lundi 14 décembre 2020

Management.Et si l’humilité devenait tendance ?




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Le site américain Quartz veut le croire : “2020 pourrait marquer un tournant dans notre définition de ce qui caractérise un bon dirigeant – qu’il s’agisse de politique ou d’entreprise.”

L’une de ses reporters, Lila MacLellan, part du constat que le président américain élu Joe Biden a donné durant sa campagne l’image d’un leader prêt à s’effacer pour mettre en avant son équipe et ses soutiens : un positionnement qu’un commentateur du New York Times a qualifié, après l’annonce de la victoire du démocrate, d’“humilité radicale”. Et qui pourrait selon MacLellan trouver un écho dans le monde de l’entreprise.

La journaliste s’appuie pour l’affirmer sur un livre d’une universitaire américaine, Marilyn Gist, qui “ne pouvait arriver à un meilleur moment”. Professeure émérite de management à l’université de Seattle, Gist vient de signer The Extraordinary Power of Leader Humility (“Le Pouvoir extraordinaire de l’humilité chez les dirigeants”, chez Berrett-Koehler Publisher, non traduit en français). Elle qui travaille aussi comme consultante en est persuadée : “Le besoin de chasser les dirigeants autoritaires et arrogants est aussi pressant dans le secteur privé” qu’au niveau des gouvernements.

Ainsi que le résume Quartz :

Cela fait au moins vingt ans que certains théoriciens mettent en garde contre les dangers bien réels que représentent les dirigeants arrogants, dont la confiance aveugle en leurs propres capacités inspire tant d’admiration. Ils affirment que l’on aurait tout intérêt à promouvoir à leur place des personnes ayant une approche nettement moins narcissique.”

Écoute et équité

Qu’est-ce qu’un manager humble ? Et comment ses qualités se manifestent-elles dans le fonctionnement des organisations ? Pour esquisser le portrait-robot du manager modeste, Gist s’est appuyée sur la recherche ainsi que sur des entretiens avec douze actuels ou anciens directeurs généraux d’entreprise “qui ont été félicités par leurs employés ou leurs clients pour avoir cultivé un mode de direction dans lequel les gens se sentent à la fois respectés et en confiance” (l’article de Quartz ne précise pas toutefois quels critères ont permis à l’auteure d’objectiver cette perception).

Pour Gist, manager dans l’humilité consiste à “ressentir et à prendre en considération la dignité des autres”. Ce qui peut se traduire de plusieurs manières, rapporte Quartz :

Dans une entreprise, cela peut passer par le fait de demander leur opinion aux employés subalternes, de leur verser un salaire juste et leur permettant de vivre dans des conditions décentes, d’éviter les avantages et incitations qui encouragent les mauvais comportements, de ne pas surpayer le haut de la hiérarchie, et de comprendre que les gens qui n’ont pas eu la même vie que vous ont quelque chose à vous apprendre.”

Facteurs de changement

Gist l’admet : ce type de management est encore loin d’être “le modèle dominant”. “Les gens continuent d’associer à tort les personnalités autoritaires et les profils de gourous avec l’idée d’efficacité, et à prendre l’humilité pour de la faiblesse”, regrette Quartz, tout en considérant que le statu quo est intenable :

Que ce soit à cause des inégalités croissantes ou d’une prise de conscience accrue des injustices subies par certains groupes – sans parler de l’effet de loupe que provoque la pandémie –, le fait est que le temps est venu de nous concentrer sur le message de ce livre.”


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