dimanche 14 novembre 2021

Pluie d’antidépresseurs sur nos jeunes

Publié le 13 novembre 2021

QUEBEC

KARINE GAUTHIERPSYCHOLOGUE ET PRÉSIDENTE DE LA COALITION DES PSYCHOLOGUES DU RÉSEAU PUBLIC QUÉBÉCOIS, ET SEPT AUTRES SIGNATAIRES*

PHOTO MARTIN TREMBLAY, ARCHIVES LA PRESSE

Vous vous demandez comment vont nos jeunes ? Certains vont bien. Mais entre 2019 et 2021, il y a eu une augmentation de 27 % de nouvelles ordonnances pour des antidépresseurs chez les jeunes de moins de 18 ans, selon la Régis de l’assurance maladie du Québec (RAMQ). Vous avez bien lu : 27 % !

Une dépression, c’est un peu comme de la fièvre qui dure plus de deux semaines : c’est un signe que quelque chose ne va pas. Cela mérite une investigation pour identifier les causes et les traiter. Est-ce qu’on recommanderait seulement des Tylenols à un jeune qui fait de la fièvre depuis plus de deux semaines ? 

Les causes d’une dépression peuvent être quasi infinies et sont souvent multifactorielles : avoir l’impression de ne pas valoir grand-chose à cause de relations conflictuelles dans sa famille ou dans sa vie amoureuse, avoir vécu un évènement difficile comme une inondation qui augmente l’impuissance déjà ressentie, être envahi par la honte alors qu’on n’a rien fait de mal ou qu’on a fait une erreur qu’on voit comme impardonnable, etc. 

Nous comprenons tout à fait la situation dans laquelle se retrouvent les médecins devant la souffrance des jeunes et nous ne critiquons aucunement le fait que certains prescrivent des antidépresseurs. Le problème n’est pas là ! 

Nous savons qu’une quantité phénoménale de jeunes souffrent de dépression et qu’il s’agit d’une maladie qui peut être mortelle. Le suicide est la deuxième cause de décès chez les adolescents au Québec et surpasse le cancer. Pourquoi les jeunes qui souffrent de dépression ne reçoivent-ils pas la même attention ? Pourquoi ne peuvent-ils que très rarement avoir accès aux spécialistes pouvant traiter la dépression ?

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