mercredi 18 septembre 2019

Davantage de psychoses en ville : la pollution en cause ?

Publié le 13/09/2019



JAMA Psychiatry rouvre le débat sur l’association épidémiologique entre un mode d’habitat urbain et la psychose. Cette question est posée depuis plusieurs décennies, au moins depuis une étude de Faris & Dunham documentant (dès 1939) une multiplication par 2 du risque de troubles psychotiques dans la population du centre de Chicago, comparativement aux alentours de la ville. Et comme 70 % de la population mondiale vivra dans un cadre urbain vers 2050, il est donc important de préciser les raisons de cette majoration du risque de psychose en ville, pour tenter de le limiter en développant des interventions préventives.

Si l’une des causes possibles de ce phénomène est la plus forte disponibilité urbaine de substances psychotropes (cannabis, opiacés...) dont on connaît la dangerosité psychiatrique, une autre explication plausible est évoquée dans l’exploitation d’une étude longitudinale de cohorte sur 2 232 enfants (issus de grossesses gémellaires et nés entre janvier 1994 et décembre 1995 en Angleterre et au Pays de Galles, Environmental Risk (E-RiskLongitudinal Twin Study)[1] : les auteurs évaluent une dimension environnementale (la pollution de l’air) susceptible de sous-tendre cette association, désormais classique, entre une résidence urbaine et un risque accru d’expériences psychotiques à l’adolescence. Les polluants incriminés sont notamment les oxydes d’azote et des nanoparticules (dont le diamètre est de l’ordre des picomètres[2]).

La plus forte exposition aux NOx expliquerait en partie la plus forte prévalence urbaine des psychoses

On constate que les expériences psychotiques (par exemple les hallucinations auditives) sont « plus fréquentes parmi les adolescents les plus fortement exposés à ces polluants aériens » (comme les oxydes d’azote NOx). Les auteurs estiment que cette pollution par les oxydes d’azote peut expliquer 60 % de l’association entre urbanicité et vulnérabilité psychotique à l’adolescence et n’ont pas trouvé la preuve du rôle de facteurs confondants, comme par exemple le statut socioéconomique de la famille, les antécédents psychiatriques familiaux, ou le tabagisme... Quel que soit le mécanisme précis par lequel ces polluants aériens altèrent le bon fonctionnement neuronal (phénomènes neuro-inflammatoires ? stress ?...), la leçon évidente de cette étude est une nouvelle confirmation de l’intérêt majeur à lutter contre la dégradation pernicieuse de notre environnement.


Dr Alain Cohen
RÉFÉRENCE
Newbury JB et coll.: Association of air pollution exposure with psychotic experiences during adolescence. JAMA Psychiatry, 2019; 76: 614–623. doi: 10.1001/jamapsychiatry.2019.0056.

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