mercredi 24 octobre 2012

Modèles


durée 1h45
10 oct. - 10 nov., 21:00
salle Jean Tardieu
On ne naît pas femme, on le devient, mais de quelle manière ?
Elles étaient gamines dans les années quatre-vingts, devenues femmes, les comédiennes, musiciennes et citoyennes de Modèles fouillent les identités possibles et impossibles de la féminité. Qu’est-ce que c’est, être une femme en 2012 ? Sur un plateau peuplé de morceaux choisis de mannequins de cire, corps idéalisés mais tronqués, elles chantent, dansent, jouent. C’est drôle et percutant. Cinq grâces interrogent l’identité sexuelle de la femme, son intimité profonde et son rôle social. Parmi un flot d’images, d’informations, de signes, elles irradient. Elles ont hérité des mots de Duras, de Beauvoir, des révolutions de leurs mères, des modèles imposés. Elles fréquentent les cruches des séries, monstres de Dynastie et archétypes de Desperate Housewives. Elles reviennent sur des décennies d’interrogations quant au rôle des femmes, objets de désir, martyres de quelques barbares membrés, ou figures de proue des révoltes essentielles. Fête libre et heureuse, Modèles dresse l’édifiant portrait de quelques femmes d’aujourd’hui.

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La Grande Table (1ère partie)

Syndiquer le contenupar Caroline BrouéLe site de l'émission
Emission La Grande Table (1ère partie)
du lundi au vendredi de 12h à 12h30
Ecoutez l'émission26 minutes

Féminisme : les nouvelles formes d'intervention militante.

24.10.2012 - 12:02 Ajouter à ma liste de lectureRecevoir l'émission sur mon mobile

 A partir du spectacle "Modèles" de Pauline Bureau, au Théâtre du Rond-Point.

Avec :
- Myriam MARZOUKI
- Eric FASSIN
- Stanislas NORDEY

Myriam Marzouki : « Modèles est une série de témoignages énoncés dans une adresse directe au public, qui reprennent des extraits de Virginie Despentes, de Virginia Woolf, ou encore d’interviews. La pièce questionne la construction des femmes à partir des modèles que la société leur impose. Le livre de Muriel Plana, Théâtre et féminin, permet d’interroger la pièce car il fait la distinction entre un théâtre des femmes, un théâtre féminin, et un théâtre féministe. Il me semble qu’on retrouve ces trois dimensions dans Modèles. La question est donc de savoir si ces trois dimensions sont indissociables, ou non.
Quand on découvre qu’il n’y a que des femmes sur scène, et où les hommes ne sont présents qu’à travers leur discours, on est surpris. A l’inverse, quand on va voir un spectacle où la quasi-totalité des comédiens sont des hommes, tout semble normal. Le spectacle pointe donc nos habitudes de représentation. C’est un spectacle militant, qui prend la forme d’un manifeste : les comédiennes se mettent du côté des femmes qui se découvrent elles-mêmes comme victimes d’une domination, et au centre d’un problème qu’elles pensaient résolu.
La légèreté de la chanson de Lily Allen est à l’image du spectacle, même si certains moments sont graves. On voit comment des femmes trentenaires se ressaisissent d’une histoire dans une forme de jubilation théâtrale, avec une naïveté qui met en évidence l’absence de transmission de la cause féministe d’une génération à l’autre. »

 Eric Fassin : « C’est une pièce féminine, dont le public est majoritairement féminin. On perçoit d’ailleurs une connivence, d’abord entre les comédiennes, mais aussi avec le public, qui marque la constitution d’un « nous » collectif. Aujourd’hui, pour ces femmes nées dans les années 1980, il y a une difficulté à se montrer politiquement, et collectivement. Le problème posé par la pièce est celui de la symétrie : s’il y avait un spectacle d’hommes, aurait-on le même sentiment ? Je ne crois pas. La domination masculine est telle que l’effet ne serait pas le même. Par ailleurs, les hommes sont présents malgré leur absence, mais en creux. Comme le dit Marguerite Duras : « Il faut beaucoup aimer les hommes, beaucoup les aimer pour les aimer ».
Ce spectacle est à peu près exclusivement hétérosexuel : il n’est jamais question de lesbianisme. On pourrait dire qu’ainsi, il ne remet pas en question l’ordre du monde, parce qu’il y a présomption d’hétérosexualité. Mais en même temps, cette hétérosexualité est perturbée sur un mode qui est celui de la culture populaire. Cela donne une sorte de légèreté à la pièce, par exemple avec la chanson que l’on entend dans le spectacle, « Fuck you » de Lily Allen. Les collectifs comme Femen ou La Barbe sont des manifestations très différentes de celles du spectacle. Ces collectifs sont dans le registre de la performance et de l’ironie, là où le spectacle invite à se retrouver soi-même, et à prendre conscience de sa propre expérience. L’apparente naïveté du spectacle redécouvre des problèmes qu’on croyait surmontés. »  

Stanislas Nordey : « Cette exclusion des hommes est d’autant plus intéressante que dans les salles de théâtre, la plupart du temps, le public et les employés administratifs sont majoritairement des femmes, alors que les comédiens et les responsables de projets sont souvent des hommes. C’est une espèce de photographie de quelque chose qui n’est pas du tout résolu : l’exclusion du corps féminin des plateaux de théâtre. Ici, l’exclusion du corps masculin est importante : au moment de la parité, cela permet de réinterroger la prise de parole militante dans les arts du spectacle.
Au-delà du contenu, on constate aujourd’hui un retour des revendications. S’il y a un théâtre militant, un théâtre de combat, c’est qu’il y a des combats non résolus. Un débat qui exclut les hommes est donc intéressant, parce qu’il fait entendre des revendications. C’est un cas d’école qui trouble et qui interpelle. »

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