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Par Pierre Pariseau-Legault, Université du Québec en Outaouais (UQO)
Dénonciation, divulgation, signalement, alerte. Les déclinaisons de l’alerte éthique sont nombreuses, et le phénomène des lanceurs d’alerte attire l’attention dans le domaine de la santé depuis quelques années. Certains auteurs estiment que cette pratique est un élément important, voire essentiel, du travail des professionnels de la santé pour protéger les patients. Elle doit toutefois composer avec la culture du silence qui règne au sein des institutions.
Notre équipe de recherche, l’Observatoire infirmier, étudie le processus d’alerte éthique chez le personnel infirmier. Bien que ce phénomène soit présent au Québec, il est encore peu documenté. Il semble s’être amplifié depuis le début de la pandémie de COVID-19, et notre étude tente actuellement de comprendre ses particularités.
L’alerte éthique en santé est décrite comme un processus menant à la divulgation d’actes ou de situations moralement ou légalement répréhensibles pouvant nuire aux patients ou leur causer du tort. Les lanceurs d’alerte sont souvent perçus comme une menace par l’organisation ciblée, bien que le processus de divulgation soit le résultat d’une réflexion éthique approfondie de la part de la personne témoin de ces actes ou de ces situations.
Bien souvent, le processus d’alerte éthique crée un conflit de loyauté chez le soignant, pris entre son employeur et son patient. Il s’appuie sur l’exploration des stratégies de divulgation possibles, qu’elles soient internes ou externes à l’organisation, et sur l’estimation des nombreuses conséquences liées au fait d’agir ou non. Ces dernières s’étendent au-delà de la peur bien réelle de représailles. L’alerte éthique a aussi des effets importants sur le bien-être psychologique de la personne et sur la dynamique des équipes de soins.
Au Canada et au Québec, de récents changements législatifs ont été réalisés afin d’offrir une protection minimale aux lanceurs d’alerte dans le secteur public. De tels mécanismes sont aussi implantés ailleurs dans le monde, notamment dans certains États américains et plus récemment en Islande.
Malgré ces changements, le domaine de la santé et des services sociaux semble toujours faire l’objet d’une importante culture du silence, dont la présence a été reconnue par l’ex-ministre de la Santé et des Services sociaux Danielle McCann.
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