lundi 11 avril 2022

Agnès Desmazières, L'inconscient au paradis. Comment les catholiques ont reçu la psychanalyse [1]

C

e livre récent d’Agnès Desmazières (historienne du christianisme contemporain) est intéressant, bien documenté mais tout aussi déroutant. Se basant en grande partie sur la chronologie ayant jalonné les rapports de la psychanalyse avec le catholicisme, sur l’arc d’une cinquantaine d’années, entre 1919 et les années 1960, il s’en dégage en effet un ensemble de questions qui restent d’une grande actualité.

L’une d’elles concerne la laïcité de la psychanalyse et permet d’emblée de mesurer l’ampleur d’un débat très italien autour des psychothérapies. L’inconcient appartient-il à l’Église ou à la Médecine ? En fonction des papes, des époques et des personnalités chargées de l’activité scientifique du Saint-Siège les réponses seront différentes, oscillant entre spiritualité et positivisme. Dorénavant pluriséculaire le débat autour des grâces mystiques extraordinaires, de la reconnaissance des visions et des stigmates va s’ouvrir à une autre dimension. L’arrivée de la psychanalyse dans le panorama européen va en effet forcer le Vatican, bon gré mal gré, à prendre en charge des problèmes passés sous silence : la sexualité de ses fonctionnaires ainsi que la délicate question des candidats psychotiques au sacerdoce. La masturbation est-elle une maladie, comment la guérir si même la prière n’y réussit pas, comment prévenir certains troubles, peut-on dépister la psychose de façon à garder en ordre les rangs du clergé ? Peut-on évaluer la vocation religieuse ? Le débat sur la psychanalyse va donner le pouls de la modernisation de l’Église.

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