jeudi 19 novembre 2020

Syndrome de mort subite, toujours une cause majeure de décès pour les nourrissons

Publié le 13/11/2020

Le syndrome de mort subite du nourrisson (SMSN) est défini par le décès d’un enfant de moins d’un an de façon soudaine, sans cause évidente avant investigations. Après examen complet comprenant l’histoire clinique, une observation de l’enfant, des prélèvements et une autopsie, le SMSN peut être attribué à diverses causes. Le décès est classé mort subite inexpliquée (MSI) lorsque les investigations n’ont pu aboutir à identifier une cause. La MSI peut être considérée comme une sous-catégorie spécifique du SMSN. La position du sommeil sur le ventre est un facteur essentiel de risque ; les campagnes pour un couchage sur le dos ont entraîné une diminution substantielle des cas de MSI. Cependant, les taux de SMSN et de MSI varient beaucoup d’un pays de l’Europe à l’autre. La SMSN reste l’une des causes de décès les plus fréquentes entre 28 jours et un an.

Des équipes de l’INSERM ont réalisé une enquête dans 14 pays d’Europe de l’Ouest (Allemagne, Autriche, Belgique, Danemark, Espagne, Finlande, France, Irlande, Italie, Norvège, Pays Bas, Portugal, Royaume Uni, Suède), à partir des données d’un bureau statistique européen (European Union Task Force). Les causes de décès ont été comparées en se basant sur la classification internationale des maladies.

La tendance est à une baisse de l’incidence mais pas partout en Europe

Entre 2005 et 2015, le SMSN a été responsable 15 617 décès soit un taux de 34,9/100 000 naissances vivantes. Il représentait 9,7 % des morts des nourrissons et de 28 jours à un an il était la 3ème cause de mortalité avec 22,2 % des cas, après les décès liés aux conséquences des pathologies observées en période périnatale (52,3 %) et les malformations et maladies chromosomiques (25 %). Dans 4 pays, Belgique, Finlande, France, Grande-Bretagne, le SMSN était même la première cause de mortalité après la période néonatale et dans 4 pays, Italie, Pays Bas, Portugal, Espagne, la 2e ou la 3e cause. Le taux global de SMSN a baissé en Europe de 40,2 à 29,9/100 000 naissances (P<0,001) avec des différences significatives d’un pays à l’autre, baisse du taux dans 6 pays (Autriche, France, Allemagne, Portugal, Espagne, Grande-Bretagne), pas de tendance à la baisse dans 7 pays (Belgique, Finlande, Irlande, Italie, Pays Bas, Norvège, Suède) et une augmentation significative au Danemark.

Le rapport syndrome de mort subite inexpliquée sur SMSN était en Europe de 56,7% avec une diminution significative de 64,9 % à 49,7 % sur la période mais avec des différences majeures d’un pays à l’autre de 6,1 % au Portugal à 97,8 % en Irlande. Des différences substantielles du sexe ratio garçons/filles ont également été enregistrées de 1,2 à 1,4 aussi bien pour les SMSN que pour les MSI. Cette hétérogénéité peut être due à des facteurs multiples, protocoles d’investigation, codages différents, distribution géographique variable des facteurs de risque.

En conclusion, la fréquence du syndrome de mort subite du nourrisson a diminué en Europe mais demeure une cause majeure de décès entre 28 jours et un an. Des différences marquées dans les taux sont observées d’un pays à l’autre. Une standardisation des critères est indispensable pour établir des comparaisons valables et mettre en œuvre des stratégies de préventions communes.

Pr Jean-Jacques Baudon

RÉFÉRENCE
De Visme S et coll. : National variations in recent trends of sudden unexpected infant death in Western Europe. J Pediatr., 2020; 226: 179-185


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