lundi 23 août 2021

Joséphine Baker, chanteuse, danseuse et figure de la Résistance, va entrer au Panthéon

Le Monde avec AFP  Publié le 22 août 2021

La cérémonie honorant l’artiste franco-américaine aura lieu le 30 novembre. Elle sera la première femme noire à reposer dans la nécropole laïque du centre de Paris.

Joséphine Baker en 1949.

La célèbre artiste de music-hall franco-américaine Joséphine Baker entrera au Panthéon le 30 novembre prochain, rapporte dimanche 22 août le site internet du Parisien. Une information confirmée par l’entourage d’Emmanuel Macron à l’Agence France-Presse (AFP). La cérémonie aura lieu le 30 novembre.

Selon le journal, le président français Emmanuel Macron a répondu favorablement fin juillet à un groupe de personnalités à l’origine d’une pétition en faveur de cette initiative.

La chanteuse, danseuse et figure de la Résistance et de la lutte antiraciste sera la première femme noire à reposer dans la nécropole laïque du centre de Paris, ajoute le Parisien. Elle fut, déjà à l’époque, la première interprète métisse de music-hall à se faire une place dans la capitale parisienne.

Née en 1906 dans le Missouri, l’interprète de la chanson « J’ai deux amours » s’est éteinte en 1975 à Paris. Toutefois, le corps de Joséphine Baker, « restera à Monaco où elle est enterrée au cimetière marin », a précisé à l’AFP un de ses enfants, Jean-Claude Bouillon-Baker, assurant que cette décision avait été prise « en accord » avec la fratrie et avec « la compréhension de l’Elysée »« Ce sera un cénotaphe, avec une plaque, comme pour Aimée Césaire et d’autres personnalités », a-t-il ajouté : « L’important, c’est de marquer sa présence au Panthéon ».

Joséphine Baker, à Amsterdam, en mars 1954.

Trente-huit mille signatures en 2019

« Cette demande de panthéonisation a été faite par la famille Baker depuis 2013 », explique l’entrepreneuse Jennifer Guesdon, l’une des personnalités qui a poussé le projet.

Le dossier en faveur de l’interprète de la célèbre chanson J’ai deux amours avait été examiné une première fois à la fin de juin par l’Elysée. Une pétition lancée il y a deux ans par Laurent Kupferman, en faveur de la « panthéonisation » de l’artiste, – née Freda Josephine McDonald –, avait rassemblé 38 000 signatures.

« Artiste, première star internationale noire, muse des cubistes, résistante pendant la seconde guerre mondiale dans l’armée française, active aux côtés de Martin Luther King pour les droits civiques aux Etats-Unis d’Amérique et en France aux côtés de la Lica [la Ligue internationale contre l’antisémitisme, devenue Licra : Ligue internationale contre le racisme et l’antisémitisme] (…), nous pensons que Joséphine Baker, 1906-1975, a sa place au Panthéon », fait valoir le texte.

« Elle a aimé la France et la France l’a aimée en retour. Avec cette panthéonisation, on peut dire que cette histoire est maintenant éternelle », confie au Parisien l’un de ses fils adoptifs, Brian Bouillon-Baker.

Artiste, militante, espionne…

De la misère qui l’a vue naître à Saint Louis, dans une Amérique où règne la ségrégation raciale, jusqu’à Paris où son talent et son travail l’ont élevée au rang de star internationale, Joséphine Baker livrera un combat permanent contre l’injustice et en faveur des libertés.

En 1926, pour lancer les Folies-Bergère, elle devient la tête d’affiche du spectacle La Folie du jour, une satire de la vision colonialiste du « bon sauvage ». Dans son pays de naissance, elle s’opposera au Ku Klux Klan et s’impliquera en faveur des droits civiques des Afro-Américains, au côté de Martin Luther King. En Europe, face au nazisme, elle se lancera dans le contre-espionnage en devenant une agente française de renseignement, et recueillera la médaille de la Résistance au lendemain de la seconde guerre mondiale.

La crypte du Panthéon accueille les principales personnalités qui ont marqué l’histoire de France depuis la Révolution. L’imposant édifice domine la montagne Sainte-Geneviève, l’une des buttes de Paris, dans le centre de la capitale.

Si le fronton du bâtiment arbore « Aux grands hommes la patrie reconnaissante », un rapport du Centre des monuments nationaux avait recommandé en 2013 d’élargir les hommages aux femmes du XXe siècle s’étant illustrées par leur courage et leur engagement républicain.

Parmi les 80 « panthéonisés », – de Voltaire et Rousseau à Pierre et Marie Curie –, figurent des politiques, des écrivains, des scientifiques, quelques religieux et beaucoup de militaires. Seules cinq femmes y sont actuellement inhumées, dont Simone Veil, la dernière personnalité en date à l’avoir été, en 2018.


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