| 12.06.2020
Vingt jours après son lancement, le Ségur de la santé suscite de plus en plus de crispations chez les participants. Dans un communiqué commun publié ce vendredi, douze organisations (parmi lesquelles la FMF, la CSMF, MG France et le SML) s’indignent ainsi de l'annulation d’une réunion du Comité Ségur national prévue ce jeudi. « Les participants (…) ont appris au dernier moment le report de cette réunion de synthèse et s’inquiètent de l’organisation chaotique de cette négociation engagée avec les Pouvoirs publics, écrivent-elles. Le manque de considération vis-à-vis des organisations professionnelles de la santé laisse planer un doute sur les objectifs réels du gouvernement et les engagements du Président de la République. »
Après une première réunion du comité fin mai, pour installer et fixer le cadre de la concertation, ce rendez-vous devait être l’occasion de faire un premier point sur les contributions formulées pour les quatre thèmes « piliers » de ce Ségur : simplification, investissement/financement, ressources humaines et territorialité. « On devait discuter de ce que l’on devait prioriser », explique le Dr Jean-Paul Ortiz, président de la CSMF. « Nous avions pris nos dispositions pour être présents. Ce rendez-vous devait être l’occasion de se dire les choses, de rappeler nos revendications, nos propositions », relève de son côté le Dr Jean-Paul Hamon, patron de la FMF. « Cette annulation, sans aucun motif, a particulièrement irrité tout le monde, fulmine-t-il. Nous sommes tous très énervés de la façon dont se passe ce Ségur de la santé ! ».
Une réunion sur le numérique à la place
En lieu et place de ce qui voulait être une première synthèse, les participants ont finalement assisté à une réunion portant sur le numérique. « Cette réunion n’a pas été inutile mais cela est quand même un peu désagréable d’avoir un Comité Ségur national sur un thème aussi important sans qu’on ne le sache à l’avance, estime le Dr Ortiz. Je ne critique pas le thème, mais la désorganisation et l’improvisation dans la façon dont se tient ce Ségur. » « Les organisateurs font preuve d’amateurisme et de beaucoup de désinvolture. Ils ont intérêt à changer la méthode, prévient quant à lui le Dr Hamon. Olivier Véran a une occasion unique de remettre le système de santé en marche. Là, il est en train de la gâcher. »
Outre cette annulation, les premières réunions et ateliers de ce Ségur confirment les craintes émises dès l’annonce de cette concertation par les médecins libéraux, avec des discussions essentiellement tournées vers l’hôpital et une méthode de fonctionnement peu efficace. « On a l’impression qu’ils ne s’occupent que de l’hôpital », déplore ainsi le Dr Hamon. « Nous n’avançons pas. Ce Ségur va se terminer avec un gros chèque pour l’hôpital pour calmer la grogne justifiée des personnels hospitaliers mais il ne résoudra rien du tout. Il n’y aura aucune réforme de fond, et la médecine de ville sera oubliée », pronostique quant à lui le Dr Ortiz.
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