mardi 23 juin 2020

Après la crise sanitaire et 30 000 décès, le modèle des EHPAD appelé à évoluer

Crédit photo : AFP
PUBLIÉ LE 23/06/2020

Les EHPAD, durement frappées par l'épidémie de coronavirus qui a révélé leurs faiblesses, vont devoir accélérer leur transformation. C'est en tout cas ce que préconise une note du cabinet Xerfi, dans une note sur les « nouveaux défis des acteurs du grand âge », publiée début juin.
Près de la moitié des quelque 30 000 morts du Covid-19 en France étaient des résidents d'EHPAD (décédés dans leur établissement ou à l'hôpital), et la commission d'enquête de l'Assemblée nationale doit notamment chercher à identifier des « défaillances » dans la gestion de la pandémie.

« Meurtrière pour les plus fragiles, cette crise sanitaire s'est également révélée traumatisante pour les personnels et déstabilisante pour les structures d'accompagnement du grand âge », note Xerfi. Elle a surtout « mis en lumière des dysfonctionnements », notamment un défaut de valorisation des prestations et des personnels – niveaux de salaires, pénibilité amplifiée par les sous-effectifs et difficultés de recrutement.
« Le modèle des EHPAD a du plomb dans l'aile depuis la crise », reconnaît Marie-Anne Montchamp, présidente de la Caisse nationale de solidarité pour l'autonomie (CNSA). Pour elle, ce modèle doit se transformer pour faire face « aux problèmes économiques qui vont peser sur certains établissements », affaiblis par l'épidémie, mais aussi pour « se projeter dans un avenir plus éthique, plus humain »
Davantage de médicalisation
Parmi les premiers enseignements de la crise, le fait que « lorsque le virus s'était implanté dans un établissement, d'autant plus si celui-ci était de grande taille, il était excessivement difficile de contrôler sa diffusion », rappelle l'analyste Bruno de la Rochebrochard, du courtier Bryan Garnier. Il plaide pour un rapprochement entre établissements voisins  – centre hospitalier, maison de retraite, résidence seniors, clinique de soins de suite – pour mutualiser les coûts.
Autre point faible, la faible médicalisation de ces établissements en France. « En Italie, une médicalisation plus importante des EHPAD a permis malgré tout de limiter le nombre de décès : on était capable d'assurer un minimum de services respiratoires pour les patients âgés », estime-t-il. Cette crise a enfin révélé « le retard dans la définition de stratégies numériques », selon la note.  
Pour Xerfi, après avoir rapidement apporté des garanties de financement aux acteurs du grand âge durant la crise, « les pouvoirs publics doivent demeurer animés par ce sentiment d'urgence » et anticiper certaines mesures attendues dans le cadre d'une future loi Grand âge et autonomie « prometteuse ». Ainsi la relance du projet de création d'une cinquième branche de la Sécurité sociale consacrée à l'autonomie est le premier signe « encourageant » d'une politique de transformation « plus volontariste ».
(Avec l'AFP)

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