mardi 6 juillet 2021

Alcool, drogues dures… des niveaux de consommation inquiétants chez les jeunes

Par   Publié le 6 juillet 2021

Au cours des douze derniers mois, près d’un jeune sur deux déclare avoir « perdu le contrôle », principalement en buvant de l’alcool, selon une étude Ipsos pour la Macif. 

En 2021, 14 % des jeunes interrogés déclarent avoir essayé l’ecstasy, la MDMA, le GHB, les poppers, le protoxyde d’azote ou le LSD, 11 % affirment avoir pris de la cocaïne, et 8 %, de l’héroïne.

Alcool, tabac, cannabis, drogue dure… les jeunes de 16 à 30 ans affichent « des niveaux de consommation très alarmants », affirme une enquête publiée mardi 6 juillet, réalisée en mars 2021 par Ipsos pour le groupe d’assurance la Macif auprès de 3 500 personnes. Une triste photographie prise dans le contexte de la crise sanitaire : pendant plus d’un an, à l’exception de quelques interludes, la jeunesse a été privée d’indépendance, de vie sociale, avec sans doute un fort désir de rattrapage et d’évasion.

Un jeune sur cinq déclare avoir perdu le contrôle « au moins dix fois dans l’année » en ayant bu

Ce qui frappe, parmi les multiples données issues de l’enquête, c’est la part de jeunes qui consomment jusqu’à perdre le contrôle. La moitié des jeunes interrogés (52 %) disent s’être trouvés dans cet état au cours des douze derniers mois, « au point de ne plus savoir ce qu’ils faisaient ». L’alcool est la substance la plus consommée pour y parvenir : un jeune sur cinq déclare avoir perdu le contrôle« au moins dix fois dans l’année » en ayant bu.

Ces pertes de contrôle s’inscrivent dans un contexte plus général d’anxiété. La moitié des consommateurs de substances (alcool, drogues, etc.) ont expérimenté durant l’année des émotions négatives, un bad trip (mal-être), des épisodes d’échec scolaire (30 %), d’isolement social (27 %). Deux consommateurs sur dix reconnaissent également avoir rencontré des troubles de la sexualité (20 %) ou affronté des pensées suicidaires (20 %) .

Autre élément intéressant : la cigarette, chez les jeunes, est loin d’avoir disparu. Un quart d’entre eux disent être des consommateurs réguliers. En 2015, une enquête de la mutuelle étudiante Emevia notait que 6,1 % des étudiants étaient des fumeurs quotidiens. Même si les deux études ne portent pas exactement sur la même population, on constate que le tabac ne recule pas pour cette tranche d’âge.

Les addictions ont tendance à être cumulées

En outre, 36 % des 16 à 30 ans déclarent avoir fumé du cannabis. Un chiffre équivalent à celui de l’étude d’Emevia. La hausse de consommateurs de drogues dures est considérable par rapport à 2018, année où seulement 2 % des étudiants admettaient prendre de la cocaïne. Cette année, 14 % des jeunes déclarent avoir essayé l’ecstasy, la MDMA, le GHB, les poppers, le protoxyde d’azote ou le LSD ; 11 % affirment avoir pris de la cocaïne ; 8 %, de l’héroïne. « La consommation [de drogues dures] peut apparaître comme une stratégie sociale, une volonté d’appartenance à un groupe », notent les auteurs. C’est également le désir d’expérimentation, de transgression et la recherche d’une perte de contrôle.

Parmi ceux qui consomment du cannabis, 38 % prennent aussi du crack ou de la cocaïne ; 40 %, de l’héroïne

Phénomène bien documenté, l’étude montre que les addictions ont tendance à être cumulées, en particulier lalcool et le tabac, les deux substances les plus présentes dans les polyconsommations. Mais d’autres « additions d’addictions » sont courantes. Ainsi, parmi ceux qui consomment du cannabis 38 % prennent aussi du crack ou de la cocaïne ; 40 %, de l’héroïne. Le phénomène n’est pas nouveau « mais l’ampleur est frappante », pointe l’enquête.

La décohabitation avec la famille est un facteur de risque pour les jeunes. Eloignés de leur foyer certains se soumettent à la pression de leur nouveau groupe social, et l’effet d’entraînement conduit à tenter de nouvelles expériences. Ainsi, 21 % des étudiants en colocation reconnaissent fumer régulièrement du cannabis ; ils ne sont plus que 6 % quand ils vivent chez leurs parents. Parmi les consommateurs de cocaïne, 3 % habitent chez leurs parents, 10 % sont en colocation et 15 % en résidence étudiante.

Chaque année, de nouvelles campagnes d’information et de sensibilisation aux risques liés à la consommation de tabac, d’alcool, de drogue sont menées à destination des jeunes. Point positif : elles ne passent pas inaperçues, puisque 76 % des jeunes déclarent avoir lu, vu ou entendu les messages. Toutefois, dès lors qu’il s’agit de modifier ses propres habitudes, l’efficacité des campagnes s’érode. Moins de la moitié des jeunes exposés déclarent que les messages de prévention les ont fait réfléchir à leur propre comportement.

Un second baromètre doit être publié au cours des prochains mois. Il permettra de voir si ces niveaux d’addiction de la jeunesse ne sont qu’un symptôme passager, lié à la crise, ou un mal plus profond.




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