fois, mardi 23 octobre, au NouvelObs.com sa version des faits survenus vendredi dans le Lot.
Elle estime que son gynécologue de Figeac, "un praticien reconnu, qui a vingt-cinq ans de métier" et qui l'a "très bien suivie", n'a commis aucune erreur en l'envoyant à la maternité de Brive, dans le département voisin de la Corrèze, à plus d'une heure du domicile familial.
TOUTES LES MATERNITÉS À "PLUS OU MOINS UNE HEURE"
Sa fille est née après sept mois de gestation. "La petite commençait à descendre et j'avais des contractions, mais le col de l'utérus était fermé. Le gynécologue a estimé que j'avais quatre heures devant moi pour arriver à Brive, ce qui est très large. On m'attendait là-bas. Personne ne pouvait savoir que le bébé arriverait aussi vite", relate-t-elle.
Le choix de Brive plutôt que Cahors, Villefranche-de-Rouergue ou Aurillac n'était pas non plus une erreur : "Tous ces trajets prennent plus ou moins une heure, à dix minutes près", indique-t-elle, confirmant cependant en creux un problème de désert médical. Elle avait choisi Brive au début de sa grossesse parce que la route est plus facile, surtout en décembre quand elle était censée accoucher. "Et puis il fallait bien que j'en choisisse une ! Il n'y avait aucune raison pour que j'accouche d'un prématuré. C'est à Brive que j'ai fait mon amniocentèse, tout s'est très bien passé", dit-elle.
Vingt minutes après être partie de Figeac, dans la voiture conduite par son compagnon, elle a perdu les eaux. "Puis tout s'est enchaîné. Quand la petite est née, elle vivait. Elle bougeait contre moi. Mais au bout de quelques minutes, c'était fini. Un bébé prématuré de sept mois ne tient pas s'il n'est pas mis en couveuse immédiatement."
"INDIGNÉE PAR LA POLITISATION [DU] DRAME"
Elle et son compagnon ont pourtant appelé assez tôt les pompiers, qui n'ont mis qu'une vingtaine de minutes pour arriver, dit-elle. Elle précise également que l'échographie n'avait pas décelé d'anomalie : "Pour un bébé de ce poids, dans ces conditions, il n'y avait aucune solution. Si j'avais été sur place, oui, ils me l'auraient sauvée, certainement. Mais là, je ne serais arrivée à temps dans aucune maternité. Ni nous ni l'obstétricien, que je soutiens totalement, ne sont en cause. C'est une douleur immense, un deuil horrible. Et quand je vois que ça fait la 'une' le lendemain, ça amplifie."
Cette femme se dit "indignée par la politisation [du] drame" et "le manque de compassion total" à son égard, comme pour son compagnon. Elle est aussi scandalisée par le comportement de journalistes qui ont fait le guet devant chez eux ou sont venus, dit-elle, dans les couloirs de l'hôpital de Cahors pour prendre des photos. Les parents attendent à présent le retour du corps, dont ils ont demandé l'autopsie, pour l'inhumer seuls.
Le président de la République François Hollande a réagi samedi en demandant une enquête administrative. Puis Marisol Touraine, ministre de la santé, a indiqué dimanche qu'il y avait "beaucoup de questions"autour de cet accouchement soulignant notamment que la maternité de Brive n'était pas la plus proche du domicile des parents. "C'est une situation dramatique, il est insupportable de voir un couple perdre un enfant dans de telles circonstances, c'est inacceptable", a-t-elle déclaré dans l'émission BFM Politique/Le Point/RMC.

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