mercredi 20 octobre 2010

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Psys «happés» par l'armée
Claudette Samson

(Québec) Les membres du conseil d'administration de l'Institut universitaire en santé mentale de Québec ont avalé de travers, mercredi soir, en entendant qu'ils allaient encore perdre un psychiatre au profit des Forces armées canadiennes. Depuis deux à trois ans, il s'agit du sixième à avoir sauté la clôture.

La demande de congé sans solde de la Dre Esther Samson, une gérontopsychiatre pratiquant à l'Enfant-Jésus, a d'abord été accueillie sans trop de remous par les administrateurs, qui étaient informés des réaménagements de service.

Puis est venue la question «qui tue» : «J'espère que ce n'est pas encore pour l'armée?»

À la réponse positive de Michèle Tourigny, directrice générale adjointe, la présidente Raymonde Touzin s'est exclamée qu'elle est «la énième happée par les services fédéraux». Dans le contexte où l'Institut cherche lui-même à pouvoir près d'une vingtaine de postes, la pilule était dure à avaler.

À un point tel que Mme Touzin a demandé si ce congé pouvait être refusé. Ce à quoi Mme Tourigny a répondu que plusieurs des psychiatres ayant demandé un congé sans solde pour aller travailler pour les Forces armées auraient démissionné de leur poste à l'Institut s'ils avaient essuyé un refus. S'ils ne l'ont pas fait, souligne Mme Tourigny, c'est par crainte que ce poste ne soit aboli par le ministère de la Santé, empêchant du coup l'établissement de les remplacer. En entrevue à la fin de la réunion, Mme Touzin et le directeur général, Simon Racine, ont con firmé leur désarroi par rapport aux départs qui se multiplient.

«Les Forces armées offrent des conditions alléchantes», a fait valoir la présidente. Chaque fois qu'un psychiatre s'en va, la pression augmente sur les autres, a renchéri le dg.

Une vérification effectuée hier a permis de confirmer que cinq médecins sont partis pour les Forces actives (dont l'un a démissionné) et qu'un autre est allé rejoindre les Anciens Combattants.

218 nouveaux praticiens

Depuis quelques années, les Forces armées canadiennes ont pris conscience de l'immense détresse qui frappe certains militaires à leur retour d'une zone de combat et de la nécessité de combler leurs besoins à cet égard.

À l'échelle canadienne, une somme de 98 millions $ a été attribuée à cette fin, pour embaucher 218 nouveaux praticiens en santé mentale, incluant les psychiatres, psychologues, infirmières, travailleurs sociaux, etc. Selon les données transmises hier par les services de santé des Forces armées, 182,5 postes ont été pourvus à ce jour. Les services sont rendus dans les grandes bases des Forces, dont celle de Valcartier, qui fournit un fort contingent pour l'Afghanistan. Il n'a pas été possible hier de dresser le portrait du recrutement spécifiquement pour cette base.

Conséquences dans les CHSLD

Le départ de la gérontopsychiatre Esther Samson de l'hôpital de l'Enfant-Jésus ne sera pas sans conséquence sur les personnes âgées de la région. Une fois son remplacement assuré à l'hôpital par un collègue du département régional de psychiatrie, ce sont les résidants des centres de soins prolongés du secteur est de la région de la Capitale-Nationale qui écoperont.

«Déjà, l'offre de services en gérontologie des CHSLD se replie», a indiqué mercredi soir Michèle Tourigny, directrice générale adjointe à l'Institut universitaire en santé mentale de Québec, devant les membres du conseil d'administration. Plutôt que de dispenser directement des soins aux résidants ayant un problème de maladie mentale, les gérontopsychiatres soutiendront les infirmières de liaison, a-t-elle indiqué, ajoutant que c'est déjà ainsi que ça fonctionne dans le secteur ouest.

Le manque d'effectifs psychiatriques a par ailleurs pour effet de retarder un autre projet, celui d'un hôpital de jour pour les personnes âgées ayant un problème de maladie mentale.

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