Écrit par Amandine Meunier publié le le 12 mai 2019
Nous allons tous mourir. Et le rôle des médecins est de nous le rappeler. C’est en substance ce que Seamus O’Mahony écrivait dans son premier livre, paru en 2006, The Way We Die Now. Ce gastroentérologue irlandais expliquait que nous devions admettre l’inéluctabilité de la mort plutôt que nous cacher derrière une surmédicalisation sans fin. Dans son nouvel ouvrage, Can Medicine Be Cured ? The Corruption of a Profession, il poursuit dans cette voie. « J’écris sur ce contrat fallacieux entre le médecin et le patient qui a cours depuis des décennies. La base de cet accord est que nous pouvons tout diagnostiquer, presque tout soigner, que nous ne faisons jamais d’erreur et que la médecine n’est pas dangereuse. Tout cela est faux », assure-t-il dans le quotidien The Irish Independent.
Surmédicalisation
Qui nous a ainsi induit en erreur ? O’Mahony pointe du doigt « le complexe médico-industriel » qui englobe « non seulement le méchant habituel connu sous le nom de Big Pharma » mais aussi le généraliste de quartier, le fabricant d’équipements médicaux, les compagnies d’assurance et les académies de médecine. Tous sont responsables dans la surmédicalisation et la surprescription, mais aussi dans l’égarement de la recherche médicale dans des voies plus rentables financièrement que médicalement.
Il revient ainsi sur le cas des statines qui est, selon lui, un bel exemple de la manière dont le complexe médico-industriel fonctionne. Chez la majorité des patients à qui ces médicaments ont été prescrits pour réguler leur taux de cholestérol, ils n’auront pas d’effet. Mais ils ont reçu toutes les autorisations de mise sur le marché, ont été « légitimés » par des essais cliniques, et des médecins généralistes qui s’en tiennent à la lecture des analyses biologiques et au protocole et qui se trouvent face à un patient en quête de réponse et d’une ordonnance, les prescrivent.
La science et la médecine
O’Mahony relève un paradoxe au cœur de la médecine, souligne le Dr Muiris Houston dans The Irish Times : « son fondement intellectuel est scientifique mais pas sa pratique… La science éclaire la médecine et la médecine cherche les réponses dans la science, mais ce sont des activités différentes et même souvent opposées ».
Pour O’Mahony, les médecins doivent se rebeller et mettre de côté les protocoles pour exercer un vrai jugement clinique fondé sur leur expérience et leur intuition. C’est cette touche « d’humain » qui est au cœur de la médecine.
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