samedi 16 décembre 2023

HAD en Ehpad : une bonne solution, mais pas la panacée

Serge Cannasse   27 nov. 2023

Autorisée depuis 2007, l’intervention des équipes d’HAD (Hospitalisation à domicile) en Ehpad (Établissements d’hébergement pour personnes âgées dépendantes) a augmenté de manière régulière et modérée, avec 625.000 journées d’HAD en 2021. Leur fonction est de fournir les ressources médicales et techniques nécessaires pour réaliser certains soins dans l’établissement. Elles sont le plus souvent composées d’un médecin coordonnateur, d’une infirmière coordonnatrice, d’une infirmière et d’une assistante sociale.

Pour les Ehpad, le recours à l’HAD est nettement moins fréquent que les hospitalisations classiques. Au premier semestre 2017, pour 100 résidents, il y a eu en moyenne 29 admissions en médecine et chirurgie, dont 16 non programmées, 13 passages aux urgences, mais seulement 0,9 recours à l’HAD. Deux chercheuses de l’IRDES (Institut de recherche et de documentation en économie de la santé) ont réalisé une enquête pour évaluer l’intérêt de ce dispositif en Ehpad.

Lire la suite ...


L'hôpital de Montfavet refuse d'entrer dans le Groupement hospitalier de territoire

Par Maëlys Ponge   Publié le 13/12/23

En 2024, l'établissement psychiatrique installé à Montfavet devrait passer sous la direction du centre hospitalier Duffaut. Le personnel de l'hôpital était en grève ce mardi pour protester contre cette décision.

Mardi 12 décembre, le personnel médical et non médical de l'hôpital de Montfavet était en grève pour protester contre le Groupement hospitalier de territoire (GHT) avec l'hôpital Henri-Duffaut. "L'organisation et la spécificité de la psychiatrie ne peuvent en aucun cas être réduites au modèle MCO (médecine, chirurgie obstétrique)", martèlent les médecins en psychiatrie. Pour elles, centraliser les décisions au centre hospitalier d'Avignon signifie "une mainmise sur l'organisation du travail, sur le budget pour des nouveaux projets, sur les investissements..."

Par cette "mainmise", les psychiatres craignent que leur discipline ne passe au dernier plan dans les décisions et que la psychiatrie devienne le "parent pauvre de l'organisation sanitaire".

Lire la suite ...


La MDMA bientôt autorisée en psychiatrie aux États-Unis?

Repéré par Bénédicte Le Gall — 13 décembre 2023

Une association vient de déposer une demande d'autorisation de mise sur le marché d'un nouveau médicament à base d'ecstasy.

Si la demande de la MAPS est approuvée, les capsules de MDMA deviendront légales et pourront être prescrites en complément d'une thérapie chez un psychiatre. | Towfiqu barbhuiya via Unsplash

Aux États-Unis, les personnes souffrant de stress post-traumatique pourraient peut-être bientôt suivre un traitement à base de MDMA, une drogue aussi connue sous le nom d'ecstasy. La MAPS, une association américaine militant pour une utilisation médicale des psychotropes, vient de déposer auprès de la FDA (l'agence publique américaine des denrées alimentaires et des médicaments) une demande d'autorisation de mise sur le marché d'un nouveau médicament à base de MDMA, relate Vice.

Pour le moment, cette drogue est inscrite sur la liste des substances contrôlées: le gouvernement estime qu'elle présente un danger potentiel. Son utilisation dans un cadre médical n'est ni autorisée, ni reconnue comme sûre. Si la demande de la MAPS est approuvée, les capsules de MDMA deviendront légales et pourront être prescrites en complément d'une thérapie chez un psychiatre.

Une réduction significative des troubles après trois séances

Amy Emerson, présidente de la MAPS, partage son enthousiasme: «Le dépôt de cette demande est l'aboutissement de plus de trente ans de recherche clinique, de plaidoyer, et de dévouement pour apporter une nouvelle solution aux patients vivant avec un syndrome post-traumatique, une maladie mentale qui n'a connu que peu d'innovations en plusieurs décennies.»

Lire la suite ...


COP 28 : enfin une journée consacrée à la santé !

Jean-Bernard Gervais     11 déc. 2023

Aussi étonnant cela puisse-t-il paraître, jamais ô grand jamais n'avait été organisée lors d'un sommet de la COP, en 28 ans d'existence, une journée consacrée à la santé. Cet oubli scandaleux a été rectifié le samedi 3 décembre lors de l'organisation à Dubaï pour la 28e COP, de la première journée consacrée à la santé. À cette occasion, 123 pays ont signé la " Déclaration des Émirats arabes unis sur le climat et la santé de la COP28", qui reconnaît la nécessité pour les "gouvernements de protéger les communautés et de préparer les systèmes de santé à affronter les impacts sanitaires liés au climat, tels que les chaleurs extrêmes, la pollution de l'air et les maladies infectieuses". "La déclaration sur la santé est une première étape pour lever des fonds et récolter des soutiens. Nous avons eu aussi hier l'annonce d'un milliard de dollars avec différentes initiatives financières pour le climat et la santé. Ces initiatives de financement permettront de réduire les lacunes financières sur le climat et la santé", s'est empressé de déclarer le Dr Maha Barakat, l'une des conseillères du ministre de la santé des Émirats arabes unis (EAU). 

7 millions de morts dus à la pollution

Et il y a urgence, comme l'a d'ailleurs rappelé le directeur général de l'OMS, le Dr Tedros Adhanom Ghebreyesus: "Les maladies qui touchent les personnes de plus de 65 ans ont augmenté de plus de 75% dans le monde en 20 ans. Chaque année 7 millions de personnes périssent en raison de la pollution de l'air. Les changements climatiques aboutissent à un nombre record de cas de choléras." Si la santé humaine est mise en péril par les changements climatiques, les systèmes de santé, du fait d'émission de gaz à effet de serre, font aussi partie du problème, a poursuivi le directeur général de l'OMS : "Le secteur de la santé représente 5% des émissions de gaz à effet de serre."Concrètement, quels peuvent être les autres effets des changements climatiques sur la santé humaine ? 

Lire la suite ...

Aide médicale d'État : un nouveau rapport

Jean-Bernard Gervais   12 déc. 2023

Alors qu’il a été examiné ce 11 décembre le projet de loi, adopté par le Sénat, « pour contrôler l'immigration, améliorer l'intégration », la Première ministre a reçu ce 4 décembre un rapport sur l'aide médicale d'État (AME). Ce rapport, rédigé par Claude Évin et Patrick Stefanini, était attendu pour janvier 2024 mais, eu égard à l'examen actuel du projet de loi immigration, il a été rendu avec un mois d'avance. C'est que l'AME est l'une des pierres d'achoppement de ce texte législatif : transformée par le Sénat en aide médicale urgente, l'AME a été rétablie par la commission des affaires sociales de l'Assemblée nationale. Pour prendre une position argumentée sur le sujet, Élisabeth Borne avait donc besoin de ce rapport complet sur la question. 

Augmentation du nombre de bénéficiaires

Premier constat : le nombre de bénéficiaires de l'AME augmente, du fait de l'augmentation du nombre de migrants. « L’accélération de l’accroissement du nombre de bénéficiaires de l’AME sur les dernières années est donc une réalité. Comme ce nombre est directement la conséquence de l’augmentation du nombre d’étrangers en situation irrégulière, tout laisse à penser qu’elle va se poursuivre en 2024 », établissent les rapporteurs. Fin 2023, 466.000 étrangers bénéficient de l'AME. En termes de tranches d'âge, les premiers bénéficiaires de l'AME sont les étrangers âgés entre 18 et 59 ans (280.233 personnes en 2023), suivis par les moins de 18 ans (87.007) et les plus de 60 ans (24.876). Toutefois entre 2015 et 2023, la croissance du nombre de mineurs a été de +65%, celle des personnes âgées de +75% contre +23% pour les 18-59 ans. Les femmes sont minoritaires (44%), quelle que soit la tranche d'âge considérée. 

Lire la suite ...


Jeunes en souffrance. Psychanalyse et éducation spécialisée

Année d'édition : 2023

AICHHORN AugustDZIOMBA Serge

Avec la Préface de Sigmund Freud. Cet ouvrage est issu de l'expérience éducative d'un compagnon de Freud, auprès des jeunes en difficulté, délinquants, cas sociaux, carencés, dans les années mil-neuf-cent-vingt. Il représente la première tentative de fonder l'acte éducatif à partir de la psychanalyse. D'une grande richesse clinique, prenant appui en permanence sur la relation avec les jeunes et les parents, ancré dans la vie quotidienne de l'institution, le texte d’August... 


Lire la suite ...


Enfants ex-otages du Hamas: «Personne, en école de médecine, ne vous prépare à une telle situation»

Publié le : 

Les enfants israéliens enlevés par le Hamas et emmenés à Gaza ont vécu l’horreur. Ils ont presque tous été libérés fin novembre. Au total, 36 des 38 enfants détenus sont rentrés chez eux, à la faveur d’un accord de trêve entre l’État hébreu et le Hamas. C’est à l’hôpital Schneider à Petah Tikva, près de Tel Aviv, que certains d’entre eux ont été accueillis et soignés, à leur retour de captivité.


La lettre de philosophie magazine






Bonjour,

L’autre soir, alors qu’étaient tombés les (mauvais) résultats de l’enquête Pisa sur le niveau scolaire en France et que le ministre de l’Éducation nationale, Gabriel Attal, promettait de redonner le pouvoir aux professeurs tout en soumettant les élèves à un “choc des savoirs”, ma femme, professeur d’histoire-géographie au lycée, me faisait part de trois incidents troublants survenus avec des élèves. Qui attestent que le métier de professeur est, comme le suggérait Freud, une tâche aussi grandiose qu’impossible. Parce qu’il ne doit pas seulement sanctionner des connaissances, mais activer et canaliser un désir.

“Il y a très longtemps déjà, affirmait Freud en 1925, j’ai fait mienne la boutade qui veut qu’il y ait trois métiers impossibles : éduquer, guérir, gouverner ; j’avais déjà largement de quoi faire avec le second des trois. Mais je ne méconnais pas pour autant la haute valeur sociale du travail de mes amis éducateurs” (Préface à Jeunes en souffrance, d’August Aichhorn, 1925). Une conviction répétée douze ans plus tard, dans un texte significativement consacré à la dimension interminable du travail du psychanalyste : “Il semble presque qu’analyser soit le troisième de ces métiers ‘impossibles’, dans lesquels on peut d’emblée être sûr d’un succès insuffisant. Les deux autres, connus depuis beaucoup plus longtemps, sont éduquer et gouverner” (Analyse finie et analyse infinie, 1937).


La diversité neuronale, un gage d’adaptation

Serge Cannasse   7 nov. 2023

Les techniques d’imagerie cérébrale ont permis de mettre en évidence la très grande hétérogénéité des neurones cérébraux, sans que les chercheurs aient réussi à établir son rôle sur les fonctions cérébrales. L’INRIA (Institut national de recherche en sciences et technologies du numérique) a développé des partenariats avec l’Institut de recherche Krembil de l’University Health Network, (Toronto), l'Institut de recherche sur le cerveau de l'Université d’Ottawa et l’équipe Mimesis (Strasbourg) pour avancer sur ce sujet. Cette collaboration a réuni des chercheurs en informatique, en mathématiques, en neurosciences et en neurochirurgie. Ils ont mis au point des modèles mathématiques permettant de comprendre le rôle de la diversité neuronale dans un circuit cérébral 1Une actualisation de leurs travaux vient d’être publiée 2


vendredi 15 décembre 2023

Faut-il former les juges aux affaires psychiatriques ?




Lundi 11 décembre 2023

La police judiciaire intervient sur les lieux d'une agression au couteau à Paris le 2 décembre 2023. ©AFP - Dimitar DILKOFF

Après l’attaque au couteau qui a eu lieu à Paris le 2 décembre dernier, le ministre de l'Intérieur Gérald Darmanin a énoncé un "ratage psychiatrique". L'assaillant est un ex détenu fragile psychologiquement. Quel rôle pour les expertises psychiatriques dans les procédures criminelles ?

Avec

Cécile Mamelin Juge aux affaires familiales, membre de l'USM

Guillaume Monod Médecin-psychiatre consultant au centre pénitentiaire Paris La santé et directeur adjoint du Centre d'Etude des Radicalisations et de leurs Traitements à l’université Paris-Cité. Membre associé du laboratoire interdisciplinaire d’études du politique - Hannah Harendt, université Gustave-Eiffel

Mathieu Lacambre Psychiatre au CHU de Montpellier et coordinateur de la de psychiatrie légale, fondateur d'une Unité de Soins Intensifs (USIP) et du Centre Ressource pour les intervenants auprès des Auteurs de violences Sexuelles en Languedoc-Roussillon (CRIAVS-LR)

Lire la suite et écouter le podcast ...

 

Le bon diagnostic en psychiatrie

Publié le : 

Quand on aborde le sujet de la santé mentale, le retard de diagnostic et l’errance diagnostique constituent des problématiques récurrentes. En effet, des premiers symptômes au diagnostic, le chemin peut être long et sinueux. Ainsi, on compte aujourd’hui en moyenne 10 ans entre le premier symptôme d’un trouble bipolaire et le début du traitement. Néanmoins, il est important de ne pas précipiter le diagnostic, au risque qu’il soit erroné.

Quel est l’impact d’un diagnostic tardif ? À l’inverse, quelles peuvent être les répercussions sur le patient et ses proches, d’un diagnostic hâtif et erroné ?


Chronique «Aux petits soins» Les droits des patients existent, mais ils restent bien difficiles d’accès

par Eric Favereau   publié le 12 décembre 2023

Dans une déclaration inédite, la Haute Autorité de santé appelle à un renforcement des droits des patients et à l’exercice d’un droit d’accompagnement plus effectif. Sera-t-elle entendue ?

Voilà une bonne nouvelle. La Haute Autorité de santé (HAS) publie ce mardi 12 décembre un texte inédit, de sa propre initiative, sur les droits des patients et leur effectivité. Même si la HAS garde sa mauvaise habitude d’utiliser un langage bureaucratico-sanitaire, il faut se satisfaire des petits pas… «Nous souhaitons exprimer un message fort. Les patients ont des droits, mais ils ont bien du mal à pouvoir les exercer», analyse le président de la HAS, le professeur Lionel Collet, qui rappelle que parmi les sept membres du collège, deux sont des représentants des patients, Christian Saout et Claire Compagnon.

La schizophrénie est encore plus incomprise chez les femmes

DE MERYL DAVIDS LANDAU  PUBLICATION 11 DÉC. 2023

Il reste encore beaucoup à apprendre sur la façon dont ce trouble affecte les femmes, qui sont plus susceptibles que les hommes d'être mal diagnostiquées et de développer la maladie à un âge tardif.


M2450016-Illustration_of_schizophrenia

La schizophrénie est un terme général désignant un groupe de maladies psychotiques caractérisées par des perturbations de la pensée, des réactions émotionnelles et du comportement. Au cours d’un épisode schizophrénique, les pensées et le comportement de la personne atteinte de la maladie ne se connectent pas de manière logique ; cette pensée désordonnée se traduit par un discours confus et décousu. Dans certains cas, le discours se désintègre pour donner une association de phrases étranges et de syllabes isolées.

ILLUSTRATION DE LOUISE WILLIAMSSCIENCE PHOTO LIBRARY

Longtemps considérées comme le parent pauvre des soins de santé, les maladies mentales telles que la dépression et l’anxiété ont gagné en visibilité et sont désormais mieux comprises. Il n’en va pas de même pour la schizophrénie, en particulier chez les femmes.

Le problème vient en partie du fait que l'on a longtemps considéré la schizophrénie, qui est une maladie mentale grave caractérisée par des hallucinations, des délires et des pensées erronées, comme une pathologie rare. En effet, selon les chiffres officiels, le taux de schizophrénie serait de l’ordre de 0,5 %. Cependant, de nouvelles recherches publiées cet été par l’organisme à but non lucratif Research Triangle Institute, ont démontré que cette estimation était largement en deçà de la réalité puisqu’environ 1,6 % des femmes américaines auraient déjà souffert d’un trouble schizophrénique au cours de leur vie, contre 2 % des hommes, qui sont souvent le visage de la maladie.

« On devrait davantage s’intéresser à la schizophrénie », en particulier chez les femmes, soutient Deanna Kelly, psychiatre et chercheuse au Maryland Psychiatric Research Center de l’université du Maryland. Du fait de l’insuffisance des recherches au cours de l’histoire, le corps médical a des difficultés à comprendre les différences entre les femmes et les hommes atteints de schizophrénie, ce qui peut avoir des incidences sur la qualité des soins prodigués, souligne-t-elle.

Lire la suite ...


Rita Charon : « La médecine narrative permet de “lire dans son patient” »

Propos recueillis par    Publié le 11 décembre 2023

Professeure de médecine et docteure en littérature anglaise, Rita Charon a développé un cursus d’humanités médicales à l’université Columbia, afin de mettre le récit du patient au cœur de la relation entre le soignant et le soigné.

Rita Charon, à New York, le 3 mai 2019. 

Médecin interniste et passionnée de littérature, Rita Charon a obtenu un doctorat de littérature consacré à Henry James à l’université Columbia (New York). C’est à elle que l’on doit le terme de médecine narrative, en 2001. Cette discipline présuppose que toute construction de récit est au centre de toute relation soignant-patient. En 2006, elle a publié Narrative Medicine. Honoring the Stories of Illness (traduit en français, en 2015 : Médecine narrative. Rendre hommage aux histoires de maladies, Sipayat). En 2009, elle a créé le master of science in narrative medicine, qu’elle dirige toujours.

Le dispositif La Touline, une bouée de sauvetage pour les enfants placés, livrés à eux-mêmes à 18 ans

Par    Publié le 14 décembre 2023

Un programme des Apprentis d’Auteuil accompagne l’insertion sociale et professionnelle des jeunes sortis de l’aide sociale à l’enfance, sans ressources familiales pour les guider dans les étapes du passage à l’âge adulte.

Romain Vincent, éducateur à La Touline de Seine-et-Marne, avec une jeune femme passée par l’aide sociale à l’enfance, à Combs-la-Ville. 

Sur un parking d’Emerainville, en Seine-et-Marne, Titouan (les prénoms ont été modifiés) guette le profil désormais familier de la voiture de Romain Vincent, son éducateur. Quand le véhicule arrive enfin à sa hauteur, le jeune homme de 20 ans, cheveux noirs regroupés en chignon et sweat bleu marine, saute sur le siège passager, puis adresse un sourire encore timide à Romain, qui lui propose d’aller prendre un dessert. Une poignée de kilomètres plus tard, dans le McDonald’s de la zone industrielle voisine, l’éducateur spécialisé sort son carnet de suivi sur un coin de table, tandis que Titouan engloutit un McFlurry KitKat – sa « valeur sûre » à lui.

Noita et les algorithmes : clou de girofle et complotistes

Jeudi 4 novembre 2021

Provenant du podcast

Les Pieds sur terre

Enfant, Noita croit tout ce qu'on lui raconte, chez elle, à l'école, à la télé. Puis Internet arrive, avec son lot de théories du complot. De clic en clic, de blog en page YouTube, elle avance au gré des recommandations des réseaux sociaux, sans se poser trop de questions. Jusqu'à la vidéo de trop.

Se laissant guider par les algorithmes, Noita, trente-quatre ans, a navigué de vidéo en vidéo sur YouTube pour découvrir de nouvelles pratiques, de nouvelles connaissances, de nouveaux horizons. Petit à petit, elle a commencé à adopter des croyances ésotériques, à pratiquer des médecines alternatives, et même à adhérer à des théories complotistes. Mais un jour, la jeune femme finit par rebrousser chemin en empruntant une autre branche de l'algorithme : celle des vidéos dites de zététique ou de "pensée critique". Parcours dans la forêt du web entre vrai et faux, sciences et pseudo-sciences, savoirs et croyances...

Lire la suite et écouter le podcast ...


"Au village Alzheimer, à la recherche de la mémoire perdue"

Dimanche 10 décembre 2023

Provenant du podcast

Interception

L'un des 120 résidents du village Alzheimer, lieu expérimental dans les Landes, où les soignants ne portent pas de blouses blanches. ©Radio France - Paul Ferrier

C'est un village unique en France, pour des malades d'Alzheimer. Une centaine y vivent, entourés de soignants sans blouse blanche. Des chercheurs de l'INSERM étudient leurs comportements. Ils livrent leurs résultats en exclusivité pour Interception. L'émission vous emmène 48 heures en immersion.

"Je me sens très bien, moi. Parce que moi j'habite pas ici, j'habite à... " Silence. La vieille dame, prénommée Nadine, ne parvient pas à terminer sa phrase, incapable de se souvenir de son lieu de résidence. "Oh là là, j'ai honte", s'excuse-t-elle. "Oh là là, je ne sais plus ce que je fais, je ne sais plus ce que je dis". La maladie d’Alzheimer, dont elle est victime, frappe un million de Français. Les médecins établissent ce diagnostic à partir de 80 ans, très souvent parmi les octogénaires. Mais cette maladie s’attaque aussi aux plus jeunes, parfois avant même soixante ans.  Les ravages sont toujours les mêmes. La dégénérescence des neurones, dans le cerveau. La perte de la mémoire et des repères. L’oubli des mots et de tout, jusqu’au prénom des êtres les plus chers, que les malades Alzheimer ne reconnaissent plus. C’est une maladie qui fait terriblement peur, celle qui effraye le plus, après le cancer.

Lire la suite et écouter le podcast ...


Gestion du temps de travail à l’hôpital : une compétence mal maîtrisée par les cadres de santé

Publié le 

Une note d’information émanant du Ministère de la santé et de la prévention suggère de créer un nouvel axe de compétences pour les cadres de santé jugés insuffisamment formés à l’organisation du temps de travail et à la méthodologie de construction des cycles de travail. Extrait.

L’organisation du travail à l’hôpital constitue un enjeu primordial, au regard de l’obligation de continuité d’activité, de la synchronisation des temps soignants et de l’évolution des aspirations des professionnels en termes de conciliation vie professionnelle – vie personnelle dans un contexte de déficit d’attractivité. Dès 2020, l’accord relatif à la fonction publique hospitalière du « Ségur de la Santé » a consacré plusieurs évolutions majeures, parmi lesquelles la négociation d’accords locaux sur le temps de travail visant à améliorer l’organisation du travail à l’hôpital. Par la suite, les voeux du président de la République aux acteurs de la santé le 6 janvier 2023 ont été l’occasion d’annoncer un « chantier de refonte de l’organisation du travail à l’hôpital ».

Lire la suite ...


Le visage au coeur de la 6e biennale de l'art brut

07 décembre 2023

 Ce visage brodé a été retenu pour l'affiche de l'exposition que l'on peut voir dans les rues de Lausanne. On le doit à Bertha Morel, qui l'a réalisé entre 1936 et 1960, et dont le format est très petit : 8,7 x 7,1 cm. sda-ats

Le visage est au centre de la sixième édition des biennales de l'art brut qui se tient à Lausanne du 8 décembre au 28 avril. Le musée de l'art brut a sélectionné 330 pièces, issues de son fonds et réalisées par une quarantaine d'autrices et d'auteurs.

"Comme pour chaque biennale, l'exposition rassemble des oeuvres méconnues ou pas encore présentées, parmi plus de 70'000 pièces que le musée possède", a expliqué Sarah Lombardi, directrice du musée de l'art brut jeudi devant la presse. Elle revisite aussi des corpus déjà montrés au public, mais sous un angle nouveau.

"Il y a au moins autant de visages que de pièces que nous présentons", a relevé le commissaire de l'exposition Pascal Roman, professeur de psychologie clinique, psychopathologie et psychanalyse. Et de montrer les portraits d'Eugène Wyss sculptés dans des noyaux d'abricots ou ceux plus destructurés de Curzio Di Giovanni, qui s'inspirent de photographies de stars dans les magazines.

Lire la suite ...


Avoir un chien tôt dans sa vie protègerait contre la schizophrénie

Megan Brooks    8 janvier 2020

Baltimore, Etats-Unis Avoir eu un animal – à vrai dire un chien – quand on était enfant pourrait protéger contre le développement d’une schizophrénie ultérieurement, selon une nouvelle étude.

Les résultats montrent que les adultes qui possédaient un chien dans leur enfance ont 25% de risque en moins d’être diagnostiqué pour une schizophrénie par la suite. Ce résultat n’est pas retrouvé avec les chats, notent les chercheurs.

Il existe quelques explications plausibles en faveur d’un potentiel effet protecteur du contact avec un chien, a expliqué le Dr Robert Yolken, département de neurovirologie pédiatrique (Johns Hopkins School of Medicine, Baltimore, Maryland) à Medscape Medical News.

« L’une d’elles est que les familles qui possèdent des chiens diffèrent d’une certaine façon de celles qui ont des chats, par exemple sur les endroits où elles vivent et leur niveau de ressources, et ces différences sont cohérentes avec le risque de schizophrénie » dit-il.

Lire la suite ...


La relation soignant-soigné : la tendresse dans les soins

PUBLIÉ LE 13/12/2023

Christine Paillard, documentaliste et lexicographe en sciences infirmières, propose d'analyser un concept et son application dans le champ infirmier, à partir de son Dictionnaire des concepts en soins infirmiers, utile pour les Analyses de pratiques professionnelles et pour le Mémoire de fin d’études et l’exercice de la profession soignante.
Dans ce nouveau cours, Christine Paillard nous de la tendresse dans le cadre de la relation soignant-soigné

Racisme, xénophobie et relation soignant/soigné

Racisme, xénophobie et relation soignant/soigné

La tendresse dans les soins

Au Moyen Âge, on parlait de tendreté en évoquant le monde de l’enfance. Au 16ᵉ siècle (1551), il était question de fragilité du jeune âge. Au 17ᵉ siècle, c’atit une affaire de sentiment  exprimé par des gestes, comme les caresses. Le câlin est une expression de la tendresse.
Peut-on parler de tendresse en soins infirmiers ? Pour Laurence Kouznetsov (1), cette expression est définie au départ par opposition à la tendresse parentale, cette tendresse repose sur un partage d’affects et sur une réflexion progressive de la part des soignants. Elle peut apparaître comme une défense, une manière de court-circuiter les émotions très brutes que le bébé fait naître chez le soignant. Avec l’expérience, on voit se développer cette tendresse soignante. Les gestes tendres sont réfléchis, ils ne sont pas dénués d’affect, mais leur charge émotionnelle est mesurée. La tendresse soignante est véritable, elle se différencie de la tendresse en général par ses limites dans le temps et l’espace, mais également par sa fonction.

Lire la suite ...


Comment font les autres mères ?

Darons daronnes

Vous êtes nombreux à m’écrire chaque semaine, et je vous en remercie infiniment. Vos messages m’émeuvent, m’attendrissent, me font rire ou me bousculent, et me rappellent pourquoi j’ai eu envie de créer cette newsletter. Parfois, ils me marquent durablement. C’était le cas, il y a quelques semaines, du message de Pauline, que j’avais d’ailleurs publié ici. Mère de deux enfants de 1 et 3 ans, Pauline m’écrivait, sous le titre « Fatiguée mais heureuse mais fatiguée », un texte dont je remets ci-dessous un extrait :

« Je vis avec mon conjoint que j’aime à Paris, loin de nos familles. On a deux boulots de plus si jeunes cadres mais toujours dynamiques dans des entreprises certes compréhensives avec les parents… Mais, en même temps, le job doit être fait, après tout, on est payés pour ça. On gagne bien notre vie, mais les frais de crèche et l’emprunt mangent près de la moitié de nos revenus. Il manque plus que le chien pour compléter le tableau.

Mais pourtant je suis en apnée : fatiguée à peine réveillée parce que mon fils ne me laisse pas dormir et qu’il ne réclame que mes bras, et déjà en retard pour déposer tout le monde à la crèche et à l’école. Mon mari est toujours là pour m’aider, j’ai de la chance. Mais il m’aide, il ne fait pas ;)

J’enchaîne sur onze réunions en moyenne au travail, fais du sport le midi parce que j’en ai besoin comme soupape et puis aussi pour rentrer dans mes jeans. Le soir, on enchaîne avec mon mari sur une deuxième journée en essayant de dissocier la maman de la travailleuse, sans trop de succès. Le week-end, on sort pas mal pour se vider la tête ; ça nous fait autant de bien que ça nous fatigue. Bref, vous savez.

Là où je m’interroge c’est : comment font les autres ? Je dépose les enfants à 8 h 10 pour les chercher à 18 h 10, le tout en courant. Mes enfants sont les premiers et les derniers. Systématiquement !

Elever des enfants, c’est fatigant. Nos sociétés sont encore calquées sur un modèle où la mère ne travaillait pas. Et je suis aussi fatiguée que révoltée. Fatiguée et heureuse, mais fatiguée. Merci de m’avoir lue, et désolée pour la banalité de mon propos. »

Je n’ai pas du tout trouvé ce message banal. Il m’a estomaquée par sa force. Il me semble que Pauline exprime une sorte de cri du cœur fondamental des mères contemporaines : « Comment font les autres ? » Bien sûr, elle évoque là un mode de vie particulier, celui d’un couple urbain de cadres travaillant à temps plein. Mais la question qu’elle pose est tout aussi obsédante pour les mères rurales, célibataires, au foyer, ou celles qui sont, malgré elles, dans l’actualité ces jours-ci, les « mères d’émeutiers », à propos desquelles le gouvernement a posé ouvertement, ce week-end dans La Tribune Dimanche, la question d’une éventuelle « défaillance ».

Lire la suite ...