jeudi 1 septembre 2022

Doctolib piégé par de faux psychiatres et victime d’un canular

Par   Publié le 31 août 2022

Une enquête a été ouverte en juillet après que deux personnes se sont fait passer pour des médecins sur la plate-forme, qui a également été victime du canular d’un animateur radio.

Au-delà du débat sur la place des médecines alternatives sur sa plate-forme, Doctolib doit aussi se défendre dans une autre polémique, portant cette fois sur la vérification des professionnels présents sur son site. Deux cas récents ont semé le trouble. Le premier touche à une fraude, et intéresse la justice : le parquet de Montpellier a confirmé, samedi 27 août, avoir ouvert, en juillet, une enquête pour « exercice illégal de la médecine » contre deux personnes qui se sont fait passer pour des psychiatres sur Doctolib.

Dans cette affaire, révélée par France Inter, une mère de famille a consulté les deux faux médecins – se présentant comme un psychiatre et sa remplaçante – afin d’obtenir un renouvellement d’ordonnance de médicament pour ses enfants. Intriguée par le manque de connaissance en psychiatrie de la part de ses interlocuteurs, qui prétextent des problèmes techniques pour passer par une messagerie textuelle plutôt que par une visioconférence, ses soupçons augmentent lorsqu’elle reçoit une feuille de soins manifestement fausse. Ce qui l’incite à signaler les faits et à porter plainte. L’ordre des médecins de l’Hérault et Doctolib ont également saisi la justice.

La plate-forme a expliqué que les deux faux praticiens, qui n’ont pu tromper que quelques patients avant d’être repérés, avaient profité du délai accordé aux professionnels inscrits sur Doctolib pour justifier leur droit d’exercer. Jusqu’ici en effet, l’entreprise permettait aux praticiens de prendre des rendez-vous dès leur inscription, donc durant la période de vérification de leur droit d’exercer, qui prend usuellement une quinzaine de jours.

Revendications de praticiens

Un protocole adopté, assure Doctolib, à la suite des revendications de praticiens, inquiets d’être pénalisés par les délais parfois longs avant d’avoir leur inscription administrative. Mais que l’entreprise a préféré modifier après la polémique. Désormais, il sera impossible pour un professionnel de donner des rendez-vous avant d’avoir vu sa fiche dûment vérifiée par les équipes de la plate-forme.

Mais s’il est relativement aisé de confirmer qu’un médecin dispose bien d’un droit d’exercer, au moyen de son identifiant auprès des autorités sanitaires, ce n’est pas le cas pour les naturopathes et autres professions non réglementées, qui ne disposent en général que d’un numéro d’inscription au registre du commerce et des sociétés. Lundi 29 août, un animateur de Virgin Radio, Fabien Delettres, s’est ainsi filmé en train de s’inscrire comme naturopathe sur Doctolib. L’animateur a produit un faux diplôme d’une école de naturopathie belge, et joué un rôle lors d’une conversation au téléphone avec un « expert » de l’entreprise numérique.

Doctolib assure que le canular a été repéré et la fiche effacée en l’espace de quelques heures. Mais la polémique tombe mal, au moment où la plate-forme est déjà mise en cause dans l’affaire Irène Grosjean et dans celle des deux faux praticiens. La société, par la voix de son directeur France, Arthur Thirion, reconnaît qu’il est « difficile d’identifier, au moment du point de contact » avec un naturopathe, s’il est sérieux ou non, faute de formation reconnue ou de nomenclature officielle. Les naturopathes représentent, selon les chiffres de Doctolib, 0,4 % des professionnels inscrits, et 0,06 % des prises de rendez-vous.


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