lundi 13 novembre 2023

Suppression de l’AME : 3 500 médecins menacent de désobéir si l’aide médicale d’Etat disparaît

Le Monde avec AFP   Publié le 11 novembre 2023

Ces professionnels de santé s’engagent à « continuer de soigner gratuitement » les malades sans papiers si le dispositif devait disparaître, comme le souhaite une partie de la classe politique.

Au centre hospitalier de Béthune Beuvry, à Beuvry (Pas-de-Calais), en octobre 2020. 

« Moi, médecin, déclare que je continuerai à soigner gratuitement les patients sans papiers selon leurs besoins, conformément au Serment d’Hippocrate que j’ai prononcé. » Voici la « déclaration de désobéissance » signée par 3 500 médecins salariés et libéraux, opposés à la suppression de l’aide médicale d’Etat (AME) aux sans-papiers, dans un appel transmis samedi 11 novembre à l’Agence France-Presse (AFP). Ces professionnels de santé s’engagent à « désobéir » et à « continuer de soigner gratuitement » ces malades si le dispositif devait disparaître, comme le souhaite une partie de la classe politique.

« Je resterai indifférent à leurs conditions sociales ou financières, ainsi qu’à leur langue et leur nationalité », promettent les signataires dans ce texte lancé par deux psychiatres chefs de service dans les hôpitaux Henri Mondor de Créteil et le centre hospitalier intercommunal de Créteil, les Pr Antoine Pelissolo et Jean-Marc Baleyte. « La déontologie prescrit le juste soin pour chaque personne qui me consulte. La sagesse dénonce la faute éthique et en passant l’erreur épidémiologique », poursuivent-ils. Avant de conclure : « Patients d’ici et d’ailleurs, ma porte vous est ouverte. Et le restera. »

Lors de l’examen du projet de loi sur l’immigration, cette semaine, le Sénat a adopté un amendement qui supprime et transforme l’AME en « aide médicale d’urgence ». Le gouvernement ne s’y est pas opposé, mais le ministre de l’intérieur, Gérald Darmanin, a depuis déclaré qu’il ne « souhaitait pas » que le texte reste en l’état.

« Dans les hôpitaux, c’est bien une désobéissance »

L’AME couvre à 100 % les frais de santé des étrangers présents sur le sol français depuis au moins trois mois. Ses détracteurs l’accusent de générer un « appel d’air » pour l’immigration clandestine et de coûter « trop cher », actuellement 1,2 milliard d’euros annuels pour 400 000 bénéficiaires (3 000 euros par an par bénéficiaire).

« Beaucoup de médecins libéraux ont signé, généralistes ou spécialistes. S’ils reçoivent un patient non couvert, ils ne seront pas payés. C’est une prise de position très forte », a expliqué le Pr Pelissolo. « Dans les hôpitaux, c’est bien une désobéissance. Je peux ne pas déclarer une consultation. Dans le cas d’une hospitalisation, ce sera aux frais de l’hôpital. C’est ma décision même si c’est contre les règles habituelles de l’hôpital », a-t-il précisé.

Parmi les autres signataires figurent l’urgentiste Patrick Pelloux, Julie Chastang, vice-présidente du Collège de médecine générale et le néphrologue pédiatre Rémi Salomon. Trois mille soignants – des médecins, mais aussi des professions paramédicales – avaient déjà signé la semaine dernière une tribune dans Le Monde, appelant à préserver ce dispositif « de santé publique ».


Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire