dimanche 19 avril 2020

Coronavirus : au Danemark, les élèves ont repris le chemin de l’école

Le royaume scandinave est le premier pays en Europe à avoir rouvert, mercredi, ses jardins d’enfants et écoles primaires, qui étaient fermés depuis le 13 mars.
Par  Publié le 16 avril 2020

Des parents et leurs enfants font la queue pour entrer dans leur école, le 15 avril à Gladsaxe (Danemark).
Des parents et leurs enfants font la queue pour entrer dans leur école, le 15 avril à Gladsaxe (Danemark). RITZAU SCANPIX / REUTERS

Quelques larmes et surtout beaucoup d’excitation, après un mois de semi-confinement. Mercredi 15 avril, les petits Danois ont fait leur rentrée, pour ceux dont les jardins d’enfants et les écoles ont eu le temps de se mettre aux normes imposées par la direction de la santé publique. Les autres devront encore patienter quelques jours.
La décision de commencer le déconfinement par les plus jeunes a été prise le 6 avril, par la première ministre, Mette Frederiksen, qui constatait alors que le royaume de 5,7 millions d’habitants avait « évité le pire » en réagissant rapidement face à l’épidémie de Covid-19 due au coronavirus. Au total, 6 700 personnes ont été contaminées et 309 sont décédées. Depuis le 1er avril, le nombre de patients en réanimation ne cesse de baisser.

Les équipes pédagogiques ont eu huit jours pour préparer la reprise. Mercredi, dans le quartier populaire de Norrebro, à Copenhague, l’école Park Skole, qui compte 240 élèves en primaire, a rouvert ses portes. Dès 7 h 45, les enseignants et le directeur, Henrik Wilhelmsen, attendaient les enfants sur le trottoir, un drapeau danois à la main. Pour éviter l’encombrement dans les couloirs, la rentrée a été étalée sur deux jours.

Désinfecter les tables

« Nous voulions nous assurer que la nouvelle organisation fonctionnait avant de faire venir tout le monde », explique Henrik Wilhelmsen. Car, depuis le 6 avril, il a fallu tout remettre à plat. A commencer par l’accueil des élèves, seuls autorisés, avec leurs enseignants, à entrer dans les locaux. Les parents, eux, sont priés de rester dehors.
A l’intérieur, il a fallu pousser les murs. Chaque classe a été divisée par deux ou trois, pour permettre de respecter la distance imposée de deux mètres entre les bureaux. Heureusement, les collégiens sont toujours confinés : « Nous avons pu utiliser leurs classes, mais nous aurons un problème quand ils reviendront le 10 mai, si les règles restent les mêmes », constate le directeur.
Selon le nouveau règlement, les élèves doivent se laver les mains en arrivant, puis avant et après chaque nouvelle activité, au moins une fois toutes les deux heures. Les enseignants sont priés de désinfecter régulièrement les poignées de porte et les interrupteurs, ainsi que les tables, les tablettes, les souris et les claviers d’ordinateur. Les toilettes doivent être nettoyées plusieurs fois par jour. Chacun vient avec son repas. L’enseignement se fera autant que possible à l’extérieur.
Cela suffira-t-il à réduire les risques de contamination ? Henrik Wilhelmsen avoue qu’il n’en sait rien : « Le ministère de l’éducation nous a assuré que le plan avait été élaboré en partant du principe que les enfants restent des enfants », dit-il.
Olivier Pramming, enseignant en classe préparatoire, craint qu’il soit « compliqué d’appliquer toutes les nouvelles règles ». Mais Rasmus Nielsen, papa d’une fillette de 7 ans, n’est pas inquiet : « Même s’il y a des risques de contamination, les enfants n’ont pas l’air d’être très malades et il faut bien commencer le déconfinement quelque part. »

« De la folie »

Pour autant, il ne s’agit pas d’un retour à la normale, explique le directeur : « Nous allons faire en sorte d’accueillir du mieux possible les enfants, ce qui permettra aux parents de travailler, mais nous n’allons pas être en mesure de fournir un enseignement normal. » Le ministère de l’éducation a d’ailleurs suspendu les programmes jusqu’à l’automne.
Si la plupart des communes danoises devraient être en mesure de rouvrir l’ensemble des crèches et des écoles dans les prochains jours, la mairie de Copenhague a reconnu, mercredi, qu’elle ne pouvait accueillir qu’un élève sur deux, faute de place. L’adjoint à l’éducation, Jesper Christensen, a donc enjoint aux parents qui le pouvaient de garder leurs enfants à la maison, le temps de trouver une solution.
Certains ont d’ores et déjà annoncé que leurs enfants ne remettraient pas les pieds à l’école avant les vacances scolaires, fin juin. Sur Facebook, le groupe « Mon enfant ne servira pas de cobaye au Covid-19 » compte 40 000 membres. Pour sa fondatrice, Sandra Andersen, commencer le déconfinement par les plus petits est « de la folie ».
Vice-présidente du Syndicat des enseignants, Dorte Lange regrette, pour sa part, la communication maladroite du gouvernement. « Les profs ne sont pas contre la réouverture des écoles. Mais nous allons nous retrouver en première ligne face à l’épidémie. Nous devons pouvoir faire confiance aux autorités sanitaires. »
Un exemple : le ministère de l’éducation a d’abord annoncé que les enfants dont les parents étaient atteints du Covid-19 pourraient aller en classe, avant finalement de faire machine arrière. Les enseignants appartenant à un groupe à risque ne sont pas obligés de revenir travailler. Même chose pour les élèves disposant d’un certificat médical, qui se verront offrir un enseignement à distance. Une dizaine est concernée à l’école de Norrebro.
La prochaine phase du déconfinement était initialement prévue le 10 mai. Sous la pression de l’opposition, Mette Frederiksen a fait savoir qu’elle pourrait être avancée, en fonction de l’évolution de l’épidémie.
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