jeudi 21 novembre 2019

Troubles de l’audition : des avancées scientifiques majeures face à un défi de santé publique




Paris, le samedi 23 novembre 2019 – Trop souvent méconnue, la prise en charge des troubles de l’audition est un enjeu de santé publique majeure face d’une part au vieillissement de la population et d’autre part à l’augmentation de l’exposition au bruit dans nos sociétés contemporaines. Face à ce défi, les progrès de la recherche fondamentale et appliquée ont été ces dernières années spectaculaires. Nous revenons avec le professeur Christine Petit (Institut Pasteur), présidente de l’Institut de l’audition tout à la fois sur cet enjeu de santé publique que sur les avancées scientifiques récentes qui ouvrent la voie à des traitements prometteurs.
JIM.fr : Pouvez-vous nous rappeler l’enjeu de santé publique que représentent les atteintes de l’audition ?
Professeur Christine Petit (Institut Pasteur) – Il faut qu’il y ait une prise de conscience de l’ampleur de ce problème médical et social. Les atteintes de l’audition touchent tous les âges. Chez l’enfant, ce sont surtout des atteintes héréditaires, rares, mais qui conduisent souvent à des surdités profondes. Spontanément, l’enfant n’acquiert pas le langage. On a ensuite des problèmes chez les jeunes avec l’utilisation insuffisamment contrôlée des baladeurs qui fait que ces jeunes sont soumis, dans le cadre récréatif en particulier, à des énergies sonores beaucoup trop élevées. Sur ce point, l’Organisation mondiale de la Santé tire la sonnette d’alarme en signalant qu’il y a sur cette planète plus d’un milliard de jeunes qui sont exposés au risque de perte de l’audition, qui deviendra invalidante, en raison de la surexposition sonore. Il y a un véritable problème d’une manière générale, car il y a une pollution sonore considérable dans les mégapoles. Or, on estime que d’ici 2030, 85 % de la population mondiale vivra en ville et pour beaucoup, surtout dans les pays en voie de développement, dans des villes surpeuplées dans lesquelles le niveau sonore n’est pas contrôlé.
S’ajoute à ces points majeurs, la presbyacousie, la perte auditive liée à l’âge, qui touche un tiers de la population au-delà de soixante ans. Elle débute généralement après 50 ans, avec deux phénomènes prégnants : l’existence de troubles de la communication (classiques avec les troubles de l’audition), mais surtout une perte des fonctions cognitives qui est accélérée. On n’en comprend pas tout à fait la raison mais il est clair que devenir malentendant porte atteinte aux fonctions cognitives, accélère véritablement le vieillissement cognitif. C’est un problème majeur.

Le bruit : ennemi public numéro 1

Il y a donc un gros effort à faire qui s’impose. Le principal agresseur du système auditif c’est le bruit ; le bruit soutenu, l’énergie (soit le niveau multiplié par le temps) sonore élevée.

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