lundi 15 février 2021

Delphine Seyrig : "La majorité des femmes aujourd’hui encore ne savent pas comment elles sont faites, quelles sont les différentes parties de leur corps"

LE 14/02/2021

À retrouver dans l'émission

LES NUITS DE FRANCE CULTURE

par Philippe Garbit

SERIE LA NUIT DES FÉMINISMES 2/2 : VOIX DU MLF (9 ÉPISODES)

1972 |"Variations sur la femme", par André Halimi, avec Delphine Seyrig et Monique Wittig, accompagnées de quatre autres militantes du MLF, expliquent la naissance et la vocation de ce mouvement protéiforme. Une émission diffusée pour la première fois sur France Culture le 6 mars 1972.

L'avocate Gisèle Halimi, et l'actrice Delphine Seyrig, 11 octobre 1972 à Bobigny, lors du procès de Marie-Claire Chevalier, poursuivie pour avoir avorté.
L'avocate Gisèle Halimi, et l'actrice Delphine Seyrig, 11 octobre 1972 à Bobigny, lors du procès de Marie-Claire Chevalier, poursuivie pour avoir avorté. Crédits :  Michel Ciment - AFP

Elles étaient six, ce jour-là, au micro d’André Halimi, à être venues présenter le Mouvement de libération des femmes, le MLF dans cette émission curieusement intitulée "Variations sur la femme". 

M-L-F : un sigle en soi trompeur, comme le rappelait l’une d’elles, parce qu’il semblait tracer une frontière entre les femmes y adhérant et les autres, comme s’il s’agissait d’un parti. Or, précisément, le MLF n’était pas un parti, mais un mouvement, c’est-à-dire que les femmes, toutes les femmes, avaient vocation à le rejoindre. 

Etaient donc présentes ce jour-là : la comédienne Delphine Seyrig, l’écrivain Monique Wittig, déjà connues alors, et quatre autres militantes désignées par un seul prénom. Cinquante ans plus tard, on reconnaît parmi elles les voix d’Antoinette Fouque, qui s’exprimait en premier, et de Christine Delphy

Delphine Seyrig revenait sur le problème du manque d'éducation sexuelle des femmes :

On peut dire que la majorité des femmes encore aujourd’hui ne savent pas comment elles sont faites, quelles sont les différentes parties de leur corps. Elles acceptent l’image qu’on leur donne de leur corps, qui est une image très floue, parce qu’on ne veut pas préciser les choses. Personne ne dit à une petite fille - ou à une jeune fille, ou même à une femme - qu’il existe dans son appareil sexuel une partie définie et précise qui est la partie qui consiste à procréer, et qu’il existe en elle anatomiquement une autre partie qui est exclusivement destinée à la jouissance physique.

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