samedi 8 février 2020

Hôpital public: le cri de colère d'un centre psychiatrique

Face à la situation de péril que subissent les établissements hospitaliers, le collectif pour le soin au Centre Montfavet s’inscrit pleinement dans le mouvement national visant à sauver l'hôpital public. Il dénonce cette crise sans précédent : «Les dysfonctionnements constatés ne sont pas accidentels mais le résultat d'un système délétère de gestion qui privilégie l’aspect comptable et financier au détriment du soin.»
Une situation de péril imminent sévit dans les établissements hospitaliers, liée à l'organisation du système de santé en général et celui de la santé mentale en particulier. Les décisions politiques nationales et leurs déclinaisons locales et régionales provoquent partout une pénurie de moyens, sous prétexte d'objectifs budgétaires et managériaux, et ce en dépit des rapports alarmants venus du terrain et des incidents dramatiques qui font l'actualité. Les premiers impactés sont les patients et leurs proches.
On ne dira jamais assez la souffrance d’une famille qui voit l’un des siens s’enfoncer dans la maladie mentale sans trouver l’aide professionnelle  nécessaire. La crise sociale actuelle décuple les difficultés d’une grande partie de la population de notre pays et les malades psychiques, exclus parmi les exclus, sont touchés de plein fouet. La crise des divers dispositifs d’aide sociale se conjugue aux réorganisations imposées par la baisse drastique des moyens des hôpitaux et conduit à une situation dramatique.
C’est face à cette situation que s’est constitué un collectif pour le soin au centre hospitalier de Montfavet. En tant que soignants, nous constatons chaque jour le malaise du service public de santé mentale et la dégradation de la qualité et de la pertinence des soins prodigués. Il y a quelques années encore, lorsque la psychiatrie de secteur avait les moyens de fonctionner, la plupart d’entre nous  auraient été soulagés et fiers de pouvoir proposer une prise en charge dans nos propres services à un proche. Aujourd’hui, la fierté a laissé place à la honte, celle des modalités indignes d’accueil et de prise en charge des patients : hospitalisation en sureffectif avec des malades qui se retrouvent à devoir dormir sur des matelas à même le sol, promiscuité de pathologies incompatibles qui met en danger les patients les plus vulnérables, unités de soins sans médecin pendant plusieurs jours consécutifs du fait de la pénurie médicale, sorties précipitées pour « faire de la place », délais de consultation en ambulatoire totalement inadaptés à la demande et aux besoins, crises de violence de certains patients induites simplement par le manque de disponibilité des soignants. Cela se passe bien à Montfavet, en France, en 2020. C’est insupportable.

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