mercredi 31 juillet 2019

La tolérance : son histoire et ses limites


Paru en 2016 en France, l’ouvrage de Denis Lacorne, aborde un sujet à la fois brûlant et clivant, celui de la tolérance et de ses limites, dans un contexte de vive polémique sur la burqa et le voile à l’école. Une spécificité bien hexagonale, souligne l’auteur. Et pourtant, trois ans plus tard, son livre est traduit aux Etats-Unis, où, comme dans la plupart pays anglo-saxons, ces deux attributs vestimentaires de l’islam ne semblent pas soulever autant de passions. Pour preuve, rappelle Denis Lacorne, la burqa n’est pas interdite dans l’espace public et le voile est autorisé à l’école.

La pratique de la tolérance n’est pas la même selon les siècles et les traditions. Et c’est certainement cette approche posée, historique et comparative du politologue français qui semble avoir surtout été appréciée outre-Atlantique. A travers de nombreux exemples, de l’Empire ottoman à la République de Venise – qui pratiquaient une tolérance religieuse bien avant l’heure – en passant par le siècle des Lumières aux événements d’aujourd’hui, le livre de pose des « questions cruciales » estime l’éditeur américain desLimits of tolerance (Columbia University Press). « Doit-on imposer des limites à la liberté d’expression au nom de la pudeur et la dignité ? Accepter les symboles religieux dans l’espace public ? Tolérer l’intolérance ? ». En passant en revue les événements récents (attaque contre Charlie Hebdo, attentats de Paris…), Lacorne déplore un certain « rétrécissement des territoires de la tolérance », essentiellement dû au retour en force des intégrismes religieux, notamment musulman. Mais il interroge aussi longuement la surréaction de la France où la « laïcité jacobine est devenue une sorte de religion de l’État ».

Les frontières de la tolérance, de Denis Lacorne, Gallimard, 2016.

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