samedi 24 décembre 2022

PSYCHIATRIE EN PRISON : LA FABRIQUE DE LA SOUFFRANCE

21 décembre 2022

Monsieur Z. a passé près de deux ans incarcéré à la prison de Fresnes. Il est de nationalité tunisienne, sans papiers, et venait de passer trois mois en hôpital psychiatrique avant son arrestation et sa mise sous écrou. Il présente d’importants troubles psychiatriques mais comme beaucoup d’autres détenus dans son cas, Monsieur Z. a purgé sa peine dans un lieu de détention « classique ». 

Bénévole en prison pour La Cimade, je me rends plusieurs fois par mois en détention rencontrer les personnes étrangères détenues. Nous sommes au début du mois de novembre à la prison de Fresnes, un mercredi. Après les sollicitations de son frère vivant à l’étranger, paniqué face aux appels répétés du détenu, je vais rendre visite à Monsieur Z. en détention. Je ne l’ai jamais rencontré auparavant, cela fait environ deux ans qu’il est détenu et sera libéré deux semaines plus tard. Au téléphone, l’homme explique à son frère être maltraité en prison. Il aurait été, plusieurs fois, roué de coups par des surveillants, n’a pas accès au service médical et se dit abandonné par l’administration pénitentiaire.

« Même si on n’est pas fou en arrivant en prison, comment ne pas le devenir ensuite ? » Monsieur Z.

Il est 17h, j’ai effectué quatre des cinq entretiens prévus cet après-midi quand un surveillant me présente Monsieur Z. Il a le regard méfiant, apeuré par cette visite d’un inconnu qu’il n’avait pas prévu. Nous entrons dans le parloir avocat, une ancienne cellule transformée en deux espaces de 4m2 chacun. Lorsque je lui explique qui je suis, que je viens à la demande de son frère et que je suis simplement là pour l’aider son visage s’illumine. Il est rassuré.


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