dimanche 9 décembre 2018

A Seix, un EHPAD «au plus près du réel»

08/12/2018 

Chaque résident peut avoir une tâche comme s'occuper du potager ou lire tranquillement le journal. / DDM, C.P.
Chaque résident peut avoir une tâche comme s'occuper du potager ou lire tranquillement le journal. / DDM, C.P.

L'entrée en établissement d'hébergement pour personnes âgées dépendantes (EHPAD) se fait de plus en plus tard. Il faut dire que le séjour a un coût non négligeable. Retrouvez les tarifs des EHPAD de l'Ariège et notre reportage à Seix où les coûts sont «au plus près du réel».

«Le matin, chacun a sa tâche : il y a ceux qui s'occupent du potager, ceux qui sortent le chien ou donnent à manger aux poules et aux lapins et ceux qui aident à la cuisine». À Seix, dans le petit EHPAD territorial, qu'elle dirige, Hélène Vick-Denat défend une vision «familiale» de la maison de retraite.


Un mode de vie qui coûte entre 1 950 et 2 030 € par mois pour les résidents. «Nous sommes au plus près du réel : on ne fait aucun bénéfice», explique la directrice. «La plus grosse partie du budget part dans les salaires. Réduire les prix imposerait de réduire le personnel et entraînerait donc une maltraitance des résidents». L'EHPAD compte 49 salariés qui travaillent, pour la plupart, à temps partiel. Outre le psychologue, le médecin, l'infirmière, les aides-soignants et les animatrices, il faut aussi compter les cuisiniers et l'hôtelier. L'établissement s'est fait un devoir de ne rien externaliser : ni la cuisine, ni le ménage. «Cela permet de faire vivre le territoire, nous sommes un des plus gros employeurs du Haut Couserans. Et puis, les gens qui viennent ici choisissent aussi la qualité du service. Par exemple, garder la cuisine nous permet de manger local et bio», explique la jeune femme.
Même si son EPHAD est loin d'être l'un des plus chers d'Ariège, elle a tout de même conscience que la plupart des résidents, des anciens agriculteurs, couturières, infirmiers ou cantonniers, n'ont pas une retraite suffisante pour payer 2 000 € chaque mois. Pourtant, sur les 45 résidents, seulement six demandent les aides sociales. «Leurs enfants préfèrent compléter plutôt que de devoir rembourser après».
C'est le cas d'Anny dont la mère réside à l'EHPAD de Seix depuis un an. À 95 ans, la retraite de son mari décédé ne lui permet de payer que 1 000 € par mois. Alors, c'est sa fille, elle-même à la retraite, qui pioche dans son compte épargne pour rajouter les 1 000 € manquants tous les mois. «C'est dommage qu'il n'existe pas d'organismes pour les petits revenus», déplore celle qui ne regrette néanmoins pas son choix. «Il faut bien que les salariés vivent. Et l'EHPAD est propre, le personnel gentil et les résidents bien pris en main».
Il est 16 heures et bon nombre de résidents sont dans la salle commune qu'ils ont eux-mêmes aidé à décorer en vue de Noël. Jean-Pierre Dégeil a préféré allé faire sa sieste dans sa chambre. Comme toutes les autres, elle est entièrement médicalisée. À 90 ans, il est un des rares résidents à régler lui-même ses factures. «Je paie grâce à mon compte épargne mais je n'ai plus grand-chose !», s'exclame-t-il. Et de questionner, inquiet : «Que se passera-t-il quand je n'aurai plus rien ?». «Il y a des aides», le rassure la directrice. «Nous n'avons jamais abandonné qui que ce soit».

Le chiffre : 61

euros > Tarif. Le Centre Hospitalier Ariège Couserans à Saint-Girons propose les tarifs les moins élevés du département avec un reste à charge minimum de 61,21 € par jour pour un résident.

Interview

«Le statut de l'établissement influe sur le prix»

Le tarif est-il le premier critère dans le choix d'un EHPAD ?
Je pense que le premier critère reste la proximité avec le logement de l'aidant ou des aidants. Le prix intervient aussi puisqu'on nous rapporte des cas de retour au domicile suite à des difficultés financières. Et puis lorsqu'on se trouve en très grande perte d'autonomie, on va là où on est accepté. Il faut quand même rappeler qu'en termes de fin de vie, le domicile reste le premier souhait et qu'on ne pourra pas construire des EHPAD partout. Il faut donc faire des efforts dans la prise en charge à domicile même pour la très grande dépendance.
Pourquoi existe-t-il autant de différences de prix ?
Incontestablement, le statut de l'établissement influe sur le prix, tout comme le foncier et la solvabilité de la population dans certaines zones. Les tarifs restent élevés et ils grimpent aussi avec la lourdeur des personnes prises en charge : on rentre de plus en plus tard en EHPAD et de plus en plus dépendant. Il faut donc réfléchir à un principe de solidarité nationale mais la pression fiscale est telle que la mesure devra être pédagogue. Pour l'instant, en Occitanie avec une moyenne de 1 880 € de reste à charge par mois pour les personnes les plus dépendantes (GIR 1 et 2) nous sommes un peu mieux lotis qu'au niveau national (2 000 € en moyenne) mais attention on tourne autour de 2 118 € en Haute-Garonne contre 1 654 € en Aveyron.
Quels conseils donneriez-vous pour bien choisir un EHPAD ?
D'abord regarder l'offre existant à proximité afin de ne pas isoler la personne du lien social qu'elle peut avoir avec sa famille et ses proches. Ensuite, ne pas hésiter à aller voir et à se renseigner, le bouche-à-oreille fait souvent la réputation de l'établissement. L'accompagnement humain est également très important, bien plus que le joli carrelage ou la chambre fraîchement repeinte, mais c'est très difficile à évaluer. La climatisation, n'est plus vraiment un critère puisque depuis 2003 la loi oblige les établissements à avoir au moins une pièce commune climatisée. Nous conseillons également aux familles de regarder si l'entretien du linge du résident est compris, d'avoir la possibilité de personnaliser la chambre pour garder un lien avec son chez-soi.

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