vendredi 13 septembre 2019

Téléconsulation médicale : un démarrage timide, des espoirs entiers

Par Nathalie Raulin — 

Même remboursée depuis un an par la Sécurité sociale, la téléconsultation de son médecin est encore loin d'être une pratique courante. Après un démarrage timide, le recours à cette technologie en ligne progresse.


La e-santé peine à pénétrer les chaumières. A l’évidence, consulter son médecin traitant ou son spécialiste à distance via un ordinateur ou un smartphone est encore loin d’être entré dans les mœurs. Un an jour pour jour après le début de leur remboursement par la Sécu, seuls 60 000 actes de téléconsultations ont été comptabilisés par la Caisse nationale d’assurance maladie (Cnam). Un chiffre très en deçà des prévisions initiales du gouvernement : dans son budget 2018, l’exécutif tablait sur pas moins de 500 000 actes de ce type en 2019, 1 million en 2020… Une déception d’autant plus forte que le développement de la télémédecine conditionne pour partie la réussite du plan de lutte contre les déserts médicaux.

En haut lieu, l’optimisme est cependant de rigueur. «Ce qui compte, c’est le rythme auquel les choses progressent», fait valoir le directeur général de la Cnam, Nicolas Revel. «On observe une très nette accélération des téléconsultations au deuxième semestre. Aujourd’hui, on en comptabilise plus de 3 000 par semaine. La télémédecine est en train de se développer, les médecins se l’approprient progressivement et les patients aussi.»

«Outil informatique arriéré»

Au siège de Doctolib, le constat est partagé. «La téléconsultation progresse de manière exponentielle», confirme Stanilas Niox-Chateau, fondateur de la plateforme de prise de rendez-vous médicaux en ligne en plein essor. Depuis l’entrée en service de notre service de télémédecine au 1er janvier, nous avons totalisé 40 000 téléconsultations remboursées par la Sécu. Au rythme de croissance actuelle, nous devrions en avoir réalisé 13 000 sur le seul mois de septembre, soit deux fois plus que sur le deuxième trimestre et dépasser les 150 000 avant la fin de l’année.» Un chiffre encourageant quoique anecdotique au regard des 150 millions prises de rendez-vous via Doctolib depuis le début de l’année…
S’ils ne sont que 1 500 sur les 100 000 praticiens abonnés au site à pratiquer d’ores et déjà la téléconsultation, la résistance au changement ne vient pas d’abord des médecins. «Ils sont 400 à 500 de plus chaque mois à nous réclamer l’accès à ce service», précise Niox-Chateau. Pour les médecins, la téléconsultation est un outil pratique et économe en temps quand il s’agit de commenter des résultats d’analyse, ou d’assurer le suivi des patients. «Ce qui bloque, c’est l’outil informatique arriéré dont on dispose, sourit une médecin généraliste récemment convertie à la technique. On est encore souvent contraint d’être au cabinet médical pour téléconsulter. Quand les dossiers médicaux seront en ligne, que l’on pourra téléconsulter de n’importe où, on gagnera beaucoup en confort comme en souplesse de travail.» Demeure l’essentiel : convaincre les Français que consulter par écran interposé, parfois, suffit.

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