mardi 12 février 2019

Que « l’exercice collectif devienne la norme » : le plaidoyer d'Édouard Philippe en visite dans une maison de santé

Loan Tranthimy
| 11.02.2019




msp veron
Crédit Photo : AFP

Alors que le projet de loi santé sera présenté ce mercredi au conseil des ministres, le premier ministre Édouard Philippe, accompagné d'Agnès Buzyn, a visité ce lundi matin la maison de santé pluridisciplinaire (MSP) du Véron. Située à Avoine, près de Chinon (Indre-et-Loire), la structure regroupe une trentaine de professionnels de santé dont six médecins généralistes, tous maîtres de stage, et trois internes.
La visite a permis de mettre en lumière l'originalité du fonctionnement de cette maison ouverte en 2010, déjà incluse dans une communauté professionnelle territoriale de santé (CPTS) et particulièrement innovante sur la gestion des soins non programmés. À la fin de la rencontre, Édouard Philippe a d'ailleurs salué les « initiatives absolument remarquables » des professionnels de santé pour améliorer la prise en charge de tous les patients du bassin de vie de 10 000 habitants.

« Cette initiative ici, et d’autres initiatives partout en France, montrent le chemin. Et l’objectif du projet de loi, c’est de faire en sorte que ces initiatives puissent être dupliquées, multipliées sur le territoire, pour que l’exercice collectif de la médecine devienne la norme, même s'il ne s'agit pas de la rendre obligatoire », a-t-il déclaré. « C'est une très belle organisation telle que nous souhaitons le promouvoir dans l'avenir », a ajouté Agnès Buzyn, ministre de la Santé. 
En 2018, la France comptait 910 maisons de santé ouvertes et 300 en cours de création.
Des externes en guise d'assistants médicaux
Présent à la visite, le Dr Alain Giacomino, médecin généraliste cofondateur de la MSP, s'est montré satisfait de la venue du premier ministre, dont il a apprécié les mots d'encouragement. Car la construction de la MSP ne s'est pas faite en un jour, rappelle-t-il. Le projet a germé en 2005 mais n'a vu le jour que cinq ans plus tard. Les médecins ont ensuite dû faire face à une hausse importante du nombre de patients en quelques années : de 800 à 1 500 patients par médecin.
Pour pouvoir accepter tout le monde, la structure s'est donc réorganisée petit à petit pour assurer non seulement la prise en charge des patients pour des consultations programmées mais aussi pour les soins non programmés. Une unité dédiée a ouvert ses portes en 2018. Le besoin était là. « Sur les 150 patients qui consultent chaque jour, une cinquantaine d'entre eux relève des soins non programmés. », avoue le médecin généraliste.
Pour dégager le temps médical, la MSP charge aussi depuis 2014 les externes de réaliser des actes comme la prise de tension, l'interrogatoire, le dépistage de la BPCO, la vaccination, l'électrocardiogramme… « Les externes sont supervisés par les maîtres de stage. C'est une solution que nous avons trouvée en attendant la concrétisation des assistants médicaux », explique le Dr Giacomino.

Face au premier ministre qui a confirmé la création d’ici 2022 de 4 000 postes d’assistants médicaux, le médecin généraliste a voulu faire passer un message. « Les assistants médicaux sont indispensables pour permettre aux médecins de se recentrer sur leur cœur de métier mais ils ne doivent pas être seulement réservés aux zones fragiles. Il faut aussi de la souplesse dans les profils de ces assistants », dit-il. C'est l'un des enjeux des négociations entre les médecins libéraux et l'assurance-maladie (CNAM), tendues depuis que la CNAM a présenté une vision du futur assistant médical calqué sur un modèle productiviste selon les syndicats professionnels. 

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