mercredi 31 juillet 2019

Femmes entre elles, en prison, en souffrance : trois séries féminines et féministes

« La Matinale » vous propose une sélection de séries à (re)voir sur petit écran. Cette semaine, « Big Little Lies », « Orange Is the New Black » et « Workin’ Moms ».
Par   Publié le 29 juillet 2019
« Orange Is the New Black » saison 7.
« Orange Is the New Black » saison 7. NETFLIX
LA LISTE DE LA MATINALE

Cette semaine, cap sur le continent américain avec trois séries féminines et féministes. Big Little Lies accueille, dans sa saison 2, l’immense talent de Meryl Streep, Orange Is the New Black fait ses adieux avec une septième saison en demi-teinte et Workin’ Moms reprend du poil de la bête après une première saison trop lisse.

« Big Little Lies », une saison 2 autour de Meryl Streep

Depuis son prologue, on sait que Big Little Lies, la série créée par David E. Kelley d’après le roman (2014) de Liane Moriarty, réalisée (en saison 1) et produite par Jean-Marc Vallée, fait de sa fin son commencement : une scène de crime lors d’une soirée costumée de levée de fonds dans une école fréquentée par la société huppée de Monterrey, sur la côte californienne. Le récit va aller par cercles concentriques se rapprochant petit à petit de la nature, de l’objet et des circonstances de la disparition du mari (Alexander Skarsgard) de Celeste (Nicole Kidman).
En saison 2, tandis que l’étau de l’enquête resserre son joug, le récit circulaire continue, avec de nombreux flash-back, alors que la vie personnelle des cinq femmes suit son cours plus ou moins chaotique, entre secrets intimes, faillites financières et couples en déroute. Un tour d’écrou supplémentaire est apporté, qui, complétant la circularité du récit, opère une sorte de double révolution jugulante : Meryl Streep, mère du mari de Celeste, vient progressivement instiller un poison à dispersion lente mais certaine dans la vie de sa belle-fille et celle de ses amies.
Son personnage est nulle part et partout et susurre les pires vacheries avec un sourire torve et des yeux de biche myope (Meryl Streep y réalise l’une de ces métamorphoses physiques dont elle a le secret). Et finit, c’était prévisible, et peut-être voulu, par être le centre de tout et faire oublier tout ce qui l’entoure. Si cette saison 2 convainc moins que la première, on avouera n’avoir pas boudé son plaisir à la regarder semaine après semaine. Renaud Machart
Big Little Lies, saison 2, série créée par David E. Kelley. Avec Reese Witherspoon, Nicole Kidman, Shailene Woodley, Zoë Kravitz, Laura Dern, Meryl Streep (Etats-Unis, 2019, 7 × 52 mn). Les saisons 1 et 2 sont intégralement disponibles à la demande sur OCS.

« Orange Is the New Black » se fait la belle après 7 saisons

Disponible depuis juillet 2013 aux Etats-Unis, et quatorze mois plus tard en France, la série Orange Is the New Black, créée par Jenji Kohan (auteure de la décoiffante Weeds), a connu un succès qui s’est annoncé, puis vite confirmé, grâce à un très épicé parfum de scandale. On se souvient avec plaisir et intérêt des premières saisons sexualo-rocambolesques de cette série et des thèmes sociopolitiques abordés (notamment le système des prisons privées aux Etats-Unis).
Mais Orange Is the New Black a sûrement eu tort, en raison de son succès, de jouer trop longtemps les prolongations – comme Weeds d’ailleurs, qui a connu huit saisons. Depuis la saison 5, les personnages, hauts en couleur, commençaient d’ailleurs à faire du surplace et les situations à frôler le ridicule. La septième et dernière saison abuse de scènes intercalaires qui délayent trop le propos, de flash-back biographiques des personnages principaux qui n’apportent pas toujours grand-chose. Et l’on regrette la grande scène condescendante et moralisante que fait à Piper un être autrefois proche.
Quant à la conclusion aigre-douce un peu téléphonée, elle aura pour seule vertu de faire passer la pilule auprès des fans désolés de voir certaines de leurs héroïnes favorites disparaître, reproduire les mêmes erreurs ou sombrer dans la folie. Celles-ci leur font cependant un joli et émouvant salut au moment des crédits finaux. R. Ma.
« Orange Is the New Black », saison 7, série créée par Jenji Kohan. Avec Taylor Schilling, Laura Prepon, Uzo Aduba, Kate Mulgrew (Etats-Unis, 2019, 13 x 55-90 mn). Netflix, vidéo à la demande.

« Workin’ Moms » : mères au bord de la crise de nerfs

La « ménagère de moins de 50 ans » ayant plus ou moins disparu du discours des publicitaires, semble avoir été remplacée par la « femme au bord de la crise de nerfs », cumulant emploi exigeant, maternité peu épanouie, couple bancal et ami(e)s tyranniques. Workin’ Moms, dont la deuxième saison vient d’arriver sur la plate-forme de VOD, est le « bébé » de la Canadienne Catherine Reitman, fille et sœur des réalisateurs Ivan (SOS Fantômes) et Jason Reitman (Thank you for Smoking). Productrice et scénariste, elle interprète également le rôle principal, celui de Kate, professionnelle des relations publiques, mariée à un bellâtre et mère d’un petit garçon.
La série a pour nœud central un groupe de parole réservé aux jeunes mamans, dans lequel Kate retrouve chaque semaine son amie de jeunesse, Anne, ainsi que d’autres femmes toutes plus ou moins équilibrées. Après une première saison aussi lisse que les brushings des actrices principales, le propos de Workin’ Momss’est, dans sa deuxième saison, considérablement assombri. Placardisée pour avoir fui une présentation PowerPoint, préférant se rendre au chevet de son fils malade, Kate se retrouve à jongler entre deux jobs à mi-temps, une nounou vénéneuse, une meilleure amie perturbée par le retour de son ex-mari, et la mort soudaine de son père.
On peut regretter la durée des épisodes – une vingtaine de minutes – qui oblige le scénario à enchaîner les rebondissements (dont beaucoup sont superflus) et laisse quelques personnages intéressants sur le bord de la route. Le tout se regarde néanmoins avec plaisir, notamment grâce à un ton libre et cru, et à quelques scènes fort drôles. Audrey Fournier
Workin’ Moms, saison 2, série créée par Catherine Reitman. Avec Catherine Reitman, Dani Kind, Juno Rinaldi (Canada, 13 x 20 mn). Disponible à la demande sur Netflix.

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