samedi 19 janvier 2019

Costumes et parures, les corps comme support dans l'Art Brut

SUISSE Lausanne
le 17 janvier 2019

Eijiro Miyama, Yokohama (Japon).
Parures, costumes et vêtements de cérémonie - Parader dans la rue Droit au Brut / 56 min. / le 03 janvier 2019

Des créateurs d'Art Brut comme Eijiro Miyama, Helga Goetze ou encore Vahan Poladian, utilisent leur corps comme support d'expression. Ils revêtent des parures extravagantes qu'ils ont créées et se livrent à des parades ubuesques dans la rue. Décryptage.

Eijiro Miyama
Vêtu de plusieurs robes superposées et arborant une fière poitrine (des faux seins), Eijiro Miyama est paré de son attribut majeur: l'un de ses hauts couvre-chefs, confectionnés par ses soins à partir d'objets récupérés – fleurs artificielles, jouets de pacotille et autres bibelots dénichés dans divers marchés aux puces ou au rebut.

Myiama a travaillé la plus grande partie de son existence comme manœuvre journalier, émigrant de ville en ville dans tout le Japon. Aujourd'hui retraité, il loue une chambre minuscule dans un foyer vétuste pour indigents, situé à Yokohama, près de Tokyo. Chaque samedi, il enfourche sa bicyclette ainsi costumé, gagne le quartier chinois, animé et touristique, et sillonne les rues, sourire aux lèvres, faisant fi des moqueries.

Le dénuement et la précarité de sa vie, un sentiment d'oppression et la conscience de la fin qui approche l'ont incité à passer à l'acte. Conscient de transgresser les normes, mais indifférent au qu'en dira-t-on, il répond à un besoin intérieur aussi intense, selon ses termes, qu'une énergie sismique. Ses aventures publiques extravagantes ont ainsi une double fonction, exutoire et provocatrice.

Helga Goetze
A quelques milliers de kilomètres de Yokohama, à Berlin, Helga Goetze elle aussi portait de singulières parures – grand manteau et couvre-chef – réalisées avec attention. Ainsi vêtue, elle se rendait chaque jour, été comme hiver, pendant vingt ans, sur le parvis de la Gedächtniskirche au cœur de Berlin ou près de l’université, proclamant haut et fort: "Ficken ist Frieden" ("baiser, c'est la paix").

Un vêtement de Helga Goetze.

Mariée très jeune avec un banquier, elle avait élevé sept enfants. A 52 ans, elle décida de s'intéresser à sa sexualité, quitta sa famille, multiplia les expériences et se mit à créer de surprenantes broderies. 


Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire