vendredi 14 février 2020

Le cœur, organe de l’amour

Par Pauline Petit   14/02/2020

On le trouve imprimé sur les cartes de Saint-Valentin, gravé au canif sur les troncs d’arbre, coupé en deux parties d’un même pendentif qui lie des amoureux... Le cœur est partout. Comment ce bout de chair battant et sanguinolent est-il devenu l’une des représentations de l’amour ?
Ouka Leele Wound as the fog to the sun, photographie Tirage pigmentaire sur papier.  « Cœurs, du romantisme dans l’art contemporain » au musée de la Vie romantique
Ouka Leele Wound as the fog to the sun, photographie Tirage pigmentaire sur papier. « Cœurs, du romantisme dans l’art contemporain » au musée de la Vie romantique Crédits : © Ouka Leele _ Galerie VU, Paris © Adagp, Paris, 2019
Deux pétales rouges arrondis qui se rejoignent sur le haut et se terminent par une pointe en forme de V : voilà un cœur. Des courriers enflammés aux émoticônes en passant par les bijoux et les tee-shirts “I ♥ NY”, le cœur est devenu le motif du transport amoureux, l’icône signifiant l’action d’aimer. Mais d’où vient cette forme lisse et symétrique, bien loin de l’organe sanglant que nous portons en nous ? Comment le cœur, ce “mot charnel et sensible, mot rond dans lequel il y a du sang” comme l’écrivait Anna de Noailles dans La Nouvelle espérance, est-il devenu un symbole de l’amour ?

Fabienne Brugère, philosophe de l'écoute

LES CHEMINS DE LA PHILOSOPHIE par Adèle Van Reeth et Géraldine Mosna-Savoye
14/02/2020
58 MIN

Dès l’origine du travail de Fabienne Brugère, de sa réflexion sur l’esthétique à celle sur la philosophie de l’esprit, c'est la figure du spectateur et de son écoute qu'elle questionne, entre passivité et activité : est-on maître d’une œuvre ? Ou au contraire, la reçoit-on ?
Fabienne Brugère
Fabienne Brugère Crédits : © Philippe Matsas 2018

L'invitée du jour :

Fabienne Brugère, professeure de philosophie à l'Université de Paris 8, présidente de l'Université Paris Lumières
Après l'Ecole normale supérieure et l'agrégation, Fabienne Brugère a soutenu une thèse intitulée Théorie de l'art et philosophie de la sociabilité selon Shaftesbury, puis enseigné à Toulouse et à Bordeaux. Présidente du Conseil de développement durable de Bordeaux entre 2008 et 2013, elle dispense aujourd'hui un séminaire sur la théorie féministe. Traductrice et autrice d'une vingtaine de livres, elle a écrit sur le goût, la sociabilité, la beauté, le care, le libéralisme, l'hospitalité et le féminisme avec son dernier ouvrage : On ne naît pas femme, on le devient, aux éditions Stock.

La voix et sa dimension politique

La voix c'est fondamental, c'est l'expression. Mais pour la déployer, il faut déjà avoir pu s'aménager un espace pour qu'elle puisse surgir. Ce que la philosophe Carol Gilligan a montré dans son livre "In a different voice", c'est qu'en fait, les femmes peuvent parler, dire, mais ne sont jamais écoutées parce qu'elles ne disposent pas de cet espace qui permet que leurs voix soit soit portées. Carol Gilligan a insisté sur la dimension de l'écoute, sur le fait que les démocraties devraient déjà se constituer à travers l'écoute de tous les groupes, et au premier titre, les groupes opprimés et auxquels il faut donner une place, ne serait-ce que la place de l'écoute. Cette notion d'écoute est aujourd'hui fondamentale en philosophie, dans une dimension politique.                  
Fabienne Brugère

L'écoute, le fil conducteur d'une pensée

Le terme d'écoute est un fil conducteur dès le début de mon travail sur l'esthétique, sur la philosophie de l'esprit, sur la philosophie de Hume et d'Adam Smith et sur la manière dont ils pouvaient thématiser la question des Beaux-Arts et du jugement artistique. Je l'ai toujours fait finalement par rapport au regard ou par rapport à l'écoute ou par rapport à la lecture, c'est à dire en prenant en compte la position du spectateur, celui qui reçoit une œuvre, mais qui, recevant cette œuvre, fait justement quelque chose. Ce qui se joue dans la figure du spectateur, c'est toute une liaison entre la passivité et l'activité. Et de la même manière, si on parle d'une écoute politique, c'est aussi une figure qui suppose de se mettre à un moment à distance, de pouvoir recueillir, ce qui suppose une part de passivité, mais dans le fait de recueillir, il y a aussi le fait de pouvoir ensuite rendre quelque chose et, peut-être, participer de ce qui a été posé, et donc, il y a à ce moment là une forme d'activité. Fabienne Brugère


Grand âge : l'Ehpad à la maison

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publié le 

Postes vacants et "bricolage": en banlieue parisienne, chronique de l'hôpital public en crise

Par L'Obs avec AFP  Publié le 13 février 2020



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Aubervilliers (AFP) - "On ferme la porte et on leur dit à plus tard": à l'hôpital psychiatrique d'Aubervilliers, les soignants qui manifesteront vendredi dénoncent une "dégradation" des soins prodigués aux patients, y compris dans ce département de banlieue où les besoins sont plus importants qu'ailleurs.
"Le temps pour les patients, on ne l'a plus". Dans les couloirs de ce petit hôpital de Seine-Saint-Denis, Maïté Augustin, infirmière de 33 ans, confie son désarroi. Elle liste: la "préparation des médicaments", "les tâches administratives qui n'existaient pas avant" et les effectifs qui fondent.
"Il y a deux ans on était à douze infirmières, plus quatre aides soignants dans l'équipe", dit-elle. Aujourd'hui, "on n'est plus qu'à six, plus trois" aides.
Résultat: plus le temps "de fumer une cigarette ou boire un café" avec les patients, ni de leur parler, ce qu'il faudrait pour "désamorcer les situations de crise", ajoute l'infirmière. "On les laisse se calmer eux-mêmes dans les chambres. On ferme la porte et on leur dit +à plus tard+".

France: l'hôpital public poursuit sa grève, 1000 chefs de service démissionnent

Publié le : 


Des personnels de santé de l'hôpital Saint-Louis à Paris manifestent le 3 février 2020.
La situation de l’hôpital public français ne s’améliore pas, pourtant il doit être préservé. C’est le message que veulent transmettre ceux qui vont manifester ce vendredi 14 février partout en France. La grève qui a démarré en mars 2019 avec pour point de départ les services d’urgences s'est progressivement propagée dans tous les services. Malgré les annonces du gouvernement le malaise continue.


Pour la gratuité des soins en santé mentale

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13 février 2020


QUEBEC
Et si au Québec, nous décidions que les soins psychologiques devenaient dorénavant gratuits pour tous ? Et si au Québec, la psychothérapie était maintenant assurée par la RAMQ ?  
Au début des années 70, alors que l’État québécois rendait les soins de santé gratuits à tous les Québécois, nous avions fait le choix collectif de ne pas inclure les services psychologiques dans les soins couverts par la Régie de l’assurance maladie (RAMQ).   
Un choix tout à fait logique, puisqu’à l’époque, les mots stress, anxiété et dépression ne faisaient pas partis de notre vocabulaire courant, et commençaient à peine à émerger dans la communauté scientifique. Quelqu’un qui en souffrait était plutôt pris par la folie ou la démence.   
Depuis, notre époque a changé, et les Québécois aussi.   
Nous parlons de plus en plus des symptômes reliés au stress, nous diagnostiquons davantage les troubles d’anxiété et la dépression, nous vivons de plus en plus d’épuisements professionnels et nous consommons de plus en plus d’antidépresseurs.   
Bref, la détresse psychologique frappe de plus en plus de Québécois, comme dans tous les autres pays en Occident.   
Face aux maux qui changent, le moins qu’on puisse dire est que notre système d’assurance-maladie, lui, n’a pas évolué. Il est resté figé dans le temps.   
C’est pourquoi la semaine dernière, alors que tous parlaient pour la cause de la santé mentale sur les réseaux sociaux et partageait des témoignages troublants de leur réalité, je ne pouvais m’empêcher de ressentir une certaine ironie et un malaise émané de la campagne publicitaire de Bell.   
Alors que toutes ces publicités corporatives, ces campagnes de sensibilisations gouvernementales ou bien ces semaines de prévention de ci ou de ça disent essentiellement tous la même chose – « Consultez ! » - on occulte totalement le débat sur l’accessibilité des soins en santé mentale.   

La médecine de ville peut-elle sauver les urgences hospitalières ?

HASHTAG par Thomas Larabi
14/02/2020
4 MIN

#MesSolutionsPourlHopital |Ce 14 février a lieu une opération "hôpital mort", pour dénoncer le manque de moyens humains et financiers à l'hôpital. Las d'attendre une réponse gouvernementale, des initiatives locales voient le jour pour que la médecine de ville décharge des services d'urgence toujours plus débordés.
Ce 14 février a lieu une opération "hôpital mort", pour dénoncer le manque de moyens humains et financiers à l'hôpital.
Ce 14 février a lieu une opération "hôpital mort", pour dénoncer le manque de moyens humains et financiers à l'hôpital. Crédits : Alain Jocard - AFP
La crise hospitalière est toujours plus aiguë. 14 organisations de santé appellent ce 14 février à une journée "hôpital mort". Pas de conséquences néfastes pour les patients, mais un nouveau cri d'alarme poussé en direction de la ministre de la Santé Agnès Buzyn, un mois après que 1 000 médecins ont menacé de démissionner de leurs tâches administratives. Des services d'urgence débordés, des soignants au bout du rouleau, une offre de soin publique qui se dégrade... Les doléances sont nombreuses. Mais les solutions remontant du terrain, à l'échelle locale, le sont aussi. 

Un manque de coordination entre hôpital et médecine de ville ?

Pour l'urgentiste et délégué CGT Christophe Prud'homme, la réponse doit dans un premier temps être budgétaire - une augmentation du budget de l’hôpital de 4,4%, soit 4 milliards d'euros selon la Cour des Comptes - mais aussi systémique. Dans son viseur : la rémunération à l'acte, "inflationniste (...) et qui ne pousse pas à prendre en charge aux urgences les plus de 50 ans atteints de maladies chroniques, de plus en plus nombreux".  
Mais aussi et surtout le maillage de la médecine de ville, et sa coordination avec l'hôpital. "Le maintien à domicile de ces malades chroniques et des personnes âgées est un des plus gros problèmes pour l'hôpital continue Christophe Prud'homme. Si vous avez d'un côté le médecin traitant, de l'autre le kiné, de l'autre l'infirmière, sans aucune coordination, et que chacun facture son acte, ça ne marche pas, et on retrouve ces patients aux urgences." 

Les médecins généralistes toujours moins volontaires pour effectuer des gardes

En 2019, moins de quatre médecins généralistes sur dix ont été inscrits à au moins une garde. Le taux de volontariat est en baisse par rapport à 2018.
Le Monde avec AFP Publié le 13 février 2020
Le taux de participation des généralistes aux gardes en soirée, la nuit et le week-end a encore reculé en 2019, selon un rapport publié jeudi 13 février par le Conseil national de l’ordre des médecins (CNOM).
En 2019, sur environ 63 000 médecins généralistes « susceptibles de participer à la permanence de soins », un peu plus de 24 000 ont été inscrits à au moins une garde l’an dernier, soit moins de 4 sur 10. Ce « taux de volontariat national », qui s’est élevé 38,1 %, est en « baisse de 0,5 point par rapport à 2018 ». L’âge moyen des médecins participants est de 47 ans.

«La cup est pleine» : les menstruations au cœur du débat public

Par Virginie Ballet — 



Photo Emilija Manevska. Getty Images

Sensibilisation, précarité, pub, TVA : les associations féministes ont réussi à faire des règles un vrai enjeu de société, en particulier depuis 2015.

Au commencement, il y avait un constat : oui, il pèse encore une forme de tabou autour de la question des règles. Mais surtout, «il y a encore très peu de réflexion en termes de politique publique autour de ce sujet. Alors qu’il concerne la moitié de l’humanité», observe Laëtitia Romeiro Dias, députée LREM de l’Essonne et corapporteure de la mission parlementaire sur les menstruations, qui vient de remettre ses conclusions à la délégation aux droits des femmes. «Rien que quand l’idée est évoquée à l’Assemblée, on voit des collègues rougir, être gênés, ou arborer des petits sourires», observe-t-elle. Pour autant, ces dernières années, les menstrues ont opéré une véritable percée dans le débat public. Au point que, pour la journaliste et auteure féministe Elise Thiébaut (1), «la révolution menstruelle est en train d’advenir».

Mutilations génitales féminines : la HAS précise l'accueil et la prise en charge des victimes

PAR 
COLINE GARRÉ -  
PUBLIÉ LE 07/02/2020


Crédit photo : S. Toubon
À l'occasion de la journée internationale contre les mutilations génitales féminines (MGF), le 6 février, la Haute Autorité de santé (HAS) publie des recommandations de bonne pratique sur l'accueil et la prise en charge des enfants, adolescentes, et femmes ayant subi des mutilations, ou étant à risque, par les professionnels de premier recours. 
En France, où ces mutilations sont interdites, quelque 125 000 femmes en seraient victimes, selon la dernière estimation de Santé publique France. Et 11 % des filles de ces femmes le seraient aussi. Est considérée comme mutilation, toute atteinte, ablation partielle ou totale, des organes sexuels externes à des fins autres que thérapeutiques. 
Si le gouvernement, dans le cadre de son plan national contre les mutilations, a déjà publié un guide en juin 2019 destiné à tout professionnel en contact avec des enfants possiblement concernés, le travail de la HAS s'adresse aux soignants de premier recours. 
Rechercher les signes évocateurs
La HAS rappelle les facteurs de risque qui doivent alerter le professionnel de santé, à commencer par la région d'origine et/ou le pays de naissance des parents, leur communauté, et les pratiques à l'œuvre dans la famille. « Naître d'une mère qui a subi une mutilation sexuelle féminine constitue un facteur de risque important » pour une mineure, lit-on. 
La HAS donne ensuite des conseils et des exemples de phrases pour aborder sereinement la question des MGF avec la patiente, qui doit être reçue seule, dans la mesure du possible. Sont aussi récapitulés les signes évocateurs d'une mutilation, que souvent, la femme tait : modification de l'humeur (abattement, dépression anxiété, tristesse, etc.), fugues, agressivité, difficultés à marcher ou uriner, douleur pendant les règles, refus de l'examen médical, carnet de santé lacunaire, absentéisme inattendu et prolongé de l'école, etc. 
Signalement pour les mineures
En cas de risque imminent pour une mineure, ou face à des mutilations constatées sur une moins de 18 ans, le professionnel doit faire un signalement auprès du Procureur de la République. Ce qui doit permettre, au passage, de protéger les sœurs de la fratrie. Lorsque le risque ne semble pas imminent, le médecin doit rédiger une information préoccupante à la cellule de recueil des informations préoccupantes du conseil départemental (CRIP). La levée du secret professionnel est prévue pour les cas de mutilation sexuelle, rappelle la HAS. 
En revanche, lorsque la victime est majeure, le professionnel ne peut émettre de signalement si elle ne donne pas son consentement. La loi prévoit néanmoins une exception : quand la patiente « n'est pas en mesure de se protéger en raison de son âge ou de son incapacité physique ou psychique », précise la HAS, dont certains membres ont publié récemment une tribune contre toute levée du secret médical et obligation de signaler.  
Enfin, le guide précise la conduite à avoir pour examiner une victime de mutilation sexuelle et la prendre en charge. Le soin ne saurait se résumer à une reconstruction chirurgicale : il doit être global, psychique, sexuel et psychocorporel, insiste la HAS. 

Maïa Mazaurette : entretien avec une sexperte

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TERRIENNES

Photo du profil Facebook de Maïa Mazaurette
Photo du profil Facebook de Maïa Mazaurette

Journaliste spécialisée dans les questions de sexualité, autrice, militante féministe, mais aussi peintre et illustratrice, Maïa Mazaurette publie Sortir du trou, lever la tête et Le sexe selon Maïa, une compilation de ses chroniques parues dans le quotidien français Le Monde.
Elle n'a pas beaucoup dormi, car elle est intervenue aux "Nuits de la philosophie et des idées" à Brooklyn, mais la fatigue ne transparaît pas une seule fois dans ses réponses. Elle promène gaiement son téléphone – et nous avec – dans son antre new-yorkais. Maïa Mazaurette sait se prêter au jeu de l’interview : celle que Marie-Claire a récemment baptisée "Madame Sexe" est sollicitée de toutes parts, notamment depuis la double parution, en janvier, de ses livres Le Sexe selon Maïa (recueil de ses chroniques pour Le Monde aux Editions La Martinière) et Sortir du trou, lever la tête (aux Editions Anne Carrière).