vendredi 4 août 2023

Où l’on découvre que l’abstinence n’attend pas le nombre des années…

Paris, le samedi 29 juillet 2023

La vie sexuelle n’est pas qu’une question d’âge ! L’institut Oui Care, groupe français de services à la personne, a publié les résultats d’un sondage sur la sexualité des seniors. L’enquête, réalisée par l’institut Becoming à la demande du groupe Oui Care, révèle que contrairement à certaines idées reçues encore tenaces, les seniors sont une majorité à avoir une vie sexuelle satisfaisante et active. L’analyse a été effectuée auprès de 1000 personnes par voie électronique, dont 373 « seniors » (personnes de plus de 60 ans).

Il n’y a pas que le cœur qui fasse boom chez les baby-boomers

65 % des seniors affirment « avoir des rapports sexuels », que ce soit tous les jours (5 %), une fois par semaine (30 %), deux fois par semaine ou plus (14 %) ou une fois par mois (3 %).

Surtout, 65 % des personnes interrogées se déclarent « satisfaites » de leur vie sexuelle. Un chiffre élevé, mais en baisse depuis le dernier sondage, réalisé en 2020 (71 % à l’époque). « C’est important de le rappeler : le vieillissement n’entraîne pas, en soi, le déclin du désir et de la sexualité », analyse Véronique Cayado, docteure en psychologie, qui travaille pour l’institut Oui Care. « Il n’y a pas de déclin parce qu’il n’y a pas de normes en la matière. L’excitation et le plaisir sont des territoires intimes qui s’éprouvent différemment d’un individu à un autre, et dans le temps ».

Pas de tabou, mais des variations selon l’âge et le genre

L’enquête fait ressortir des différences intéressantes entre les âges et les genres, qui tendent à montrer que le temps permet une certaine libération des esprits. Ainsi, 22 % des plus de 60 ans ont déclaré avoir des complexes physiques gênant leur vie sexuelle contre 53 % pour les moins de 35 ans.

De plus, 91 % des seniors estiment que la sexualité n’est pas un sujet tabou — ils ne sont que 66 % à le penser chez les moins de 35 ans. Néanmoins, près de la moitié des seniors interrogés affirme ne parler à personne de leur sexualité pour s’informer. Les personnes qui le font s’adressent le plus souvent aux professions médicales (26 %), à leurs amis (21 %) ou à leur famille (11 %).

Il existe aussi des variations significatives entre les hommes et les femmes, puisque 57 % de celles-ci estiment que le sexe n’est pas un plaisir important dans la vie, contre 24 % pour les hommes de plus de 60 ans. De même, les femmes sont moins nombreuses à rapporter avoir des rapports sexuels (48 % contre 73 % pour les hommes de plus de 60 ans). 

Pour expliquer l’absence de relations sexuelles, les seniors ont majoritairement avancé la perte de désir et de libido (50 %) ainsi que la maladie ou une mauvaise santé en général (46 %). Cependant, la perte de son partenaire ou de son conjoint (29 %) et le manque d’amour (25 %) font aussi partie des raisons invoquées.

En comparaison, les moins de 35 ans expliquent que la perte de libido provient essentiellement du stress.

Ces résultats sont en effet certainement à rapprocher avec plusieurs enquêtes publiées récemment sur la sexualité des jeunes gens. L’IFOP a ainsi mené un sondage en février 2022 qui révèle que 43 % des jeunes de 18 à 25 ans n’avaient eu aucun partenaire au cours des 12 derniers mois — une proportion qui ne cesse de progresser, enquête après enquête et qui contraste singulièrement avec ce que nous révèlent les données de Oui Care.

Une autre étude réalisée aux États-Unis par l’institut General Social Survey avait montré que la part des jeunes de moins de 35 ans n’ayant eu aucun rapport sexuel dans l’année précédente était passée de 8 % en 2008 à 21 % en 2021. Il semblerait que dans certains domaines les boomers aient parfois plus d’allégresse que les générations qui les suivent.

Raphaël Lichten


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