jeudi 17 octobre 2019



SUISSE

Brèves de psys | Le blog


Je vais à la salle d’attente pour accueillir une nouvelle cliente. J’aperçois une femme d’une trentaine d’années, assez mince, habillée avec une robe serrée et un décolleté plongeant, de grands yeux un peu tristes. Elle me regarde avec un air de petite fille innocente, mon côté sauveur se réveille et je me dis qu’elle doit être habituée à séduire les hommes prêts à la sauver contre un peu d’affection.
Moi :
Bonjour, je suis Thomas, je crois que nous avons rdv ensemble
Carmen (se lève gracieusement, me fixe intensément dans les yeux et sourit) :
Ah Thomas, je suis si contente que vous soyez là. Ça fait des années que j’attendais ce moment
Moi (je souris, un peu embarrassé par la profusion de signaux ; je me dis qu’avec cette entrée en matière on a déjà de quoi travailler quelques séances)

Carmen me dit avoir une phobie d’ouvrir son courrier, que sa boîte aux lettres déborde, qu’elle aimerait absolument vaincre sa peur pour pouvoir gérer son administratif en retard, que c’est une urgence et qu’elle ne peut plus continuer ainsi, qu’elle ne comprend pas comment elle a pu attendre aussi longtemps avant de consulter et qu’elle est si heureuse d’être tombée sur moi. Elle me dit ne jamais avoir eu recours à une aide administrative. Puis elle parle pendant assez longtemps de complètement autre chose, semblant se perdre dans des détails apparemment insignifiants, ou du moins pas en lien avec sa demande. Je la laisse dériver un long moment parce que le vagabondage, surtout durant les premières séances de psychothérapie, permet d’affiner l’objectif et d’effectuer un accordage relationnel. Sans compter le travail d’intégration que fait le thérapeute avec tous les signaux non-verbaux qu’il reçoit.

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