samedi 8 décembre 2018

La féminisation des mots : portée d'une querelle

CONCORDANCE DES TEMPS par Jean-Noël Jeanneney
01/12/2018
58 MIN

On ne sait pas toujours que dans un passé lointain, la langue française s'était montrée, avant qu'on ne la corsète, d'une remarquable souplesse. Le linguiste Bernard Cerquiglini nous raconte comme la langue révèle ainsi l’état des sociétés, et en l'occurrence du statut de la femme...
Germaine Poinso-Chapuis, ministre de la Santé publique, en novembre 1947. Elle est la première femme ministre de plein exercice dans l'histoire de la République.
Germaine Poinso-Chapuis, ministre de la Santé publique, en novembre 1947. Elle est la première femme ministre de plein exercice dans l'histoire de la République. Crédits : Getty
Le titre du livre que j'ai sous les yeux s'impose joyeusement à l'attention : Le ministre est enceinte. Joyeusement, oui, mais au service d'une question qui est fort sérieuse. Il s'agit de la féminisation des mots qui désignent les fonctions officielles et les métiers exercés. 
Je me devais d'inviter l'auteur, Bernard Cerquiglini, linguiste averti et toujours attentif à l'épaisseur historique du français comme à ses variantes géographiques. Professeur à l'Université Paris VII, il a été longtemps recteur de l'Agence universitaire de la francophonie. 
Dans l'ouvrage dont je parle et qui vient de paraître, il nous raconte selon quels tours et détours la France a connu, depuis une trentaine d'années, au fil de querelles passionnées, une évolution destinée à laisser stupéfaits, et souvent révulsés, les tenants du conservatisme dans ce domaine. Un conservatisme qu'on ne peut pas d'ailleurs, en l'occurrence, dire réactionnaire. 

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