mardi 10 décembre 2019

Événements indésirables graves : la HAS répertorie les risques... mais regrette le trop peu de déclarations

PAR 
ANNE BAYLE-INIGUEZ -  
PUBLIÉ LE 10/12/2019

Crédit photo : S. Toubon
La Haute Autorité de santé (HAS) a rendu public son deuxième rapport annuel sur les événements indésirables graves associés aux soins (EIGS). L'instance a analysé 820 déclarations pour 2018 (sur 3 536 initiées au total auprès des ARS, mais incomplètes), un chiffre jugé encore « trop timide » lié à une « sous-déclaration » de ces EIGS et à la qualité inégale de ces déclarations. 
Les déclarations proviennent pour l'essentiel des établissements de santé (82 %, dont 492 déclarations à l'hôpital public et 115 en clinique), du secteur médico-social (14 %, dont 12 % en EHPAD) et, plus marginalement, de la ville (4 %).

Le dispositif étant centré sur la compréhension des événements les plus graves, la moitié des déclarations ont comme conséquence le décès du patient, un tiers (33 %) la mise en jeu du pronostic vital et 17 %, un probable déficit fonctionnel permanent.

Spécialité par spécialité, la médecine, la psychiatrie et la chirurgie sont les trois domaines où la HAS a relevé le plus d'événements indésirables. Les premiers risques identifiés sont le suicide de patients, les chutes, les erreurs médicamenteuses, les défauts de prise en charge (retard, manque de surveillance), les problèmes liés à des contentions physiques passives mal maîtrisées, les gestes traumatiques et les interventions des SAMU/SMUR.

L'analyse des experts de la HAS montre que les « périodes vulnérables » (nuit, week-end, jour férié) « sont fréquemment celles où survient un EIGS (39 % des déclarations) ».
La HAS relève que « plus de la moitié (55 %) des EIGS sont jugés évitables » ou « probablement évitables » (par les déclarants), dans un contexte où la situation clinique du patient, avant la survenue de l’événement, est considérée « complexe » dans 62 % des cas. Dans 99 % des cas, un EIGS n'inclut pas une prise en charge innovante (chirurgie robotique, by-pass, etc.), qui fait parfois craindre l'apparition de nouveaux risques pour le patient. 
99 % des EIG concernent un seul patient. La HAS note quelques cas particuliers : mère et fœtus touchés, inversion de traitement de onze patients dans un EHPAD, etc. Un tiers des déclarations d’EIGS concerne des patients de plus de 70 ans.
Défaut de communication, cause de défaillance
La HAS énumère une série de facteurs pouvant expliquer un EIGS : le patient lui-même (antécédents, état de santé et traitement), les tâches à accomplir (protocoles absents, inadaptés ou non utilisés), le professionnel de santé lui-même (qualification, compétence, stress) ou l'équipe de soins (défaillance dans l'information ou la coordination).
« On peut noter que la communication entre professionnels est la première cause de défaillance de l’équipe, indique le rapport. Des résultats similaires sont retrouvés dans la base de retour d’expérience des événements déclarés dans le cadre de l’accréditation des médecins. » Concernant les facteurs environnementaux, la Haute autorité estime que la charge et le temps de travail, les fournitures et équipements et les locaux « prédominent ». 

Facteurs des 820 déclarations d'EIGS, choix multiples

Depuis 2017, la déclaration par les professionnels de santé de ces événements indésirables graves liés aux soins est obligatoire auprès des agences régionales de santé (ARS). Mais « les professionnels et acteurs institutionnels peuvent s'impliquer davantage », encourage la HAS qui souhaiterait des déclarations « plus systématiques ». 
Pour dynamiser les résultats, la HAS propose d’en améliorer le traitement informatique, de renforcer l’information sur ce dispositif et la « culture déclarative » auprès d'un maximum d'acteurs. Enfin, il conviendrait de développer un guide pédagogique sur l'analyse approfondie des EIGS et de réaliser un audit du dispositif. 

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