dimanche 20 janvier 2019

L’inconscient et le cerveau : rien en commun par Yves Vanderveken

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Les 13-14 juillet prochains, nous nous réunirons à Bruxelles pour PIPOL 9, V e Congrès européen de psychanalyse organisé par l’EuroFédération de Psychanalyse (EFP) sous le titre : « L’inconscient et le cerveau : rien en commun ». Yves Vanderveken, directeur du congrès, a donné à El Psicoanálisis* une interview. Lacan Quotidien en publie la traduction. 

El Psicoanálisis — Pourriez-vous expliquer brièvement la force de cette affirmation « rien en commun » lorsque d’autres courants de la psychanalyse semblent miser sur une confluence ? 

Y. Vanderveken — Si nous nous fions à l’expérience même de cette pratique à nulle autre pareille qu’est la psychanalyse, cette thèse « L’inconscient et le cerveau, rien en commun » est d’évidence. Nous n’avons pas le choix si nous voulons préserver le soc tranchant de sa vérité – pour reprendre une expression de Jacques Lacan dans sa profonde et continue relecture freudienne. Toute autre voie conduira à sa disparition ou au ravalement, maintes fois prévenu et combattu par Lacan, de la psychanalyse au rang d’un psychologisme, aujourd’hui revigoré par les cautions dites scientifiques, par les habits scientistes, dont il se pare. 
    Nier avec passion la subversion de la découverte freudienne n’est pas l’apanage de ceux qui choisissent de l’ignorer. Ce penchant habite aussi ceux qui peuvent s’en réclamer. Ce n’est pas nouveau – là aussi, Lacan l’a régulièrement démontré. Il prend aujourd’hui des atours nouveaux avec le développement des progrès techniques de l’imagerie médicale, particulièrement cérébrale, mais c’est la poursuite, avec une puissance renouvelée par ce support, de la déviation postfreudienne de l’ego psychology, que Lacan a rectifiée par son enseignement. Il suffit d’écouter ou de lire ceux qui prônent un rapprochement entre la psychanalyse et les neurosciences, ou qui pensent voir se confirmer l’hypothèse de l’inconscient par et dans l’activité cérébrale, pour saisir immédiatement qu’ils ont une conception de l’inconscient qui le réduit au non-conscient : ce n’est pas la conception de Freud, pas celle de Lacan, absolument pas. 
     Le mot même d’inconscient prête le flanc à cette confusion, Lacan a pu le regretter.


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